Le président américain a signé mardi 8 mai un décret qui rétablit les sanctions suspendues depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015. Donald Trump se targue d’assurer ainsi la sécurité de l’Amérique, et d’honorer une importante promesse électorale.
« Toutes les sanctions seront rétablies », a annoncé le président américain en ajoutant : « Tout pays qui aidera l’Iran dans sa quête d’armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les Etats-Unis. » Dans les heures qui ont suivi la déclaration présidentielle, le département du Trésor a précisé que les entreprises qui avaient des contrats en cours avec l’Iran disposeraient de 90 à 180 jours pour s’en dégager.
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C’est donc l’option la plus sévère qu’a choisie Donald Trump pour se débarrasser d’un accord qu’il a toujours qualifié de « désastreux, ridicule, déplorable ». Le secrétaire d’Etat américain pendant son audition de confirmation au Sénat, les services de renseignement américains, le secrétaire à la Défense l’ont pourtant tous confirmé : l’Iran se conforme aux exigences de l’accord. Mais lors de son intervention télévisée, l’hôte de la Maison Blanche a une nouvelle fois vilipendé le dispositif de vérification des activités nucléaires iraniennes prévu par le texte : « ces clauses sont totalement inacceptables » a-t-il dénoncé avant d’affirmer : « Avec la structure fragilisée et pourrie de l’accord actuel, on ne peut empêcher l’Iran de se doter d’une bombe nucléaire. »
Le président américain, qui se présente comme un négociateur hors pair, estime qu’il aurait été « facile d’obtenir un meilleur accord » et qu’il est possible de relancer les discussions. « Nous allons travailler avec nos alliés pour trouver une solution réelle, globale, et durable à la menace nucléaire iranienne » a-t-il promis. Outre le nucléaire, Donald Trump voudrait mettre sur la table l’interdiction du programme de missiles balistiques de l’Iran et la lutte contre son influence régionale. Mais il menace en même temps Téhéran : « Si le régime continue sa quête du nucléaire, il aura les plus gros problèmes jamais rencontrés », a martelé le président américain.
Un entourage bien silencieux
Le retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien n’a rien d’une surprise. Donald Trump a toujours voué ce texte aux gémonies, s’est engagé pendant la campagne à le dénoncer, et s’honore de tenir ses promesses électorales. Pour Donald Trump comme pour la droite conservatrice, l’Iran représente une menace permanente et essentielle contre l’Amérique.
A deux reprises déjà depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président américain avait été tenté d’annoncer la réinstauration des sanctions contre Téhéran, mais la pression de son entourage l’en avait empêché. L’arrivée à ses côtés de John Bolton, qui plaidait encore récemment pour un changement de régime en Iran, comme conseiller à la sécurité nationale, et de Mike Pompeo, un faucon nommé à la tête du département américain, a changé la donne.
James Mattis, le secrétaire à la Défense qui déclarait auparavant que l’accord était « dans l’intérêt des Américains » est resté remarquablement silencieux à ce sujet ces derniers temps. Une voix républicaine s’est érigée cette semaine contre la perspective d’une sortie de l’accord, celle du président de la commission des forces armées de la chambre des représentants, Mac Thornberry, mais son message n’a pas été entendu.
L’accord sur le nucléaire iranien constitue un héritage de Barack Obama, et le président américain n’a de cesse de détruire toutes les traces de son prédécesseur, que ce soit sur le plan de la politique intérieure ou sur la scène internationale. Dans un long communiqué argumenté, Barack Obama, qui commente rarement les actions de l’hôte de la Maison Blanche, a qualifié de « grave erreur » la décision du président, qui conduira les Etats-Unis vers une alternative dramatique : un Iran possédant l’arme nucléaire ou une autre guerre au Moyen-Orient. Mais Donald Trump en est convaincu, et il l’a répété à l’issue de la cérémonie de signature du décret qui réinstaure les sanctions contre l’Iran : « la sortie de l’accord sur le nucléaire offre la garantie d’une Amérique plus sûre. »
Rfi.fr