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Une première en 65 ans: un chef d’Etat turc en visite en Grèce

Pour la première fois depuis 65 ans, un chef d’Etat turc se rend en Grève. Recep Tayyip Erdogan commencera par visiter Athènes et terminera en Thrace, une région du nord-est de la Grèce où vit une minorité musulmane.

C’est une visite symbolique même si en réalité Recep Tayyip Erdogan était déjà venu a Athènes en 2004 et 2010. A l’époque, il était Premier ministre. Pour Dimitris Keridis, professeur de politique internationale à l’Université Panteion d’Athènes, le président turc vient chercher « un partenaire à l’ouest après son isolation de l’Europe ». Depuis le coup d’État manqué de l’été 2016, en Europe, de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer les vagues d’arrestations menées à la demande de Recep Tayyip Erdogan.

Absence de position grecque sur la politique turque

Le gouvernement grec préfère se concentrer sur les remises en cause régulières des frontières de la Grèce. Dans une interview à la télévision privée grecque Skaï le mercredi 6 décembre, le président turc a déclaré qu’il faudrait revoir les accords de Lausanne. Or, ces accords définissent quelles îles appartiennent à la Turquie ou à la Grèce. Face a cette forme de provocation directe, le porte-parole du gouvernement grec Dimitris Tsanakopoulos a simplement rappelé que le traité n’était « pas négociable » et que le Premier ministre grec souhait construire « des ponts et non pas des murs ». D’après Dimitris Keridis, cette stratégie de temporisation est « nécessaire et existentielle » pour la Grèce. La stabilité de toute la région dépend de sa relation avec ce grand voisin au président « imprévisible » selon ses mots.

Une stratégie qui ne date pas du gouvernement d’Alexis Tsipras

Cette stratégie n’a pas été mise en place par le gouvernement d’Alexis Tsipras. En réalité, elle date du Conseil de l’Union européenne de Helsinki en 1999. Selon Stefan Engert, un chercheur de l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation du risque, c’est a cette époque que la Grèce a choisi d’arrêter d’imposer un veto systématique aux questions concernant la Turquie.

Un rapprochement entre la Turquie et la Grèce qui passe par l’économie

Selon des chiffres du ministère grec des Affaires étrangères, la Turquie est un partenaire commercial important pour la Grèce. Après l’Italie, l’Allemagne et Chypre, c’est vers ce pays qu’elle exporte le plus. Principalement des carburants, du plastique, des machines, du coton, des pesticides ou encore des céréales. Et les investissements turcs en Grèce seront également un sujet de discussion entre le président turc et le Premier ministre grec. Selon des informations publiées sur le site internet du ministère turc des Affaires étrangères, ils représentaient environ 420 millions d’euros fin 2016. La Turquie serait particulièrement intéressée par les secteurs des transports et du tourisme. Dans la presse grecque, on pouvait lire hier qu’il sera question de la création de lignes de ferry et d’avions entre Istanbul et Thessalonique.

La question chypriote au cœur de débats houleux

L’île de Chypre est toujours divisée et les négociations de paix tournent à nouveau au ralenti. Plus récemment, la question des demandeurs d’asile turcs en Grèce. Parmi eux se trouvent huit militaires qui avaient fui en hélicoptère la nuit de putsch raté. A quelques jours de son arrivée a Athènes, dans la presse turque, le président turc Recep Tayyip Erdogan a insisté sur son intention d’obtenir leur extradition. Dans la presse grecque, le gouvernement d’Alexis Tsipras reste silencieux sur cette question.

Avec RFI

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