La lutte contre la vente illicite de médicaments et de faux médicaments vient de franchir un nouveau pas sur le plan politique, un pas décisif, très important, matérialisé par l’engagement du chef de l’Etat M. Macky SALL (lors du forum national de financement sur la santé tenu le 17 Novembre 2017), de stopper net la progression macabre et phénoménale de ces cancers cités ci-dessus qui s’attaquent violemment à la santé des populations et aux tissus de l’économie du médicament.
En effet, au regard des conséquences néfastes qui découlent de la consommation de faux médicaments sur la santé des populations et des effets désastreux induits sur l’économie du médicament, il est judicieux et urgent, pour un Sénégal émergent, que les mesures idoines qui s’imposent à la « real » situation soient prises par les autorités étatiques et sanitaires concernées.
Cependant, il est important de rappeler que préalablement à toute mesure politique majeure à objectif transformationnel, il y a, d’un côté, une part du contexte favorable et de l’autre, une part de la volonté politique de la plus haute autorité. Le contexte ? Exactement, le contexte. C’est le contexte qui féconde le plus souvent la volonté politique. Aujour d’hui, dans la lutte contre la vente illicite de médicaments et de faux médicaments, le contexte est favorable et la volonté politique de la plus haute autorité est affichée. Et dans cette croisade contre ces fléaux cités ci-dessus, le chef de l’Etat M. Macky SALL en phase avec M. Abdoulaye DIOUF SARR, Ministre de la Santé et de l’Action sociale, le soutient totalement et sans aucune réserve.
Une simple référence à l’histoire nous montre que la volonté politique est toujours le moteur du véhicule qui a conduit à tous les changements importants dans le monde et ceci, dans tous les domaines : politique, économique, social et culturel. En effet, sans cette volonté politique, à la fois condition sine qua non et levier indispensable, aucune réforme, aucune mutation et aucun changement profond positif attendu des populations ou de catégories socioprofessionnelles, n’est possible et réalisable. Donc, il est légitime de nourrir l’espoir après l’engagement du chef de l’Etat M. Macky SALL en faveur de la lutte contre la fraude, la vente illicite de médicaments et de faux médicaments et la détermination intelligente du Ministre de la Santé et de l’Action sociale que les changements positifs escomptés dans ce secteur seront au rendez-vous.
La « règlementation » de la vente des médicaments sans ordonnance est un facteur causal de la liberté d’acheter de médicaments sans ordonnance des populations très peu mentionné dans les différents argumentaires développés par les professionnels du secteur. La seule fois qu’elle est évoquée, c’est pour rappeler qu’ils sont les seuls habilités à vendre les médicaments. Cette attitude de se distinguer des autres est légitime et compréhensible. Elle est également observable, à chaque fois que, les intérêts corporatistes d’une catégorie socioprofessionnelle sont menacés. On a observé la même attitude chez les journalistes, lorsque que la profession de journaliste fut menacée. Cependant, à la différence des professionnels du secteur du médicament, la corporation a trouvé une solution aux problèmes auxquels elle était confrontée, en adoptant un code de la presse qui encadre aujour d’hui, le mieux la profession de journaliste.
Des médicaments, on distingue deux types de listes de médicaments vendus en officine. Il y a une liste de médicaments classés A que l’on ne vend ou ne peut acheter que sur présentation obligatoire d’une ordonnance et une liste de médicaments classés B que l’on vend et peut acheter sans ordonnance. En termes simples, l’ordonnance est un acte produit par un médecin ou un infirmier ou une sagefemme à la suite d’un diagnostic conduit sur la base d’un protocole.
Le patient consulté, à qui on a prescrit une ordonnance peut soit, acheter les médicaments à la structure de santé où il a été vu soit, se rendre à la pharmacie pour les acheter. Mais, il faut aussi admettre qu’il peut acheter ses médicaments à « Keur Serimbi » ou ailleurs.
Toutefois, lorsque, sur la base d’un conseil d’un tiers ou d’un réflexe personnel quelqu’un ne se sentant pas bien se rend à la pharmacie de son coin pour acheter un médicament pour se soulager. Dans ce cas, qu’est ce qui se passe ? Devant le comptoir, le pharmacien ou le préposé à la vente des médicaments, lui demande ce qu’il veut, à défaut de lui présenter une ordonnance mais il ne lui posera pas la question à savoir : de quoi il souffre ? En réponse, le pharmacien lui propose une gamme de médicaments vendables et achetables sans ordonnance susceptible de «soigner» le mal décrit.
Il me semble que l’autorisation de vendre de médicaments sans ordonnance est la principale source, sur le plan psychologique, à l’autorisation implicite, à l’origine du commerce illicite de médicaments, de faux médicaments et de l’automédication. C’est aussi le tison qui a alimenté le feu qui a accélérer leur développement exponentiel. Pour cause, si tous les médicaments étaient vendus ou achetés sur présentation d’une ordonnance, ce qui est certain, on aurait sauvegardé ce qui est psychologiquement et socialement essentiel c’est à dire la gravité d’essence qui enveloppe le médicament, qui aurait contribué à le maintenir dans le circuit professionnel. Cela ne veut pas dire l’éradication du commerce illicite de médicaments et de faux médicaments au Sénégal.
Par ailleurs, ce que je crois, l’autorisation de vendre ou d’acheter de médicaments sans ordonnance est une disposition de la « réglementation » de la vente des médicaments qui a participé à banaliser le médicament qui a besoin de retrouver, aujour d’hui, toute sa gravité d’essence qui lui a été enlevée. Un médicament est bénéfique pour la santé mais mal utilisé, il devient dangereux pour la santé. Et relativement aux faux médicaments, il est impossible d’imaginer les conséquences sur la santé des populations.
De la vente des médicaments, les professionnels du secteur du médicament sont au carrefour fougueux de deux « définitions sociales » du médicament qui s’excluent l’une l’autre. D’un côté, il est affirmé que les médicaments inscrits dans la liste A des médicaments est dangereux pour la santé si est seulement si, ils sont mal utilisés, en conséquence, l’acquisition de médicaments inscrits dans cette liste est conditionnée par la présentation au pharmacien d’une ordonnance prescrite par un professionnel de la santé et de l’autre côté, malgré la dangerosité générique du médicament mal utilisé pour la santé ,les médicaments inscrits dans la liste B des médicaments sont vendus ou achetés sans ordonnance dans les officines. C’est comme si les médicaments inscrits dans cette dernière la liste B de médicaments ne sont pas dangereux pour la santé.
En outre, en autorisant les officines à vendre des médicaments sans ordonnance et les populations à acheter des médicaments sans ordonnance, on a, non seulement ôté au médicament sa gravité d’essence pour la santé, lorsqu’il est mal utilisé mais aussi enlevé à la procédure de vente ou d’achat de médicaments, toute la précaution requise et dans son acquisition et dans son utilisation. En définitive, cette « règlementation » qui autorise le pharmacien à vendre une liste de médicaments sans ordonnance c’est elle-même qui autorise en même temps, les populations à acheter des médicaments inscrits dans cette liste de médicaments sans ordonnance. Dans ce cas, si le pharmacien ne joue pas son rôle, celui de conseil pour la santé au moment de la transaction, il y a un risque pour la santé par défaut de communication. Les pharmaciens ont-ils le temps du conseil au client lorsque d’autres clients attendent d’être servis ? Apparemment, ils sont dans la même situation que les médecins dans les structures de santé à qui on reproche de ne pas profiter assez du temps de contact avec le patient pour le conseiller.
Succinctement, à partir du moment où il est permis aux pharmaciens de vendre une liste de médicaments sans ordonnance et aux populations d’acheter des médicaments de cette liste de médicaments sans ordonnance, le médicament est mis dans une situation peu enviable car il est amputé de sa gravité qui est d’essence qu’il devra retrouver. L’ampleur du commerce illicite des médicaments et de faux médicaments et les enjeux pour la santé qui en découlent, exigent du secteur du médicament et de la santé, l’élaboration d’une nouvelle « réglementation» adaptée à notre contexte de pays à revenus faibles où faut-il le dire pour le regretter, les médicaments sont vendus par des marchands ambulants et des tenanciers de boutiques comme de petits pains. La « réglementation » en la matière doit s’appliquer. En France, en Grande Bretagne et aux Etats Unis (pour ne citer que ces pays-là) la vente ou l’achat de médicaments sans ordonnance est compréhensible, en considération de leur niveau de développement qui sauvegarde la gravité d’essence du médicament par un niveau élevé d’éducation à la santé des populations.
Dans un système de santé, le médicament occupe une place centrale au cœur du dispositif de soins de santé. Sans médicaments, il n’y a pas de soins. Sans soins, il n’y a pas de santé. Sur ce chapitre, le gouvernement du Sénégal a fait beaucoup d’efforts pour rendre les médicaments accessibles aux populations par –ce- que les médicaments, occupent un pourcentage prépondérant dans les frais de soins médicaux. Parmi les efforts financiers consentis par le gouvernement, on peut citer les initiatives de gratuité composées essentiellement de frais de services et de soins médicaux (avec un volet médicament très important).Aussi, on peut ajouter à cette liste de gratuités, la diminution du prix des médicaments anticancéreux qui étaient hors de portée des personnes à revenus modestes.
Le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, à travers la Pharmacie nationale d’Approvisionnement (PNA) s’est fortement investi pour fournir en médicaments essentiels les structures de santé, en révolutionnant le circuit de distribution, à la suite d’une étude et d’une évaluation sans complaisance du secteur. Ce qui a abouti, à la mise en place, d’abord, de la stratégie « Jeege Sina » puis de la stratégie « Yekk Sina ».Au jour d’hui, grâce à la performance de la stratégie «Yekk Sina » l’approvisionnement des structures de santé en médicaments essentiels, se fait dans les meilleurs délais et, dans les conditions de sécurité de transport des médicaments les meilleures, du niveau central, jusqu’au niveau poste de santé, en passant par le niveau régional.
Vendre des médicaments est une activité professionnelle très exigeante régit par une « réglementation » que nous devons tous respecter. Cela étant dit, on peut inviter maintenant les professionnels du secteur du médicament notamment les pharmaciens à éviter de présenter l’officine comme une boutique de « Select ».
Une pharmacie est-elle une « boutique » de médicaments qui peut légalement vendre des produits non pharmaceutiques ?
Vive le Sénégal !
Vive la République !
Baba Gallé DIALLO
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