Après le chef du gouvernement espagnol, le président français a à son tour reconnu ce 4 février l’opposant Juan Guaido comme président « en charge » du Venezuela. Le Parlement britannique avait emboîté le pas à Pedro Sanchez alors que l’ultimatum lancé par l’UE à Nicolas Maduro pour organiser de nouvelles élections a pris fin dimanche à minuit. Moscou a aussitôt réagi en dénonçant une « ingérence » des Européens.
- Une dizaine de pays européens, parmi lesquels la France, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont reconnu Juan Guaido comme président du Venezuela ce 4 février dans la matinée.
- Ces Etats faisaient partie d’un groupe de six pays européens, rejoints hier dimanche par l’Autriche, qui avaient fixé à Nicolas Maduro, le chef d’Etat, un ultimatum qui expirait ce 3 février au soir pour organiser de nouvelles élections, ultimatum rejeté par le chef de l’Etat.
- La Russie a dénoncé une « ingérence » des pays européens, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov estimant que « toute solution devait être trouvée que par Vénézuéliens eux-mêmes »
Ce 4 février, l’Espagne, où résident 167 000 Vénézuéliens, a été la première à tirer les conclusions du refus de Nicolas Maduro de céder à l’ultimatum lancé le 26 janvier. Une reconnaissance immédiatement suivie par celles du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Portugal, qui avaient également lancé cet ultimatum.
La Suède, le Danemark et la Lituanie ont également annoncé reconnaître la légitimité de Juan Guaido, ainsi que l’Autriche, parce que « le régime Maduro a jusqu’ici refusé d’accepter une élection présidentielle libre et juste », a justifié le chancelier Sebastian Kurz.
Le président français Emmanuel Macron, sur le réseau social Twitter, a reconnu Juan Guaido comme « président en charge » du Venezuela pour mettre en oeuvre les élections réclamées par les Européens.
Un peu plus tôt, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, dans une allocution télévisée, déclarait : « Le gouvernement espagnol annonce reconnaître officiellement le président de l’Assemblée du Venezuela, M. Guaido, comme président en charge du Venezuela ». Il appelait également Juan Guaido à convoquer des élections présidentielles le plus rapidement possible.
« Le gouvernement espagnol conduira le groupe de contact international par l’Union européenne pour accompagner le Venezuela dans la convocation d’élections libres et démocratiques, a tweeté Pedro Sanchez. Nous consacrerons tous nos efforts à atteindre la paix, la liberté et l’harmonie du peuple vénézuélien ».
Dans la foulée, le Royaume-Uni reconnaissait Juan Guaido comme président du Venezuela. « Nicolas Maduro n’a pas organisé d’élection présidentielle dans le délai de huit jours que nous avons fixé. Donc, le Royaume-Uni et ses alliés européens reconnaissent désormais @jguaido comme président constitutionnel par intérim jusqu’à ce que des élections crédibles puissent être organisées », a tweeté le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt.
Un peu plus tard, l’Allemagne reconnaissait à son tour Juan Guaido mais cette fois comme président « par intérim » du Venezuela, en lui demandant de préparer une période de transition menant à des élections « crédibles ».
Position forte de l’Europe
Les Européens donnent l’impression d’être partis en ordre dispersé, analyse notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet. La position commune qu’ils avaient tenté d’adopter a échoué la semaine dernière, ce qui a poussé certaines capitales à prendre position chacune de leur côté.
En réalité, la position de l’Europe est beaucoup plus forte qu’il n’y paraît, parce que les voix dissonantes ne se font plus entendre, comme par exemple celle de la Grèce, qui s’est abstenue de manifester formellement son soutien à Nicolas Maduro.La seule prise de position audible est celle des pays européens qui, depuis ce matin, reconnaissent les uns après les autres Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela.
Parmi eux figurent les poids lourds de l’Union européenne en ordre serré derrière l’Espagne, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Ils ont bien fait en sorte de ne surtout pas publier un communiqué commun, pour ne pas donner aux autres Etats-membres de l’UE l’impression d’agir dans leur dos.
Le résultat est tout de même une position européenne forte, une sorte de coopération renforcée, comme le prévoit le traité de l’UE. Cette coopération se manifestera par la participation de huit pays de l’Union européenne à la première réunion du groupe de contact sur le Venezuela le 7 février, en Uruguay.
La Russie s’est insurgée contre une « ingérence » des Européens. « Nous percevons les tentatives de légitimer l’usurpation du pouvoir comme une ingérence directe et indirecte dans les affaires intérieures du Venezuela », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
« Cela ne favorise en aucun cas le règlement pacifique, efficace et viable de la crise que traverse le Venezuela », a-t-il ajouté, estimant que « toute solution devait être trouvée que par Vénézuéliens eux-mêmes ».