Zinedine Zidane a sans doute dû se faire violence. Guère à son aise lorsqu’il s’agit de dévoiler ses sentiments, le technicien français s’est livré à un exercice inhabituel dans une lettre publiée ce lundi dans les colonnes de AS. L’occasion pour le champion du monde 1998 d’exposer les raisons de son (nouveau) départ du Real Madrid, à un an de la fin de son contrat. L’amertume est évidente et le Marseillais n’hésite pas à égratigner ses dirigeants, le président Florentino Perez en tête.
« Passer vingt ans à Madrid a été la plus belle chose qui ne me soit jamais arrivée et je la dois à Florentino Pérez », prend-il certes soin de préciser en préambule. Mais ce deuxième passage sur le banc du Real, effectué « parce que le président Florentino Pérez me l’a demandé, bien sûr, mais aussi parce que vous me l’avez dit tous les jours », a clairement été pénible pour le technicien tricolore.
« Je m’en vais, mais je ne saute pas du bateau et je ne suis pas fatigué d’entraîner. En mai 2018, je suis parti car après deux ans et demi avec tant de victoires et tant de trophées, j’ai senti que l’équipe avait besoin d’un nouveau discours pour rester au top. Aujourd’hui, les choses sont différentes. Je pars car j’ai l’impression que le club ne me donne plus la confiance dont j’ai besoin, il ne m’offre pas le support pour construire quelque chose à moyen ou long terme, résume-t-il pour justifier son départ. Je connais le football et je connais les exigences d’un club comme le Real Madrid, je sais que quand on ne gagne pas, il faut s’en aller. »
Je ne demandais pas des privilèges mais…
Et Zinedine Zidane d’exposer au grand jour ses regrets. « Mais une chose très importante a été oubliée, tout ce que j’ai construit au quotidien a été effacé, de même ce que j’ai apporté dans la relation avec les joueurs, avec les 150 personnes qui travaillent avec et autour de l’équipe, poursuit-il. Je suis né gagnant et j’étais ici pour conquérir des trophées, mais au-delà de cela, il y a les êtres humains, les émotions, la vie et j’ai le sentiment que ces choses n’ont pas été valorisées, et qu’il n’a pas été compris que la dynamique d’un grand club se maintient comme ça. Même, d’une certaine manière, on m’a fait des reproches. »
Le Français se montre plus précis dans ses reproches, notamment à l’égard de Florentino Perez, pointant du doigt l’attitude du président madrilène. « Je veux respecter ce que nous avons fait ensemble. J’aurais aimé que ma relation avec le club et avec le président ces derniers mois soit un peu différente de celle des autres entraîneurs, renchérit-il encore. Je ne demandais pas des privilèges, bien sûr que non, mais un peu plus de mémoire. Aujourd’hui, la vie d’un entraîneur sur le banc d’un grand club est de deux saisons, pas beaucoup plus. Pour que cela dure plus longtemps, les relations humaines sont essentielles, elles sont plus importantes que l’argent, plus importantes que la célébrité, plus importantes que tout. Vous devez vous en occuper.» Le message a le mérite d’être clair.