Une centaine d’organisations de la société civile exigent le départ du président Mugabe. Elles pressent par ailleurs l’armée de publier une feuille de route sur le retour des civils au pouvoir. Dans une déclaration, elles demandent aussi la tenue d’élections en 2018.
Les Zimbabwéens doivent, en principe, aller aux urnes en juillet prochain. Mais des militants de la société civile se demandent si ce rendez-vous électoral pourra être maintenu. Une centaine d’ONG demandent à l’armée de s’engager d’ores et déjà à organiser des élections « justes et crédibles ». En clair : des élections plus démocratiques que dans le passé.
Maître Doug Coltart est membre d’un réseau d’avocats qui a signé la déclaration de la société civile : « La situation est loin d’être idéale. Personne ne peut vouloir d’un coup d’État. Personne ne veut voir la constitution bafouée. Mais, vu notre situation, c’est une occasion d’aller de l’avant. »
De leur côté, les Eglises chrétiennes estiment que la crise actuelle pourrait donner naissance à une « nouvelle nation ». Ces événements pourraient, aux yeux des responsables catholiques, protestants et évangéliques, remettre le Zimbabwe sur le chemin de la démocratie.
Le pasteur Evan Mawarire, l’initiateur du mouvement de contestation « Ce drapeau », s’est joint à leur appel. Dans un message vidéo, ce militant, maintes fois interpellé par la police, a évoqué l’éventualité d’une grande manifestation.
Mais pas tout de suite. Dans un message sur son compte Twitter, il explique qu’il serait trop dangereux à ce stade-ci de descendre dans la rue.
Les Zimbabwéens semblent avoir appris à maîtriser leurs espoirs trop souvent déçus. Thomas n’a connu que le chômage depuis qu’il a quitté l’école il y a vingt ans. Aujourd’hui, il lave des voitures pour gagner sa vie et son point de vue sur le coup de force de l’armée est sans appel : « Les soldats sont du côté du peuple. Et le pouvoir va être donné au peuple ! Grace et Robert Mugabe voulaient créer une dynastie familiale, mais le pays est au peuple ! »
Peu importe que ce soit l’armée qui ait finalement fait vaciller le vieux chef de l’État. Pour Maryline, ce qui compte avant tout c’est qu’une brèche ait été ouverte. « Le président (Mugabe) nous a beaucoup opprimés, dit-elle. Nous n’avons pas pu nous développer, à cause de ce système oppressif. Mais maintenant, nous sommes très heureux. Moi personnellement, je suis vraiment très très heureuse. N’importe quel changement sera bon à prendre. Au moins, maintenant nous savons qu’il est possible de faire partir un dirigeant. »
La jeune femme énumère les défis de son quotidien, et ses rêves pour l’avenir : « C’est l’économie, c’est l’éducation. C’est impossible de s’en sortir, on vit au jour le jour. Ce que tu gagnes tu le manges le jour même. Si seulement je pouvais faire quelques économies, pour moi et mes enfants, pour préparer l’avenir. »
Pour l’instant, Maryline préfère contenir sa joie comme les autres, trop inquiète de voir l’espoir ténu s’évanouir à la dernière minute.
Avec RFI