Le Secrétariat exécutif de l’Alliance pour la République ne rate pas l’actuel régime. Dans un communiqué rendu public, elle souligne que le «Projet» se résume en trois axes à savoir des nominations populistes de bas étage dont le niveau fait frémir chaque mercredi et qui récompensent les liaisons dangereuses et basses, les turpitudes de naguère ; la fragilisation de l’unité des Sénégalais, où l’insouciance et l’irresponsabilité prévalent devant la juste prise en compte de ce patrimoine qui sous-tend notre vivre-ensemble. Sans oublier la tentation d’instrumentalisation de la justice, la diabolisation du pouvoir sortant, de l’opposition et de la presse en perspective des élections législatives.
Pour l’Alliance Pour la République, il n’est pas dès lors étonnant, que l’inflation verbale serve d’alibi à l’inaction. Ainsi elle tient que l’urgence doit être pour les jeunes gens qui ont «cru» au Projet et qui meurent noyés tous les jours dans l’Atlantique. Ousmane Sonko, qui «leur avait fait miroiter» un règlement prioritaire de leur situation, souligne l’Apr, se contente de répéter après chaque drame, qu’ils doivent rester au pays, sans dire qu’elle est la politique envisagée pour les intégrer dans la société du travail. En vérité, souligne le communiqué, «l’analyse du discours des tenants actuels du pouvoir, notamment ceux de Ousmane Sonko montre que celui-ci s’en prend régulièrement et de manière provocante à tel ou tel aspect de la vie des Sénégalais».
Récemment, estime l’ancien parti au pouvoir, c’est le port du voile sur lequel il se pose en défenseur rigoureux d’un certain Islam, ce qui, selon la formation politique, est à l’opposé de sa position mitigée, molle et légère, il y a quelques mois devant Mélenchon. «L’Alliance Pour la République tient à rappeler avec solennité que le vivre ensemble et le dialogue inter religieux font la fierté des Sénégalais et constituent leur identité distinctive. Ils sont en parfaite harmonie avec la démocratie qui rencontre l’adhésion totale de nos compatriotes. Les Sénégalais, qui ont choisi la démocratie s’opposeront de toutes leurs forces à toute dérive dictatoriale ou totalitaire et mettront toute leur énergie pour préserver notre République et son tissu social», mentionne le communiqué.
Pour ce qui est de la reddition des comptes promise, l’Apr estime que des indices graves et concordants annoncent la préparation de la plus grande chasse aux sorcières de l’histoire du Sénégal. «En effet, il y a quelques mois sur le parvis du Grand Théâtre, le Premier ministre Ousmane Sonko a, après avoir ouvertement accusé certains magistrats dont Monsieur Badio Camara, Président du Conseil Constitutionnel de corrompus, déclaré qu’il va balayer la magistrature et mettre des magistrats qui vont faire le travail pour la reddition des comptes, comme si ceux qui sont en fonction étaient incapables de le faire», explique l’Apr. À l’en croire, quelques jours plus tard, au cours de son interview marquant ses 100 jours de pouvoir, le Président Bassirou Diomaye Faye s’est laissé aller à des confidences heurtant la tradition républicaine sur la préparation du prochain Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) devant aboutir à un chamboulement de la magistrature.
Selon l’Apr, ce dernier dit avoir fait faire des enquêtes sur les magistrats devant être nommés et qu’il planche avec son Premier ministre, qui n’est pas membre du Conseil supérieur de la magistrature et qui ne contresigne pas les décrets de nomination des magistrats en CSM sur les propositions faites par le ministre de la Justice. « Depuis l’indépendance, on n’a jamais vu ou entendu une telle hérésie et des propos aussi épouvantables qui pourraient conduire à un processus brutal de mise en péril d’un socle majeur de notre République, la Justice. Ces propos préoccupants et la démarche qui l’accompagne ne manqueront pas d’inquiéter les démocrates et républicains du pays qui avaient pensé que ces pratiques d’un autre âge étaient définitivement jetées par-dessus bord», regrette l’Apr. Elle estime qu’il est tout de même surprenant de voir procéder à des enquêtes pour nommer aux fonctions dans un corps dont les dossiers des membres sont tenus à la Direction des Services judiciaires (DSJ). «En vérité, pour déclencher le règlement de comptes, des audits sont lancés tous azimuts. Comme les rapports de la Cour des comptes se concluant par l’ouverture d’informations judiciaires sont rares (rapport sur le COVID), les tenants du pouvoir ont décidé de commanditer des rapports express de l’Inspection générale d’Etat (IGE) et des rapports d’inspection interne de certaines administrations pour incriminer des ministres et DG sortants», explique le communiqué de l’Apr.
Le parti de Macky SALL estime qu’une reddition des comptes objective et équitable doit se fonder exclusivement sur des rapports des corps de contrôle, mais non sur des audits orientés pour traquer des opposants. L’exercice de reddition des comptes, poursuit l’Apr, consiste simplement à rendre compte selon des modalités définies par la loi. Celles-ci ont été améliorées sous la présidence de Macky Sall qui a fait adopter le Code de transparence budgétaire, instituer l’OFNAC, le pool judiciaire et financier et renforcer les moyens juridiques et logistiques de la Cour des comptes.
Adja Khoudia THIAM DIENG (Actusen.sn)