Le Nigeria, premier pays d’Afrique sub-saharienne à enregistrer officiellement un cas de contamination au Covid-19, est l’un des pays les mieux armés sur le continent à faire face pour une telle épidémie.
Mais pour cet expert des maladies infectieuses dans les pays en voie de développement, le fait que le coronavirus semble être entré en Afrique subsaharienne par le Nigeria est “plutôt une bonne nouvelle”. Le pays lui semble, en effet, relativement bien préparé pour faire face à la situation.
Sur un continent qui “a connu son lot d’épidémies et dont les pays ont donc un énorme savoir de terrain et une réelle compétence pour réagir à ce genre de situation”, le Nigeria se situe en très bonne position pour faire face à l’arrivée du Covid-19, d’après Mathias Altmann. “Le CDC [Center for Disease control – Centre de contrôle des maladies, NDLR] responsable pour toute la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sur trouve à Abuja, la capitale du Nigeria, ce qui fait qu’ils ont un niveau organisationnel en matière sanitaire très élevé”, précise le chercheur.
Risque de propagation dans les pays voisins
Les atouts du Nigeria ne doivent, cependant, pas faire oublier les limites qui peuvent se révéler handicapantes pour lutter contre un tel virus. Le fait que cet agent pathogène puisse être présent chez un individu qui ne présente pas ou très peu de symptômes peut permettre au virus de se propager discrètement dans un pays qui, comme partout en Afrique, “a une lacune en termes de matériel par rapport aux pays occidentaux, notamment en ce qui concerne les outils de diagnostic”, souligne Mathias Altmann.
La question est alors de savoir quelle ampleur l’épidémie peut prendre en Afrique si elle se faufile à travers les filets posés par le Nigeria. Des pays voisins comme le Tchad ou le Niger ont “moins de capacité fonctionnelle pour répondre à une épidémie”, reconnaît Mathias Altmann. Mais, ils ont aussi un avantage : ce sont des régions beaucoup plus agricole ou les gens sont davantage en extérieur, “et les virus comme celui-ci aiment les espaces fermés et confinés et se propagent beaucoup moins bien en milieu rural”, conclut l’épidémiologiste.