A la date du 6 avril 2020, dans le monde, on compte 1.288. 080 cas confirmés, 272.009 cas guéris et70.567 décès. Le bilan de la pandémie de Covid-19 sur le continent africain à la même date se présente comme suit : 9435 cas confirmés, 837 guéris et 445 décès. A l’état actuel, il n’existe pas de médicament spécifique ou de vaccin permettant de la prévenir.
Dernièrement, le magazine «Science», a recensé plus de 130 essais thérapeutiques actuellement
en cours à travers la planète. Aujourd’hui, un débat mondial est en cours sur l’efficacité thérapeutique de la chloroquine associée ou non à d’autres molécules sur le Covid-19. Ledit débat a été posé et défendu par le Pr Didier Raoult microbiologiste à l’Institut Hospitalo-Universitaire ( IHU) de Marseille ,le 25 février 2020 .
Le protocole thérapeutique du Pr Raoult a bénéficié d’une très forte médiatisation qui a fini
de le propulser au-devant de la scène médiatique.
Cependant, une semaine avant la sortie du Pr Raoult, plus précisément le mardi 18 février 2020, deux éminents scientifiques de la République Démocratique du Congo ( RDC ) , les Pr Michel Balaka-Ekwalanga , immunologiste-virologue, membre de l’institut Pasteur et de l’équipe de recherche de l’université de Lumbumbashi et Philomene Lungu-Anzwal Biologiste avaient proposé un protocole combinant la chloroquine aux interférons pour combattre la maladie. Sans entrer dans un débat technico-scientifique (dont je me garderai de faire), je relève toutefois deux faits qui me paraissent importants :
-1) deux compatriotes africains, ont en premier, proposé le protocole à base de chloroquine avant le Pr Raoult mais à cause d’une faible couverture médiatique, rares sont aujourd’hui les
personnes qui sont informées en Afrique et dans le monde de ce protocole ;
-2) les deux protocoles proposés sont à base de chloroquine, un dérivé du quinquina, une plante médicinale très répandue dans le continent et dont les vertus thérapeutiques ont été démontrées sur plusieurs pathologies. Aussi, devant cette course effrénée vers un médicament efficace contre le Covid-19, l’Afrique doit se solidariser et se positionner pour valoriser les inventions et innovations des chercheurs et inventeurs de notre continent en matière de médicaments. A ce titre, la mise en place d’un fond continental anti-covid-19 par l’Union Africaine est à saluer.
Le Centre Africain de Contrôle et de Prévention contre les maladies ( CDC/Afrique) , en relation avec l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI ) et l’African Regional Intellectual Property Organisation (ARIPO ) et tous les autres organismes africains qui s’occupent de propriété intellectuelle, se doivent d’assurer la protection des inventions relatives aux médicaments issus de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles et dont la qualité, l’efficacité et l’innocuité sont prouvées. Le dynamisme des chercheurs africains n’est plus à démontrer dans ce domaine en plus des mémoires et thèses de doctorat.
L’Union Africaine doit soutenir fortement la Recherche et l’Innovation en dotant nos chercheurs de moyens adéquats et suffisants pour les appuyer dans leurs travaux tout en contribuant à la vulgarisation des résultats de recherche.
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L’enjeu aujourd’hui, c’est d’amener les dirigeants africains à mieux prendre conscience de l’importance scientifique, économique et de santé publique des plantes médicinales dans les défis sanitaires. Il s’agit d’opérer un changement de comportement et d’attitude par une meilleure prise de responsabilités et une mutualisation des moyens. A l’heure actuelle, aucun traitement spécifique n’est disponible à l’échelle de la planète.
La flore africaine est riche et diversifiée et représente un énorme potentiel en termes de plantes
médicinales, ouvrant ainsi des perspectives intéressantes pour la recherche et la mise au point de nouveaux médicaments tout en constituant une source d’informations précieuses pour la découverte de nouvelles molécules actives dans la prise thérapeutique des pathologies courantes en Afrique, épargnant des dépenses lourdes pour l’achat de médicaments (95% des besoins actuels).
Au-delà des Pr Michel Balaka-Ekwalanga et Philomene Lungu-Anzwal, d’autres chercheurs et inventeurs africains, proposent des recettes et des médicaments à base de plantes.
En lançant un appel pour solliciter la contribution de la médecine traditionnelle dans la riposte au coronavirus, l’OMS, réitère l’importance de celle-ci dans la réponse à apporter aux défis sanitaires de l’heure.
Face à la gravité de la situation, l’Union Africaine ne peut plus se permettre de perdre du temps. Si on considère que le continent africain n’a pas les mêmes moyens de lutte que l’Occident pour faire face à la pandémie, il y a nécessité de réunir les scientifiques africains pour apporter des réponses adaptées à nos réalités. Relever les défis sanitaires du continent ne sera pas facile tant que l’expertise, les solutions locales et endogènes ne seront pas privilégiées. Pour cela, il faudra soutenir une stratégie continentale globale et coordonnée.
Mr Alioune AW
Ancien Coordinateur de la Cellule de Médecine Traditionnelle
Email : badou60@gmail.com
Bibliographies :
-le développement sanitaire en Afrique francophone : enjeux et perspectives post 2015 ;
-initiative de Libreville pour la valorisation et la protection des inventions africaines en matière de médicaments