Un homme de refus est parti. Un homme de principes. Un ascète. Il craignait Dieu et l’adorait avec tellement de révérences qu’il en était arrivé à témoigner une auguste sollicitude à toutes ses créatures, au premier rang desquelles ses semblables.
Cheikh Samba Diallo était un sage. Un saint homme : Dieu lui avait fait la grâce infinie de l’accueillir dans sa proximité. Un abîme de sciences entièrement consumé dans la contemplation de la splendeur de son Créateur, à qui il rendait chaque instant grâce, un attachement si exclusif que rien de terrestre, ou de trivial ne l’en distrayait.
Homme de labeur, il a construit sa cité entièrement dédiée à l’Islam, et à la protection de l’homme. L’existence est un humanisme, avait dit Jean Paul Sartre : Cheikh Samba Diallo s’est appliqué à la lettre le précepte divin qui dispose que le meilleur d’entre nous est celui qui est le meilleur envers ses semblables, durant toute sa riche existence.
Personne dans ce pays n’a pourtant, malgré l’étendue de ses bienfaits, la magnanimité de ses actions sociales et la prodigalité légendaire qui caractérisait ses généreuses interventions, personne dans ce pays disais-je n’a jamais reçu un courrier de sa part sollicitant un quelconque appui pour lui permettre de réaliser un de ses innombrables projets, ou l’invitant à l’une des cérémonies du calendrier musulman qu’il célébrait toujours avec le même profond recueillement, au milieu du faste dans lequel étaient accueillis les fidèles venus d’horizons divers communier avec lui.
Cheikh Samba Diallo s’en est allé.
Aucune autorité de la République ne lui a rendu hommage. C’est normal. Ceux parmi eux qui le fréquentaient et bénéficiaient de ses prières le faisaient en catimini. Indépendant de l’État dont il a de tout temps et quelque soient les régimes décliné les dons, appuis et autres soutiens, il avait sans doute fini par se faire de solides inimitiés parmi les dignitaires des régimes successifs craignant la puissance et la popularité d’un homme de Dieu dont ils ne pouvaient s’assurer de l’appui politique.
Mais ne nous en offusquons pas.
Que vaut un hommage d’hommes et de femmes incarnant des institutions qu’ils quitteront bientôt, quand vous accédez à la proximité de Dieu qui vous accueille avec une haie d’honneur des anges et les chansons des ourouls aïnis à votre gloire, tout le long de votre parcours vers votre demeure au Paradis céleste ?
Cheikh Samba Diallo a accompli sa mission. Il a démontré la preuve que Dieu pourvoit entièrement aux besoins de qui se consacre entièrement à Lui et ne convoite rien du pouvoir temporel, si fugace et plein de contingences lourdes de compromissions, voulues ou accidentelles.
C’est en cela qu’il est un digne héritier de Khadimou Rassoul. Il le considérait comme une référence et lui vouait une profonde admiration.
Je l’ai vu pour la dernière fois au mois de novembre. Il avait en cette occasion offert à mon oncle un khassida de Serigne Touba.
Cheikh Samba Diallo ! Vos fidèles ne vous pleureront pas. Votre départ pour l’au-delà est la manifestation de l’agrément divin qui vous a exaucé et nous exaucera tous.
REPOSEZ EN PAIX, CHEIKH !
Cissé Kane NDAO
Président A.DÉ.R