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Malang Camara et Thierno Ba, condamnés a la perpétuité avec travaux forces pour avoir tué un blanc et viole sa femme : possible abaissement de la pénalité

Va-t-on assister à une réduction de peine en faveur de Malang Camara et Thierno Ba qui ont tué, en 2017, un ressortissant français et violé son épouse, dans leur bateau ? Pas si sûr que non. En effet, l’avocat général a demandé qu’on écarte le crime de viol collectif pour retenir le viol simple. Pour le sort des accusés, il a souhaité l’abaissement de la pénalité, car il n’y a pas eu de préméditation. D’autant plus qu’ils n’étaient pas partis avec le dessein de tuer quelqu’un. La preuve, ils n’avaient pas apporté d’armes avec eux, a plaidé l’avocat général.

Jugés en 2017 pour association de malfaiteurs, vol commis la nuit avec escalade et usage d’arme et de violence ayant entrainé la mort et viol collectif, Malang Camara et son co-accusé Thierno Ba avaient été condamnés, chacun, à la perpétuité, avec travaux forcés. Les faits, qui leur ont valu cette lourde peine, datent de 2009. C’était dans la nuit du 27 au 28 août, un mois de ramadan. Pendant que tout bon musulman était en train de multiplier ses bienfaits, Malang Camara et son compagnon Thierno Ba, eux, étaient en train d’établir un plan, pour se rendre nuitamment en pleine mer, dans le bateau du Français Gerard Galé. Ce, dans le but de lui dérober sa richesse. Un certain Ablaye Ndiaye, proche du propriétaire du bateau, et qui, jusqu’ici, est resté introuvable, a accepté de les aider dans leur deal.

Ce jour-là, malgré le temps pluvieux et la mer houleuse, ils ont quand même réussi à escalader le bateau. Ils se sont, premièrement, introduits dans la chambre à coucher, où ils ont trouvé, sur le lit, le propriétaire du bateau et sa femme sénégalaise, Ndèye Mour Diaw. N’ayant pas de force pour faire face à ce trio, car il souffrait de problème de mobilité au niveau des parties inférieures, Gerard a crié. Malang Camara, pour lui fermer la bouche, l’a ligoté et a exercé des violences sur lui jusqu’à ce qu’il passe de vie à trépas.

Selon l’autopsie, la mort de Gérard a été provoquée par une strangulation à main nue. Il est mort avec une hémorragie externe et interne causée par des coups et blessures, avec des objets pointus. Il y a un écoulement nasal, qui atteste de cette strangulation à main nue.

Cela fait, sa femme, aussi, a été ligotée et violée. C’est après qu’ils sont partis qu’elle a crié au secours et les gardiens des autres bateaux sont intervenus. Les gendarmes ont été alertés. Arrivés sur les lieux, ils ont trouvé le corps inerte, ligoté, au milieu du lit tacheté de sang. Une enquête a été ouverte et les responsables cueillis, sauf Ablaye Ndiaye, qui, toujours, est en cavale.

Les deux, Malang Camara et Thierno Ba, avaient écopé le travail forcé à perpétuité

Punis aux travaux forcés à perpétuité, Malang Camara et Thierno Ba avaient interjeté appel et l’affaire a été rejugée, hier, à la Cour d’appel de la Chambre criminelle de Dakar. Devant la barre, Malang Camara a exprimé tout son remord. Il a mis tous ses actes sur le compte de la jeunesse. Demandant une seconde chance pour parfaire le restant de ses jours, le quinquagénaire a décidé de raconter, dit-il, les faits, tels qu’ils ont été. «C’était en pleine mer. On s’est concertés, la veille, pour aller dans le bateau, pendant la nuit et voler.

Quand on est entrés dans le bateau, le propriétaire a crié. Il a, d’abord, essayé de nous affronter. C’est à ce moment que je l’ai maîtrisé et fait coucher sur le lit pour l’étrangler. C’est moi qui l’ai étranglé avec l’oreiller. J’ai retenu l’oreiller sur lui, pendant quelques secondes. Quand je l’ai enlevé, j’ai constaté qu’il était mort. C’est entre mes mains qu’il a succombé», narre-t-il, avec regret.

Malang Camara : ‘’c’est moi qui ai étranglé Gérard avec l’oreiller. J’ai retenu l’oreiller sur lui, pendant quelques secondes. Quand je l’ai enlevé, j’ai constaté qu’il était mort’’

Au juge, Malang Camara explique : «je n’ai pas utilisé d’objet et je ne l’ai pas, non plus, frappé. On a attaché les mains de sa femme avec qui elle dormait. Je suis, d’abord, passé dans le salon, avant de faire irruption dans la chambre. On était éparpillés dans le bateau. Je suis entré dans la chambre avec Ablaye Ndiaye et je l’ai laissé dans la chambre à coucher, pour aller fouiller les autres pièces. C’est moi qui ai commis le cas de décès, mais je n’ai pas violé la femme».

Ndèye Mour Diaw, épouse du défunt : ‘’ils m’ont ligotée. Après, ils m’ont ramenée dans le salon et ont enlevé mes vêtements, avant de me violer. Tous les trois ont couché avec moi’’

La partie civile, Ndèye Mour Diaw a rejeté en bloc ces allégations. A en croire la veuve de Gérard, tous les trois ont abusé d’elle. «Il était trois heures du matin. Quand ils sont entrés dans le bateau, ils ont commencé à tabasser mon mari. Ce dernier ne pouvait pas se défendre, parce qu’il était handicapé, il boitait. Ils m’ont ensuite ligotée. Après, ils m’ont ramenée dans le salon et ont enlevé mes vêtements, avant de me violer. Tous les trois ont couché avec moi. Quand ils sont partis, j’ai essayé de me détacher. J’ai trouvé mon mari mort, couché au milieu du sang. Il était couché par le ventre, un oreiller sur sa tête. C’est là que j’ai appelé au secours», argue-t-elle.

D’après la femme, les bandits ont pris des ordinateurs et téléphones et beaucoup d’autres matériels. Ils ont pris le petit bateau pour emporter les matériels». Mais elle a dit ne pas reconnaître ceux qui l’ont violée à cause de l’obscurité. «Je laisse tout entre les mains de la justice. Qu’elle fasse son boulot». Tels sont ses derniers mots.

Thierno Ba, l’autre accusé blanchit son acolyte : ‘’j’ai trouvé Ablaye Ndiaye en train de coucher avec la femme. Malang Camara n’a pas violé la femme’’

Quant à Thierno Ba, il a blanchi son co-accusé, Malang Camara, sur le cas de viol. D’après lui, seul, Ablaye Ndiaye, a couché avec lui. «J’ai trouvé Ablaye Ndiaye en train de coucher avec la femme. Malang Camara n’a pas violé la femme. Quand il a surpris Ablaye en train d’abuser de la femme, il lui a demandé, d’un ton menaçant : ‘’c’est ça qui t’emmène ?’’

De l’avis de l’avocat général, il y a un enjeu de pénalité dans cette affaire. Toutefois, il n’a pas douté de la culpabilité des accusés. «Les prévenus ont une réputation sulfureuse à la baie de Hann, prouvée par le passé pénal d’un d’entre eux. Ils ont ciblé Gérard Galé parce qu’il revenait tout juste d’Europe. Il n’a pas été étranglé à main nue. Il n’avait aucune possibilité de résistance».

L’avocat général : ‘’les prévenus ont une réputation sulfureuse à la baie de Hann, prouvée par le passé pénal d’un d’entre eux. Ils ont ciblé Gérard Galé parce qu’il revenait tout juste d’Europe’’

L’avocat général a été dubitatif sur le cas de viol collectif. «Ndèye Mour avait dit, à l’enquête, qu’elle a été violée dans sa propre chambre, sous les yeux impuissants de son mari». Il a ainsi demandé qu’on écarte le crime de viol collectif pour retenir le viol simple. Pour le sort des accusés, il a demandé l’abaissement de la pénalité, car il n’y a pas eu de préméditation. D’autant plus qu’ils n’étaient pas partis avec le dessein de tuer quelqu’un. La preuve, ils n’avaient pas apporté d’armes avec eux. Il a demandé qu’ils soient déclarés coupables de vol en réunion avec violence.

Les deux avocats de la défense ont salué le brillant réquisitoire de l’avocat général. Pour eux, l’intention de l’homicide n’est pas établie en l’espèce. Ils demandent, également, à la Cour de considérer que c’est un viol simple et implorent une application bienveillante de la loi. Car, dit l’un d’eux, les condamner à perpétuité, c’est les condamner à une mort lente, mais sûre. A l’issue des débats, la Cour d’appel a mis l’affaire en délibéré au 27 janvier 2021.

Adja Khoudia Thiam, (Stagiaire Actusen.sn)

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