Pendant que le directeur des Opérations d’urgence sanitaire, Dr Alioune Badara Ly, corrigeait Ousmane Sonko, son collègue Ousmane Dia, directeur des Etablissements publics savonnait les planches au leader du Pastef, Ousmane Sonko. En atteste cette interview accordée à ‘’Source A’’. Que ça soit du pourcentage de Sénégalais infectés au coronavirus après s’être vaccinés dans certains Centres de santé à Dakar, des Services de maternité qui seraient fermés pour laisser la place aux malades du coronavirus ; des Cte désinstallés par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale ou des 250 lits d’hospitalisation exposés devant les caméras lors de la 1ère vague de la Covid-19 et qui ne seraient pas été achetés mais plutôt emprunter à l’époque à la société Elipse project, Dr Ousmane Dia a tout expliqué.
Source A : Pourquoi le Sénégal est parmi les rares pays en Afrique de l’Ouest qui subit une 3ème vague ?
Ousmane Dia : On parle de vague, parce que c’est la montée ou la remontée de la contamination. Et sa baisse est enregistrée régulièrement parce que c’est le pic épidémiologique. A partir de là, nécessairement, le Sénégal a été classé premier pays de l’Afrique de l’Ouest. De par la clarté des informations données, mais aussi par la justesse de ces informations et la véracité des informations qui sont fournies régulièrement, ainsi que la communication qui est axée autour de ces informations pour expliquer aux Sénégalais la situation de l’épidémie au niveau du pays. Donc, vouloir dire que le Sénégal est le seul pays, c’est totalement faux. Et l’essentiel pour le Sénégal, c’est l’un des seuls pays à avoir un système d’informations cohérent, fiable et qui a donné les meilleures informations sur la situation, contrairement aux autres pays qui ne déclarent qu’une partie ou même ne déclarent pas. Donc pour ça, le Sénégal n’a rien à envier.
Source A : En termes de statistiques, est-ce que vous avez le pourcentage de Sénégalais infectés au coronavirus après s’être vaccinés ?
O.D : En termes de statistiques, le Sénégal a toutes les statistiques nécessaires. Nous avons l’un des meilleurs systèmes d’information en Afrique et tout récemment, ce qui a été dit c’est que la clarté des informations données par le Sénégal est un exemple dans le Continent. On a mis en place un système de traque qui nous permettra, d’ici au 12 juillet, de disposer de toutes les informations relatives au nombre de personnes contaminées et décédées. Mais aussi qui nous permettait d’avoir le nombre de personnes vaccinées-contaminées. Et pour ça, tout est mis en œuvre à travers le traqueur qui a été acheté par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
La performance du Sénégal, c’est le fait d’avoir pu prendre en charge le coronavirus sans pour autant que cela n’ait un effet ou un impact sur le fonctionnement des autres services, c’est-à-dire en prenant en charge le coronavirus, le Sénégal est arrivé à assurer à la permanence et la continuité des services.
Source A : Que répondez-vous à ceux qui disent que, dans certains Centres de santé à Dakar, les Services de maternité sont été fermés pour laisser la place aux malades du coronavirus ?
O.D : A ce jour, aucun Centre de santé, aucun hôpital, n’a vu sa maternité fermée pour y mettre les malades du coronavirus. Le Sénégal a construit des Centres de traitement des épidémies et des rares fois où des services ont été sollicités, c’est parce que le risque d’infections était élevé ou bien les malades qui étaient dans ces services étaient des personnes vulnérables. Pour éviter d’exposer ces personnes, ces Services ont été délocalisés, le temps de prendre en charge la Covid.
Les seuls services qui ont été pris, ce sont les services des maladies infectieuses et les services des maladies internes hôpitaux pour parer à l’afflux massif de malades et à une réorganisation qui aurait permis de prendre en charge toutes ces personnes. Donc, à l’heure actuelle, aucune maternité n’abrite un Centre de traitement des épidémies. Elles continuent à fonctionner et le Sénégal est arrivé à mettre en place des blocs chirurgicaux pour des personnes qui ont la Covid et qui devraient faire l’objet d’une césarienne. Et à partir de là, il y a eu un recentrage des centres de prise en charge.
Source A : Il est dit que les zones tampons dans les centres de santé manquent de tout ?
O.D : Pour les autres tampons, la compréhension n’est pas la même par rapport à ceux qui donnent certaines informations parce que les autres tampons sont des reconditionnements des patients pour qu’ils puissent aller vers les Cte. Les autres tampons n’ont pas pour vocation de garder les malades longtemps, mais juste de les stabiliser, de mesurer leur détresse respiratoire et le risque qui peut être vital ou pas sur leur vie. Ensuite, à travers la régulation avec le Samu, de les envoyer directement au niveau des centres de traitement. Et c’est ça qui a été à l’origine de la mise en place des autres tampons qui sont juste des zones de passage pour tous les patients Covid avant d’être admis dans les différents Cte ouverts au niveau du pays.
Source A : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les Cte ont été désinstallés par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale ?
O.D : Malheureusement, il y a une fausse allégation. Elypse n’a pas autorisé, mais c’est le président de la République qui a autorisé l’utilisation des lits qui étaient destinés aux différents hôpitaux en construction. Et pour ça, les lits qu’on avait achetés, il y avait un surplus de près de 500 lits qui étaient des lits de réserve. Ce sont ces lits de réserve qui ont été puisés pour renforcer la prise en charge au niveau des Centres de traitement et disposer de lits beaucoup plus confortables et adéquats plutôt que les autres lits qui pouvaient être à l’origine d’escarre au niveau des patients qui étaient hospitalisés.
Source A : Savez-vous que les 250 lits d’hospitalisation exposés devant les caméras lors de la 1ère vague de la Covid-19 n’ont pas été achetés comme on le prétend ? Mais plutôt emprunter à l’époque à la société Elipse project.
O.D : C’est le ministre le Santé et de l’Action sociale qui a demandé l’autorisation au président de la République de puiser une partie de ces ouvrages pour que ces lits soient destinés aux Cte et permettent aux différents patients qui étaient hospitalisés d’être à l’aise pour pouvoir supporter les affres et les difficultés liées à l’hospitalisation. Et même par ailleurs, le directeur d’un hôpital a pu donner en don près de 350 lits au Ministère de la Santé et que ces lits ont été placés un peu partout dans les Centres de traitement régionaux. Et cela a permis de disposer de tout l’arsenal nécessaire pour la prise en charge des patients. Donc, aucune empreinte n’a été faite. Tous ces lits, à la fin de la Covid, vont intégrer ces hôpitaux et être dans leur patrimoine.
Source A : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les Cte ont été désinstallés par le MSAS ?
O.D : Pour les Cte, aucun Cte n’a été désinstallé et aucune note n’a été signée par le ministre pour demander de désinstaller des Cte. Au contraire, ce qui a été demandé, c’est de mettre en place un système de contrôle, de veille et d’alerte. Ce qui a été acté et que le ministre a accepté, c’est plutôt de réduire les dépenses de ces centres de traitement où il n’y avait quasiment plus de malades parce qu’à cette époque, le Sénégal ne comptait que 35 malades dans les Centres de traitement qui étaient au nombre de 24. Donc, il s’agit des personnels qui devaient aller dans les autres services, après les activités de l’hôpital. Parce que ces contrats ont été signés pour un an et pour qu’on ne laisse pas ces médecins, sages-femmes et infirmiers rester chez eux. Donc, l’idée a été de les replacer dans les différents services pour qu’ils renforcent le personnel, de prendre les équipements acquis et de les utiliser dans le fonctionnement des autres services.
Dès qu’il y a eu un rebond de la Covid-19, automatiquement, tous les Cte ont repris leurs activités à 100%. C’est ça qui nous a permis, en un temps-record, de pouvoir redémarrer l’essentiel des Centres de traitement qui étaient ouverts depuis la première vague
Source A : Le personnel de santé attend toujours ses primes après des vacations dans les Cte en 2020…
O.D : Pour les primes, toutes les structures hospitalières ont été dotées par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale entre 30 et 100 millions F Cfa pour leur permettre de faire face aux arriérés de primes. Ces arriérés sont des incompréhensions du fait de la fermeture de certains Cte qui n’avaient plus de malades et qui étaient dans une certaine attente et en état de veille et d’alerte. Et au moment opportun, ces personnes sont sorties pour réclamer leur dû.
Or, le Ministère avait pris des dispositions pour leur dire que, dorénavant, tant que le Cte n’a pas de malades, aucune prime n’est due. Mais au vu de la situation et des difficultés liées à cette incompréhension, le Ministère a décidé de donner encore ces primes, mais de les réguler. C’était des incompréhensions et aujourd’hui, tout est dépassé parce que le Ministère a viré les ressources nécessaires, pour payer une partie de ces créances, en attendant que leur virement ne soit fait pour leur permettre d’apurer totalement ces dettes dues aux personnels-soignants.
Propos recueillis par Mansour SYLLA