Après 30 ans de vie conjugale, le couple Penda Mbengue et Alphousseynou Sall traverse une période trouble. La preuve, pas plus tard qu’hier, ils se sont invités à la barre des flagrants délits de Dakar pour laver leur linge sale. En effet, l’épouse a ébouillanté son homme d’huile chaude. À la barre, ce dernier s’est désisté de sa constitution de partie civile. Hélas, ce désistement n’a pas empêché le Tribunal de coller à la prévenue une peine de 2 ans assortie du sursis.
Il y a des hommes qui sont d’une ingratitude inouïe. Une fois qu’ils convolent en secondes noces, c’est le début du calvaire pour la première épouse. Car, cette dernière est reléguée au second au profit de sa rivale. Alphousseynou Sall est accusée d’avoir agi de la sorte. Hélas pour lui, sa femme Penda Mbengue a eu mal à diriger son comportement. À peine a-t-il commencé à prendre ses distances d’avec celle avec qui il avait convolé en premières noces que Penda l’a aspergé d’huile chaude.
Traduite devant la Justice, la mise en cause, âgée de 56 ans, a balayé d’un revers de main les faits de coups et blessures volontaires à conjoint qu’on lui impute. À l’en croire, c’est son époux qui s’est ébouillanté, lui-même en tentant de jeter par terre la marmite contenant de l’huile qu’il a retirée du fourneau.
Le juge à la prévenue : «tu aurais pu atterrir à la Chambre criminelle. Il me semble que tu ne mesures pas la gravité des faits»
«Il a épousé une autre femme qu’il a emmenée à la maison, le dimanche. Quand ils sont arrivés, j’étais tranquillement couchée dans ma chambre. Ainsi, il nous a demandé, ma fille Binta et moi, de saluer l’hôte. Ce que nous avons fait sans broncher. Mais le lendemain, vers 11h, alors que j’étais en train de cuisiner, je l’ai entendu insulter. J’ai demandé à Binta de ne pas répliquer. C’est ainsi qu’il s’est défoulé sur moi, en m’abreuvant d’injures. Pire, il m’a enjoint de quitter la maison conjugale», narre la prévenue.
Poursuivant, elle précise que, dans la mêlée, son époux, par ailleurs partie civile, s’est brûlée avec l’huile qui était dans la marmite, au moment où il tentait de le déverser par terre. «Il a l’habitude de déverser la marmite, à chaque fois qu’on se dispute. J’avoue que l’huile n’était pas aussi chaude. On s’est tiraillé la marmite et c’est en ce moment qu’il s’est brûlé la main droite», se dédouane-t-elle. Ce, avant que le juge lui dise ce qu’elle encourt si, par malchance, le pire arrivait : «tu aurais pu atterrir à la Chambre criminelle. Il me semble que tu ne mesures pas la gravité des faits.»
Accusée en même temps que sa mère d’avoir menacé de mort la partie civile et non moins son père, El Hadji Malick Sall s’est également confondu en dénégation. «Je n’étais pas présent à la maison, au moment des faits. Mais quand j’ai vu ma mère derrière les barreaux, je ne pouvais pas ne pas réagir mais je ne l’ai pas menacé de mort.»
Le mari, en pleurs, se désiste de sa constitution de partie civile et disculpe son épouse
C’est avec une main rougie par les brûlures que la partie civile, Alphousseynou Sall, s’est présentée à la barre. Malgré cette douleur, il a éprouvé de la compassion, à l’égard de sa femme, en versant de chaudes larmes. Mieux, il s’est désisté de sa constitution de partie civile, en déclarant n’avoir jamais porté plainte contre son épouse. S’agissant des faits qui ont valu à Penda son face-à-face avec le juge, Alphousseyni a abondé dans le même sens que cette dernière.
«C’est l’huile avec laquelle il faisait la cuisine qui m’a brûlé. J’ai saisi la marmite avec ma main ; sinon, elle allait déverser cette huile sur mon visage. J’avoue que, souvent, on a des problèmes en raison de sa jalousie excessive», indique-t-il. Interpellé sur le délit de menace de mort qui est reproché à son fils El Hadji Malick Sall, le plaignant dira : «c’est au Poste de Police qu’il m’a menacé de mort, en me disant que si sa mère passe la nuit en prison, moi aussi, je ne passerai pas la nuit sur terre. Mais, je leur pardonne.»
Le réquisitoire salé de la déléguée du procureur
Très remontée contre la partie civile, la représentante du Ministère public a déversé toute sa colère sur elle. «Il faut aviser ton épouse, avant que tu amènes ta seconde femme dans ta maison. Tu as une première épouse et tu lui dois du respect. Tu l’as heurtée, en conduisant ta seconde épouse dans sa chambre. C’est toi qui as enflammé ta maison. Quiconque à qui on cherche une coépouse se fâche.
‘’Yenay tal seen keur yi après fitneu bou amé nguen né dafa violente »», peste la parquetière qui a requis l’application de la loi pénale à l’encontre des deux prévenus. L’avocat de la défense a sollicité une application bienveillante de la loi pénale en faveur de ses clients. Finalement, le Tribunal a condamné la mère à une peine de deux ans assortie du sursis et relaxé le fils.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)