On ne dira pas assez: la communication du président de la République est catastrophique! Depuis son accession à la magistrature suprême, Macky Sall cherche sa… voix. En vain. Malgré les nombreux remaniements dans son entourage, sa communication (verbale et non verbale) est souvent parsemée de biais, de dérives langagières, de bourdes. Et la polémique née de l’audience qu’il a accordée à Djibril Nom, ex-mandataire de la coalition Yewi askan wi à Matam, qui a disparu avec les listes au moment du dépôt des candidatures, est une illustration parfaite du mauvais coaching de Macky Sall par Seydou Gueye, coordonnateur du pool de communication du Palais. Car, en voulant narguer son opposition à travers cette photo, qui a fait le tour de la toile, le président de la République reconnait, implicitement, qu’il est le « parrain’ de ce coup fourré Matam.
S’il est vrai que chaque peuple n’a que le dirigeant qu’il mérite, beaucoup de Sénégalais restent encore attachés à certaines vertus. Alors, en s’affichant fièrement(?) avec un homme politique comme Djibril Ngom, Macky encourage des contre-valeurs comme la, la traitrise, la roublardise. En termes de communication politique, cette image est contreproductive. Car, lorsqu’on décrypte les éléments de langage cette affaire, on peut penser que Macky a perdu sa sérénité pour élections locales à venir puisque sa hantise de perdre dans le Fouta le pousse à attaquer ses adversaires politiques par le bas de la centaine. Sinon comment comprendre l’obstination de certains préfets, qui ont été déboutés par les Cour d’appel, à vouloir faire invalider par tous les moyens les listes de la coalition Yewi askan wi?.
L’autre conséquence de cette audience, c’est le sentiment ‘d’injustice » qu’elle a fait naitre au sein de l’APR. D’ailleurs le communiqué de la COJER nationale est évocateur de ce malaise créé par le sieur Ngom. « Ceci n’est pas normal, l’entourage du président n’est pas du tout bon », lit-on dans un communiqué rendu public. Pour ces jeunes du parti au pouvoir, donc, « les vrais militants ne sont pas reçus par le président, mais les traitres et les transhumants« . En communication, tout ne doit pas être dévoilé sur la place publique. A fortiori, lorsqu’on occupe le poste de président de la République. Certaines choses relèvent d’une cuisine interne au parti, d’autres, du secret d’Etat. Cela permet d’éviter une dysfonction. Apparemment, le coordonnateur du pole de communication de la Présidence de la République, ignore ces aspects.
Depuis que Seydou Gueye est revenu dans l’attelage gouvernemental-après une longue traversée du désert-, son patron Macky multiplie les erreurs communicationnelles. Récemment, beaucoup d’observateurs ont été étonnés d’entendre le leader de l’APR dire, devant ses militants à Paris, qu’il a « autorisé certaines listes parallèles » dans son camps. Un aveu qui peut être lourd de conséquent au sein de la mouvance présidentielle dans la mesure où, c’est Macky, lui-même, qui avait interdit toute liste parallèle au sein de la coalition Benno Bok Yakaar pour ces locales. Même s’ils ne disent pas tout haut, certains alliés dont les militants sont frustrés par ces investitures, ont le sentiment d’avoir été dupé par Macky Sall. Depuis 2012, le président de la République, a « consumer » plusieurs conseillers en communication (Abou Abel Thiam, Souleymane Jule Diop, Yaxam Mbaye, Mamadou Thiam, Abou Latif Coulibaly, El Hadji Hamidou Kassé », mais c’est avec Seydou Gueye que les choses se compliquent. Frimeur devant l’éternel, l’homme évite les débats contradictoires, et préfère les one to one avec certains organes de presse qu’il choisit et dont le protocole d’interview est soigneusement élaboré. Lorsqu’il s’agit de sujets politiques qui interpellent le parti, Seydou Gueye, porte-parole de l’APR, envoie son adjoint, Abdou Mbow, au charbon. Ce dernier, de manière laborieuse, s’efforce à convaincre les Sénégalais.
Source: Dakar7.com