Encore un coup dur pour les ménages qui peinent à joindre les deux bouts, au quotidien. En plus du riz, de l’huile et de l’oignon, le coût du sucre a flambé. En effet, pour permettre à la Compagnie sucrière sénégalaise d’écouler son produit, le prix du sucre en poudre passe de 600 F Cfa à 700 F Cfa, voire même 750 F. Cette décision prise par le ministère du commerce irrite les consommateurs qui devront faire face à cette hausse.
Le Ministère du Commerce a procédé aux nouvelles restitutions du coût du sucre la semaine dernière. Une décision qui accable les ménages qui en plus de la hausse du prix des autres denrées subiront cette nouvelle épreuve. Croisé à l’arrêt de bus au croisement Keur Massar, ce père de famille est outré par la situation actuelle du pays. Cartable à la main, Malick Wane est vêtu d’une chemise beige assortie d’un pantalon marron. Le professeur de Lycée, d’un visage accueillant, indexe les autorités étatiques qui, pour lui, ne cherchent pas de solution face aux flambées des denrées de première nécessité mais accablent encore plus les sénégalais en augmentant le prix du sucre. Une décision qui est pour lui ‘’égoïste’’ et ne tient pas en compte la peine des familles. Contrairement à un bon nombre de sénégalais, il estime que les grossistes n’ont rien à voir avec ce problème. Ils cherchent plutôt à tirer profit de leur activité. « Je pense que Macky Sall veut nous achever, une bonne fois. Il devrait prendre leçon de la mobilisation faite ces trois derniers jours car il est bien possible de faire pareil pour contester ces hausses de prix pas pour le sucre seulement mais le riz, le sucre, l’huile etc… », peste notre interlocuteur.
Malick Wane : «ces milliards jetés tous les jours par la fenêtre pouvaient bien servir de moyen pour reconstituer les coûts des denrées et soulager les ménages…»
Il est 9 heures, une heure où l’arrêt de bus est très fréquenté. Le Sénégal en miniature ! Les élèves qui se pressent à prendre les ‘’car rapide’’, des mamans qui reviennent du marché avec le sac rempli, les bus qui se succèdent sans oublier des apprentis qui animent les lieux en cette heure de course avec la montre. En ce moment, les vendeurs de café commencent à tourner leur activité. A moitié réveillés, les clients savourent leur dose matinale (thé, café, citron) avant de prendre un moyen de locomotion.
En attente du bus 57 pour rallier l’établissement privé où il dispense des cours, d’un ton ferme, notre intervenant souligne les dépenses « inutiles » de ce gouvernement qui « n’a pas le sens de la priorité ». Malick Wane de poursuivre : « ces milliards jetés tous les jours par la fenêtre, pouvaient bien servir de moyen pour reconstituer les coûts des denrées et soulager les ménages au lieu de vouloir nous soutirer tous les jours de l’argent en passant par des taxes injustifiées. Nous ne sommes pas ces porte-monnaie ! »
Papa Matar Niang : «nous n’avons pas le choix. Nous ne pouvons pas acheter cher et vendre moins cher. Nous allons chercher d’abord notre profit. En ce moment, le Kg est à 700 Fcfa. Nous exigeons des explications de la ministre du commerce parce que ce qu’elle a fourni en guise d’explication ne tient pas la route»
Du côté des fournisseurs, les avis ne se diversifient pas. La preuve, Pape Matar Niang, pointe un doigt accusateur au chef de l’Etat qui, dit-il a profité de l’occasion où les sénégalais se sont concentrés sur la Can pour donner des coups bas. Après de nombreux va-et-vient des clients, le grossiste au marché Castors, derrière son comptoir, livre ses commentaires : « Nous n’avons pas le choix. Nous ne pouvons pas acheter cher et vendre moins cher. Nous allons chercher d’abord notre profit. En ce moment, le Kg est à 700 FCFA. Nous exigeons des explications de la ministre du commerce parce que ce qu’elle fournit en guise d’argument ne tient pas la route. Cette situation est invivable ».
L’indisponibilité de cette denrée alimentaire est aussi engendrée par l’importation qui stagne: «Déjà, ça fait plus de deux semaines que le sucre se fait rare sur le marché et ce, pour des raisons banales. Les populations ont largement le droit de choisir le produit à consommer. Cette hausse du prix ralentit nos activités. C’est malhonnête et exagéré. Déjà, parce que je n’ai pas de sucre, un client peut annuler toute une commande». Visiblement exaspéré, Pape Matar souligne «le mal-être des parents qui restent les plus grands impactés de cette histoire. En plus des dépenses quotidiennes salées, ils vont porter le fardeau de ce nouveau changement !»
Aminata Gassama : «Le sucre est introuvable dans notre localité à Keur Massar. C’est très difficile, la vie devient de plus en plus chère».
Si la plupart des ménages de la capitale craignent la hausse du coût du sucre , ceux de Keur Massar peinent à en trouver. Aminata Gassama ne dira pas le contraire. La dame de teint noir, les mains chargées de sachets bien remplis, est gérante d’une boutique de transformation fruitière. Pour son activité, le sucre est un élément incontournable. Elle sillonne les ruelles du marché pour en acheter quel qu’en soit le prix. « Ces derniers jours, beaucoup de produits de première nécessité sont en hausse sans aucune explication. En plus de l’oignon, de la pomme de terre, de l’huile, et de la viande, le prix du sucre a grimpé aussi», fait-elle remarquer. Elle affirme que le sucre est introuvable à Keur Massar et que c’est très difficile, la vie devient de plus en plus chère.
Aïssatou TALL, (Stagiaire-Actusen.sn)