La polémique a enflé ce dimanche lorsque le président Macky Sall fut accueilli à Paris par le ministre de la Fonction Publique Annick Girardin 15ème sur le rang protocolaire du gouvernement français. Un accueil qualifié de honte par certains esprits. Cependant cette polémique évanescente a été vite rangée au placard puisque son soubassement n’était vraiment pas solide. Elle tenait plus d’une volonté manifeste de saper une visite historique et mémorable à tous points de vue que de tout autre chose. Le coup est raté. L’histoire de la visite officielle de Macky Sall en France est une légende diplomatique à inscrire dans les rapports séculaires entre la France et le Sénégal.
Certes les présidents Senghor et Abdou Diouf furent les premiers à obtenir une telle consécration de la France inscrite au protocole pour un chef d’Etat Sénégalais, il reste que celle de Macky Sall débutée ce lundi est sans commune mesure sur le plan des accords signés, du calendrier, du cérémonial et surtout de la médiatisation. Alors s’arc-bouter sur une querelle inutile sur l’accueil est une volonté manifeste de faire mal ou de jeter du sable dans le couscous d’une visite réussie à tous les niveaux. Mais il sera bon pour un homme comme moi qui a passé une quinzaine d’années de sa vie en France d’apporter quelques précisions sur le système protocolaire français. Le président Macky Sall ne sera pas le premier chef d’Etat du monde à être accueilli à l’aéroport par un ministre français.
Dans l’histoire protocolaire de la France, il sera très difficile de remonter à un événement où le chef d’Etat de France accueille à la descente de l’avion un homologue en visite en France. Les faits récents confirment cette assertion. Le tout puissant Obama président des Etats-Unis en visite au mois de mai 2009 en France a été accueilli par le ministre français des Affaires Etrangères Bernard Kouchner à Orly. Le président Sarkozy ne s’était pas rendu à l’aéroport pour l’accueil. Un autre fait. La puissante reine d’Angleterre en visite de deux jours en France en 2014 n’a pas été accueillie à sa descente d’avion par le président français.
La reine Elisabeth II fut accueillie par la Garde républicaine et des officiels français. Un autre exemple. Le président cubain Raoul Castro a été le premier chef d’Etat en visite d’Etat en France en 2016. Il a été accueilli par le ministre de l’Ecologie Ségolène Royal. Et encore à la différence de ces chefs d’Etat cités plus haut, le président malien Ibrahima Boubacar Keita n’a été reçu au pavillon d’honneur de l’aéroport international Orly que par le préfet du Val-de-Marne. Au Mali, on n’en a pas fait une polémique. Tout le contraire chez nous, où des spécialistes en tout s’arrogent un droit de critiques pour souvent des broutilles alors que l’essentiel est ailleurs.
A mon humble avis, pérorer sur un accueil par un ministre français quoique 15ème sur le protocole est accessoire. C’est le lieu de souvenir que le président Abdoulaye Wade est allé puiser au niveau le plus bas du protocole gouvernemental pour choisir Cheikh Hadjibou Soumaré. Ce dernier occupait le poste de ministre du Budget, cela n’avait indigné personne à l’époque ni Abdoulaye Diop tout puissant ministre des Finances à l’époque et numéro 3 du Gouvernement et patron du même Hadjibou Soumaré. Tous les ministres sont d’égale dignité, le rang protocolaire n’est qu’une mesure organisationnelle. Et d’ailleurs, Cheikh Hadjibou Soumaré nommé Premier ministre de juin 2007 à avril 2009, fut rangé parmi les Premiers ministres les plus compétents de notre pays.
L’essentiel, c’est que le drapeau sénégalais a flotté sur la plus belle avenue du monde, les Champs Elysées, tous les lampadaires de cette belle avenue depuis la Place Charles De Gaulle. Même les célèbres Café des Champs Elysées, le « Fouquet’s », « Café Georges V », « La maison du Danemar» sont aux couleurs du Sénégal. Un fait inédit qu’il faut saluer parce que de rares pays au monde ont eu droit à de tels honneurs qui magnifient les relations séculaires entre le Sénégal et la France. Mais si Marianne rend honneur à notre pays, il ne faut guère faire dans la fine bouche, c’est grâce à l’engagement et surtout au leadership du président Macky Sall tant sur le plan intérieur qu’africain et mondial.
D’ailleurs cette vision développée par le président Macky Sall a été confortée par le président François Hollande qui s’est aligné sur la position du chef d’Etat sénégalais sur le dossier de la Gambie. François Hollande écarte toute idée de négociations pour le départ de Yaya Jammeh. Une fermeté qui rejoint celle de Macky Sall qui a été dès le début de cette affaire sur une approche constante alliant lucidité et courage politiques.D’ailleurs à propos de la Gambie contrairement à la position du secrétaire général de la Cedeao brandissant la menace militaire, le président de la République a une carte maîtresse non négligeable pour régler ce problème.
Par un blocus, terre, air et mer, le chef de l’Etat provoquera une axyphyxie économique de la Gambie, histoire de faire reposer les mâchoires du Sénégal après un long bâillement.Yaya Jammeh, c’est comme un buffle poursuivi par une meute de lions jusqu’à la lisière du fleuve où l’attend des crocodiles affamés, qui n’aura aucune issue fatales’il s’entête à rester au pouvoir. L’essentiel à retenir, c’est que la visite d’Etat de Macky Sall restera dans les annales de la diplomatie sénégalaise et surtout un point d’histoire dans nos relations d’histoire avec la France.
En outre, la forte communauté sénégalaise en France sortira grandie par la visite officielle d’Etat du président de la République. Elle sera vue désormais d’un autre regard par les Français, mais aussi par les autres communautés. Et je suis d’avis qu’une visite aussi importante ne peut être dévaluée, mais si on a cherché à vouloir amener la délégation dans un hôtel IBIS, je me dis aussi c’est un choix de personnes dévaluées. C’est bien dommage…
Baba TANDIAN