La Présidence de la République ne devrait pas garder le silence face à l’interpellation de l’ancien Premier ministre, Aguibou Soumaré. C’est l’avis du Pr Moussa Diao, enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Pour l’enseignant, le service de la communication de la Présidence devait apporter une réponse face aux inquiétudes de l’ancien Premier ministre qui a reçu des informations qu’il veut vérifier.
« Avez-vous récemment donné de l’argent à une personnalité politique française ? Dans l’affirmative, est-ce un montant de 12 millions d’euros soit environ 7,9 milliards d’argent d’un pays catalogué Pays Pauvre Très endetté ? Surtout quand on sait que la haine et le rejet de l’autre ont toujours été utilisés par le parti, comme véhicule d’une ascension politique ? » Telles ont été les trois questions posées par l’ancien Premier ministre sous le régime de Me Abdoulaye Wade. Des questions qui restent jusqu’à présent sans réponse officielle. En effet, le service de communication de la Présidence n’a encore pipé mot sur ces questions. Et pourtant, cela ne devrait pas être le cas, estime l’enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
«Si, aujourd’hui, il décide de poser ces questions, c’est sûr qu’il a reçu des informations et qu’il veut faire une comparaison avant de donner son avis sur la question. Et rien que pour cela, le service de la communication de la Présidence devait apporter une réponse officielle.»
Pour Moussa Diao, pour ne pas le nommer, la Présidence devait apporter une réponse officielle et ne pas se contenter de la sortie du ministre Birame Faye. «Certes, estime l’enseignant, Aguibou Soumaré peut faire cette sortie en tant qu’acteur politique, puisqu’il en est un avec une formation politique, mais il ne faut pas oublier qu’il ne s’est presque jamais prononcé sur beaucoup de questions d’actualité. Il a toujours gardé le silence.» «Donc, poursuit Pr Diao, si aujourd’hui, il décide de poser ces questions, c’est sûr qu’il a reçu des informations et qu’il veut faire une comparaison avant de donner son avis sur la question. Et rien que pour cela, le service de la communication de la Présidence devait apporter une réponse officielle. Nous sommes en démocratie et les débats font partie de la démocratie.»
L’enseignant n’a pas manqué de rappeler que Me Abdoulaye Wade avait fait pareil avec Alex Segura du Fmi, même si cela est anormal. Dans tous les cas, Birame Faye, ministre, auprès du Ministre de l’Intérieur, chargé de la Sécurité de proximité et de la Protection civile, jure, la main sur le Coran, que le chef de l’Etat n’a remis aucun centime à la parlementaire française. «Le président n’a offert qu’un livre à Marine le Pen en espérant que sa lecture l’amènerait à plus de relativisme et à privilégier le dialogue des civilisations cher à Senghor», informe-t-il.
‘’Un tête-à-tête entre un président de la République et une députée est tout à fait normal’’
Pour rappel, le chef de l’Etat avait reçu la parlementaire, en voyage au Sénégal, le mercredi 18 janvier dernier au palais présidentiel. Une audience qui a duré une heure et qui n’a pas été bien perçue par une partie des acteurs qui ne partagent pas l’avis de la responsable du Rassemblement national. Toutefois, sur ce point aussi, l’enseignant ne fait pas partie de ceux qui critiquent cette rencontre. Pour Moussa Diao, un tête-à-tête entre un président de la République et une députée est tout à fait normal surtout lorsque cette dernière a fait un déplacement dans le cadre de la coopération de développement. « Mieux, souligne-t-il, elle doit être reçue pour lui montrer nos réalités. Elle changera de position, peut-être, après cette rencontre.»
Seynabou Fall
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