Le Président Macky Sall a présidé ce lundi la cérémonie solennelle de remise des prix aux lauréats du Concours général des classes de Première et de Terminale. ‘’Opportunités et défis de l’intelligence artificielle dans le système éducatif sénégalais ». Tel est le thème retenu. Dans son discours, le chef de l’État s’est réjoui de présider cette cérémonie qui distingue «nos meilleurs élèves des classes de Première et de Terminale de notre pays». Il a également fait ses adieux en déclarant «l’année prochaine, je ne présiderai pas cette cérémonie, mais je serai toujours de tout cœur avec l’école sénégalaise».
Voici l’intégralité de son discours
Chers lauréates et lauréats,
La cérémonie de remise des Prix du Concours général des classes de Première et de Terminale est un temps fort de la nation, parce que c’est la fête de l’excellence, du travail et du mérite reconnus et récompensés. C’est pourquoi j’éprouve toujours un réel plaisir de venir présider ce rendez-vous annuel avec nos meilleurs élèves des classes de Première et de Terminale de notre pays.
L’éducation, composante essentielle de l’Axe II du Plan Sénégal Emergent, n’a pas de prix. Je ne reviendrai pas ici sur les efforts et les investissements que nous lui consacrons, puisque Madame Coumba Niang DIOP en a donné une belle illustration dans son brillant discours d’usage ; rappelant, en même temps, la nette amélioration des résultats aux examens sur la décennie écoulée.
Ceux de cette année, du CFEE au Bac, en passant par le BFEM, s’inscrivent d’ailleurs dans cette dynamique positive.
Je vous remercie, Madame, pour ce témoignage sur nos efforts, et vous félicite chaleureusement pour l’excellente qualité de votre exposé sur le thème du jour : opportunités et défis de l’intelligence artificielle dans le système éducatif sénégalais. En plus de son contenu pertinent, votre discours ravive de fort belle manière le souvenir de la dissertation bien faite : la thèse, l’antithèse et la synthèse.
Je retiens de votre discours une démarche exhaustive et éclairante, qui met en évidence les avantages de l’intelligence artificielle, alerte sur ses dangers, et propose pour notre système des perspectives d’appropriation des technologies de pointe. Vous avez raison de pointer du doigt l’ambivalence de l’intelligence artificielle. Nous avons vu en pleine pandémie de COVID-19, comment la technologie moderne peut soutenir les secteurs clefs de la santé, de l’éducation, du travail et du commerce, pour ne citer que ces domaines parmi tant d’autres.
D’autre part, nous vivons au quotidien les dérives de cette même technologie, devenue par son usage dévoyé une fabrique de fake news qui répandent à grands débits la tromperie, la manipulation, la haine, le radicalisme et la violence. C’est dire que l’intelligence artificielle nous plonge dans un tourbillon où s’entremêlent progrès, incertitudes et interrogations.
Comment transmettre à nos enfants nos valeurs de culture et de civilisation, quand, à longueur de journée, ils sont exposés à d’autres modes de pensée, d’action et de vie, souvent véhiculés par des gens sans qualification, qui s’arrogent prétentieusement le titre d’influenceur ? Comment protéger la vie privée quand elle est constamment épiée et exposée à la frénésie des réseaux sociaux ? Comment sauvegarder l’avenir du travail quand la robotique élimine par millions des corps de métiers, et pas seulement manuels ? Ces questions montrent l’ampleur et la complexité de la tâche qui nous attend si nous voulons saisir les opportunités de l’intelligence artificielle et prendre en charge les défis qu’elle pose, dont le premier, à mon sens, est d’éviter le nivellement par le bas de notre société et de notre système éducatif. C’est ce qui arrive quand l’intelligence artificielle nous rend paresseux à la lecture, à l’écriture, et plus grave encore, à la réflexion.
C’est ce qui arrive lorsque dans une inversion malveillante des rôles, la technologie présente le faux pour le vrai, l’injuste pour le juste, les derniers pour les premiers ; et lorsqu’elle viole les valeurs éthiques et morales. Cela pose en dernière analyse la question fondamentale de la gouvernance à l’échelle nationale et internationale des usages de l’intelligence artificielle, y compris celle des réseaux sociaux.
Mesdames, Messieurs,
En parcourant le palmarès de cette édition, je constate pour m’en réjouir qu’une centaine de prix ont été attribués dans les différentes disciplines. Nos lauréates et lauréats ont du mérite. J’y reviendrai Je voudrais distinguer ici les meilleurs parmi eux, Cheikh Thioub, du Lycée d’Excellence de Diourbel et Mademoiselle Safiétou Koné, du Lycée d’Excellence Mariama Bâ. Bravo Cheikh et Safiétou pour vos excellents résultats.
Je vous en félicite. Toutefois, nos brillants récipiendaires du jour ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt. Je remarque en effet que pour plusieurs disciplines, aussi bien en classes de Première que de Terminale, les premiers et deuxièmes prix n’ont pas été attribués. Il est urgent que nous réfléchissions davantage sur les causes de ces contre-performances afin d’améliorer les résultats des prochaines éditions. Dans le même esprit, je dois exprimer ici ma grande préoccupation devant une certaine tendance pernicieuse qui consiste à détourner l’école de sa vocation d’éducation et de formation.
C’est très grave qu’un enseignant, censé être un éducateur, abuse de l’ascendance et de l’autorité qu’il a sur ses élèves en les incitant à la violence dans des manifestations de rue. La violence, sous toutes ses formes, n’a pas de place dans la société, encore moins à l’école.
L’école et l’université ne sont pas des arènes de gladiateurs. Leur vocation est d’éduquer et de former des citoyens éclairés et responsables ; des bâtisseurs, et non des casseurs. Je condamne fermement ces actes inacceptables, dont les auteurs sont heureusement minoritaires et ne représentent nullement notre système éducatif. Je saisis l’occasion pour rendre hommage à toute la communauté éducative ; enseignants, personnels administratifs et techniques, pour leur contribution précieuse à l’éducation de nos enfants. Nous leur en sommes reconnaissants. Chers lauréates et lauréats, Après une année scolaire de dur labeur, vous méritez les honneurs qui vous sont rendus aujourd’hui devant vos parents et la nation. Je suis fier de vous, et je vous félicite chaleureusement. Vous êtes des exemples pour notre jeunesse. Et pour vous motiver davantage, j’ai voulu vous offrir comme parrain le Ministre Daniel CABOU, un illustre fils de notre pays.
Après de brillantes études au Sénégal, le doyen Cabou est admis en classes préparatoires au prestigieux Lycée Louis Le Grand, puis au Concours d’entrée à l’École Nationale de la France d’Outre-Mer, d’où il sortira Administrateur civil. Patriote dans l’âme, il démissionnera de la fonction publique française pour être au service du Sénégal à l’indépendance.
Il fut plusieurs fois Ministre entre autres hautes fonctions. Sa brillante carrière est un modèle de compétence, d’intégrité morale, d’esprit républicain et de discrétion sans faille. Ces qualités qui distinguent les grands serviteurs de l’Etat et de la nation lui valent d’être membre du Conseil de l’Ordre national du Lion, après plusieurs décorations.
Le doyen Daniel CABOU est un modèle de grâce, d’humilité et de générosité. La lettre qu’il m’a adressée pour accepter d’être le parrain de cette édition en porte témoignage, puisqu’il y cite des compatriotes de sa génération qui, à ses yeux, auraient mérité cet honneur.
Merci, cher doyen Cabou. Je vous rends un vibrant hommage, avec tous nos vœux de bonne santé et de bien-être. Ainsi, chers lauréates et lauréats, l’œuvre de votre illustre parrain, brillante tel un rayon de soleil, vous est offerte en viatique, afin qu’elle vous inspire, pour que vous restiez parmi les meilleurs, dans les études et la vie de tous les jours. Souvenez-vous toujours de votre parrain, pour rester ambitieux et compétents, mais humbles, pour cultiver le savoir et le savoir-faire, sans jamais oublier le savoir-être ; c’est-à-dire la tenue et la retenue. C’est ce qui fera de vous de grands hommes et de grandes dames. Bonne chance à toutes et à tous, sur le chemin qui vous reste à parcourir.
Je félicite les Ministres en charge de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, leurs équipes, le corps enseignant, et l’ensemble des acteurs et partenaires qui ont contribué à l’organisation de cette cérémonie du Concours général. Je remercie tous les partenaires de l’école sénégalaise qui continuent de soutenir cette fête de l’excellence. En honorant nos lauréates et lauréats, héros du jour, nous ne pouvons pas oublier les parents, nos héros de tous les jours ! Où sont les parents ? Je souhaite qu’on les applaudisse très fort. Les parents sont les meilleurs dans les matières les plus difficiles. Ce sont eux qui résolvent les équations les plus compliquées : celles qui consistent à chercher les moyens de nous nourrir, nous habiller, nous loger, nous soigner et nous éduquer.
Merci chers parents. Nous vous devons respect et gratitude. L’année prochaine je ne présiderai pas cette cérémonie, mais je serai toujours de tout cœur avec l’école sénégalaise, parce qu’elle forme nos enfants, le devenir de notre nation.
Toutes et tous, continuons de soutenir notre école, pour réaliser le Sénégal de nos rêves : le Sénégal des grands esprits, lumineux et cultivés ; le Sénégal des esprits ouverts et tolérants, qui dialoguent et se concertent ; le Sénégal des esprits citoyens et républicains, qui respectent les lois et les Institutions ; le Sénégal des esprits travailleurs, des esprits bâtisseurs, qui ne détruisent pas, qui ne brûlent pas nos maisons, nos commerces, nos moyens de transport, nos lieux de culte, nos écoles, nos universités et nos bibliothèques ; le Sénégal des esprits bienveillants, qui pratiquent notre vivre ensemble, qui soignent et protègent nos valeurs de culture et de civilisation, pour le bien des générations actuelles et des générations futures. Voilà le Sénégal que nous aimons et pour lequel nous devons continuer de travailler. Vive l’école, vive la République, vive le Sénégal !
Je vous remercie de votre aimable attention.