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Accusations entre candidats déclarés à la présidentielle de février 2024 : l’avis tranché de spécialistes

La situation qui prévaut dans l’arène politique, marquée par des accusations et des contre-accusations entre candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle, est un jeu conforme à l’esprit démocratique. C’est du moins la conviction de certains analystes politiques dont le Pr Moussa Diaw et le journaliste Issa Sall. Pour ces derniers, ce comportement est tout à fait normal même s’il n’est pas toujours productif.

En cette période de précampagne, l’espace politique est marqué par des pratiques  inédites. En effet, au moment où le pays s’apprête à organiser une élection présidentielle, sans la participation du président sortant, les acteurs, les candidats déclarés pour être plus précis, optent pour une stratégie  marquée par des accusations et contre-accusations afin d’écarter ou de décrédibiliser leurs adversaires. « Ils s’adonnent à un jeu peu conforme à l’esprit démocratique », reconnaît Pr Moussa Diaw de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, joint par SourceA. Abondant dans le même sens, l’ancien directeur de publication de Nouvel horizon, Issa Sall, a rappelé : «Tous les acteurs politiques ont le droit d’utiliser les moyens qu’ils veulent pour faire de la politique. Reste à savoir si c’est payant pour eux. Si c’est payant, ils ont opté pour la bonne stratégie dans le cas contraire, ils ont échoué dans leur stratégie».

Issa Sall, ancien directeur de publication de Nouvel Horizon : «Chaque leader politique peut avoir un comportement mais cela ne veut pas dire que ce sera payant»

De l’avis de l’analyste, joint par votre canard, «nous sommes dans un pays de liberté donc chacun est libre de dire ce qu’il veut. Chaque leader politique peut avoir un comportement mais cela ne veut pas dire que ce sera payant. L’essentiel est qu’il faut être dans la légalité et dans la courtoisie républicaine. Si on sort de ce cadre, cela peut être contre-productif». En tout état de cause, constate l’enseignant chercheur, Pr Moussa Diaw, «plutôt que de rivaliser sur la confrontation de programmes et de débat d’idées permettant d’enrichir la démocratie dans sa substance,  il est fait place à une forme de guerre, fondée sur la calomnie, le dénigrement et la répression des adversaires politiques».

Des pratiques qui ne sont pas sans conséquences, souligne-t-il. De l’avis du professeur en sciences politiques, « ces nouvelles pratiques renforcent la tension et les suspicions entre des politiques qui s’éloignent davantage des valeurs et principes qui fondent la démocratie. Cela alourdit l’atmosphère politique et conforte les incertitudes d’une élection cruciale pour le pays. Les conséquences de cette façon de faire la politique sont productrices de climat délétère qui peut constituer le lit de crise politique majeure d’autant que  la confiance n’existe plus et les conditions réelles de consensus s’amenuisent pour céder à la méfiance et à la violence».

Pr Moussa Diaw : «ces nouvelles pratiques renforcent la tension et les suspicions entre les politiques»

L’enseignant chercheur souligne : «Il convient de réparer ce manquement par des actes politiques pouvant lever les équivoques dans le déroulement du processus électoral. Sans aucune initiative de cette nature, le Sénégal court le risque de sombrer dans l’incertitude pouvant plomber son avenir rempli de bonnes perspectives au regard de l’exploitation des richesses naturelles comme le gaz et le pétrole».

Seynabou FALL (Actusen.sn)

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