L’Association des Juristes Sénégalaises (Ajs), à l’occasion de son 50e anniversaire, a organisé un symposium sous-régional les 22, 23 et 24 octobre 2024 dans un hôtel de la place. La Déléguée générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (Der/fj) a assisté à la cérémonie de clôture. Lors de son discours, Aïda Mbodj a exposé les nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées ces braves femmes. «Ayant été première femme maire de Bambey, première femme présidente de conseil départemental, première femme présidente de groupe parlementaire, j’ai été témoin des dynamiques de pouvoir et des difficultés rencontrées par les femmes dans des espaces traditionnellement dominés par les hommes. La question du leadership féminin ne se limite pas à l’obtention de postes de pouvoir, mais à la capacité de ces femmes leaders à s’imposer durablement, à inspirer et à transformer les sociétés dans lesquelles elles évoluent», a-t-elle déclaré.
«Ayant été première femme maire de Bambey, première femme présidente de conseil départemental, première femme présidente de groupe parlementaire, j’ai été témoin des dynamiques de pouvoir et des difficultés rencontrées par les femmes dans des espaces traditionnellement dominés par les hommes»
Tout au long de mon parcours, poursuit la ‘’Lionne dy Baol’’, j’ai constaté que l’accès aux postes de décision reste l’un des obstacles majeurs pour les femmes. «Les pesanteurs sociales et les préjugés culturels sont encore profondément ancrés dans nos sociétés. Nous faisons face à une résistance tacite, où l’on questionne encore la capacité des femmes à diriger, à prendre des décisions éclairées, et surtout à concilier leur rôle de mères, d’épouses, avec celui de leader», indique-t-elle. A l’en croire, «être une femme en politique, c’est se battre chaque jour pour prouver sa légitimité. J’ai souvent été confrontée à cette double attente : être à la hauteur dans ma vie publique, tout en répondant aux exigences de la vie privée. Nous devons constamment jongler entre nos obligations familiales et nos responsabilités professionnelles. Mais c’est précisément cela qui montre notre force et notre résilience».
«Tout au long de mon parcours, j’ai constaté que l’accès aux postes de décision reste l’un des obstacles majeurs pour les femmes. Être une femme en politique, c’est se battre chaque jour pour prouver sa légitimité. J’ai souvent été confrontée à cette double attente : être à la hauteur dans ma vie publique, tout en répondant aux exigences de la vie privée»
Cependant, renchérit la patronne de la Der/Fj, au-delà des obstacles externes, nous devons aussi regarder en nous-mêmes et dans nos pratiques. «La compétition entre femmes, parfois orchestrée par des facteurs externes, freine souvent notre progression. Si nous voulons bâtir un leadership féminin durable, il est impératif que nous cultivions l’entraide, la solidarité, et que nous devenions les alliées les unes des autres, quelles que soient les obédiences respectives. Au fil des années, et au-delà des difficultés que j’ai rencontrées, deux grandes leçons se sont imposées à moi comme des vérités nécessaires pour asseoir un leadership féminin durable», rappelle Aïda Mbodj. «La première est la constance dans ses choix et valeurs. En politique, il est tentant de céder aux compromis ou au pouvoir, mais c’est en restant fidèle à ses principes que l’on bâtit la confiance et l’inspiration. La constance permet de devenir un repère dans ce monde incertain», a-t-elle dit.
«La compétition entre femmes, parfois orchestrée par des facteurs externes, freine souvent notre progression. Si nous voulons bâtir un leadership féminin durable, il est impératif que nous cultivions l’entraide, la solidarité, et que nous devenions les alliées les unes des autres, quelles que soient les obédiences respectives»
La deuxième leçon, souligne-t-elle, est l’humilité face à ceux que nous représentons. «Trop souvent, nous politiques, pensons détenir les solutions, alors que le peuple comprend souvent mieux les enjeux qui le concerne. Notre devoir est d’écouter, de comprendre et de rester en lien avec la réalité de nos concitoyens. Un leadership véritable et durable repose sur cette humilité et cet esprit de service. Je rappelle que le chemin vers un leadership féminin fort est encore long. Ensemble, nous devons soutenir les jeunes générations de femmes, créer des politiques inclusives et veiller à ce que nos lois, comme celle sur la parité, deviennent des réalités tangibles. Ce colloque a dressé un état des lieux des droits des femmes et ouvert des perspectives. Il ne s’agit plus seulement d’obtenir des législations, mais de veiller à leur application, tout en tenant compte des nouveaux défis, qu’ils se nomment ‘’changement climatique’’ ou ‘’enjeux sécuritaires’’», précise-t-elle.
«Nous avons la responsabilité d’ouvrir les portes que notre génération a eu du mal à franchir. Le leadership féminin durable ne sera possible que si nous restons unis dans nos actions et constantes dans nos valeurs. Nous devons continuer à nous battre pour l’égalité, non pas seulement pour nous-mêmes, mais pour toutes les femmes qui n’ont pas encore la voix ou l’espace pour le faire».
Aida Mbodj a terminé son discours en ces termes : «nous avons la responsabilité d’ouvrir les portes que notre génération a eu du mal à franchir. Le leadership féminin durable ne sera possible que si nous restons unis dans nos actions et constantes dans nos valeurs. Nous devons continuer à nous battre pour l’égalité, non pas seulement pour nous-mêmes, mais pour toutes les femmes qui n’ont pas encore la voix ou l’espace pour le faire. Je vous encourage à faire de la constance et de l’humilité vos boussoles, car c’est ainsi que nous pourrons réellement bâtir un avenir où notre leadership, fait de perspectives uniques, des solutions innovantes, et d’une résilience à toute épreuve, sera non seulement respecté, mais considéré comme une norme et non plus une exception».
Mansour SYLLA (Actusen.sn)