L’Etat du Sénégal n’a pas apprécié le comportement de l’UE dans le processus de délivrance du carton jaune dans le cadre de la lutte contre la pêche illicite. Ce jeudi, la ministre des pêches, des infrastructures maritimes et portuaires est revenue sur le carton jaune qui a été délivré au Sénégal par l’Union européenne dans le cadre de la lutte contre la pêche illicite. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Fatou Diouf n’apprécie nullement le comportement de la structure face à cette situation et pour cause.
« Le 3 juin dernier, la délégation sénégalaise de l’Ue basée à Dakar avait notifié à l’Etat du Sénégal une décision relative à la possibilité d’être recensé et être inscrit en tant que pays tiers non coopérant dans le cadre de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non règlementée et il lui a décerné un carton jaune. À cet effet, le département avait réagi à cette décision en fournissant tous les éléments de réponse par lettre en date du 26 juillet 2024 accompagné d’un plan d’action de lutte contre la INL. À partir de cette date, un processus de concertation formelle a été ouvert entre les deux parties », a-t-elle d’emblée expliqué.
« Il avait été retenu le partage du texte avant la publication pour observation, mais… »
C’est dans ce cadre, ajoute-t-elle, « qu’une mission de suivi et de dialogue de la démarche de l’Ue a séjourné à Dakar du 7 octobre au 2 novembre 2024 et a échangé avec nos services concernés. Le Sénégal est, aujourd’hui dans l’attente du rapport officiel comportant les recommandations de ladite mission ».
Seulement, face à la presse, la patronne du département des pêches n’a pu s’empêcher d’émettre des réserves sur la sortie de l’Ue tant dans la forme que dans le fond pour les raisons suivantes. Fatou Diouf a expliqué que lors de l’audience accordée à l’ambassadeur de l’Ue, 72h avant la sortie de leur communiqué, la délégation leur avait expliqué les raisons de leur adresse à la presse. « Ce que nous avons salué avant de rajouter un point sur les exportations. Il avait été retenu le partage du texte avant la publication pour observation. Mais, finalement et à ma grande surprise, c‘est un document définitif qui m’a été envoyé le jour même de la conférence à 10h09mn. Nous avons pu constater que dans leur communiqué, ils ont plus accusé le Sénégal de pays non coopérant à la lutte contre la pêche INM malgré les efforts consentis depuis mon installation à la tête du département pour une gestion transparente de nos ressources halieutiques ».
« À ma grande surprise, c‘est un document définitif qui m’a été envoyé le jour même de la Conférence à 10h09mn »
La ministre a tenu à préciser que « le carton jaune que l’Ue justifie par des défaillances de certification et des pratiques de pêche illicite concernerait des faits qui datent entre 2019 et 2020, donc bien avant l’installation de notre gouvernement. C’est une responsabilité qu’on nous a fait endosser au nom de la continuité de l’Etat et que nous sommes en train de gérer et d’assumer ».
Fatou Diouf d’ajouter que depuis ce carton jaune, le Sénégal a travaillé à apporter les correctifs nécessaires. « À ce titre, l’Etat du Sénégal attend de l’Ue des mesures prises contre ses propres entreprises importatrices qui ont bénéficié de ces produits incriminés et dont la responsabilité doit être située. Nous demandons à l’Ue de prendre des mesures contre ces entreprises qui ont bénéficié de ces produits dans le cadre de sa responsabilité en tant que État du marché, comme nous allons le faire au Sénégal et que nous avons commencé ».
Aussi, confie-t-elle, « j’avais demandé les raisons de la délivrance du carton jaune seulement, maintenant et en réponse, elle avait dit que le contexte préélectorale n’était pas favorable pour communiquer. Donc, vous comprenez notre surprise la communication de l’Ue sur ce même carton jaune en pleine campagne électorale et à 72h de la tenue des élections législatives. Je pense qu’il n’y a pas eu constance ».
Actusen.sn