Le maire de Dakar n’a pas été avare en mots, face à la presse, ce lundi. Barthélémy Dias s’est prononcé sur la possible révocation de son mandat de maire par décret présidentiel. Et l’édile de la capitale sénégalaise, qui invoque l’article 135 du Code général des collectivités territoriales, ne compte pas se laisser faire.
Depuis quelques jours, la révocation de Barthélémy Dias à la Mairie de Dakar alimente les débats, depuis que sa radiation a été actée par le bureau de l’Assemblée nationale. Pour la première fois, Barthélémy Dias s’épanche sur le sujet. Et le premier magistrat de la capitale sénégalaise a été catégorique et n’a aucune intention de laisser faire. La raison est à chercher dans les dispositions du Code générale des Collectivités territoriales en son article 135. « Lorsque le maire ou tout autre conseiller municipal est condamné pour un crime, sa révocation est de droit », rappelle-t-il. Or, il n’a jamais été condamné pour un crime mais plutôt pour un délit. Donc, martèle-t-il « nous ne bougerons pas d’un iota ! Ce qui m’importe c’est le mandat que les Dakaroises et Dakarois m’ont confié ».
Aux tenants du pouvoir, il dira : « vous avez la responsabilité du respect de l’Etat de droit et des règles et lois en vigueur. Dans une République, on ne peut passer son temps à enlever à d’honnêtes citoyens leurs mandats électifs parce qu’on a décidé qu’on est fâchés ou parce qu’on est vindicatifs ». Maintenant, a-t-il souligné, l’Etat a la possibilité, voire le droit d’envoyer les Inspections pour des audits de gestion. Le cas échéant, le maire dit ne rien craindre. « Cela quinze ans que j’occupe les fonctions de maire. Je connais l’Inspection général d’Etat (Igf) et la Cours des comptes. J’ai été audité plusieurs fois et je n’ai jamais été interpellé pour un quelconque manquement ». Droit dans ses bottes, Barthélémy Dias poursuit en ces termes : « je ne me laisserai pas marcher dessus. Auditez la Mairie autant de fois que vous voudrez. Je n’ai rien à craindre ».
« J’ai été audité plusieurs fois et je n’ai jamais été interpellé pour un quelconque manquement »
Très confiant et satisfait de son accomplissement depuis qu’il a accédé à la tête de la Municipalité, le socialiste chante haut et fort son bilan qui, d’après lui, est digne d’un bon maire. « Je suis le premier maire à avoir érigé le plus grand centre de dialyse, construit un Lycée technique et scientifique en j’en passe je suis très fier de mon bilan et j’en ai pas encore fini avec les Dakaroises et Dakarois » soutient-il avec. Sur un ton assez taquin, il ajoute qu’il n’a pas passé le temps qu’il est maire à « organiser des set setal ». « Les set setal c’est pour les Asc et pas le travail d’un maire. Mais quand on est dirigés par des médiocres, il est normal qu’il utilise des faux-fuyants ».
Au lieu de vous acharner sur ma personne, occupez-vous des problèmes des Sénégalais. On est face à une perte sèche du pouvoir d’achat, un appauvrissement des citoyens
« Je constate votre incompétence et votre incapacité à diriger et tenir vos promesses. Je ne suis pas votre ennemi et je ne suis pas non plus à l’origine de vos problèmes », dit-il. Car, des problèmes, ils en ont à gogo si l’on en croit le maire de Dakar : combattre la vie chère, relancer l’économie et le social, l’emploi des jeunes qui s’aventurent de plus en plus dans l’émigration clandestine, entre autres. « C’est la première fois qu’au Sénégal, un bailleur comme le FMI se permet de suspendre l’aide au développement jusqu’en juin 2025 », a-t-il déploré. Pour lui, il est important d’être du bon côté de l’histoire dans le concert des Nations. Mais également, comprendre qu’on « ne gère pas un pays comme on gère un poulailler ». Mais en tenant compte des relations historiques, bilatérales, multilatérales et diplomatiques.
« 40% de baisse d’activité avec un effondrement du carnet de commande, le secteur des BTP avec une chute d’activité de 20%, « Le prix du riz est en hausse de 15%, l’huile connaît une hausse de 20%, le pain 10%, les fruits et légumes 40%, les produits laitiers 30%… »
« Au lieu de vous acharner sur ma personne, occupez-vous des problèmes des Sénégalais. On est face à une perte sèche du pouvoir d’achat, un appauvrissement des citoyens ». Cette situation dégradante, marquée par une perte généralisée d’activités dans tous les secteurs, pourrait conduire selon Barth’ à la récession voire une grande dépression. « Je ne vois pas comment on pourrait refaire l’économie à ce rythme ». A titre d’exemple, il cite la situation du Port autonome de Dakar qui a enregistré une baisse de 40% de baisse d’activité avec un effondrement du carnet de commande, le secteur des BTP avec une chute d’activité de 20%. Des chiffres qui émanent des conclusions des rapports de l’ANSD, dit-il.
Concernant les denrées du quotidien, le maire de Dakar évoque des hausses fulgurantes qui ne soulagent guère goorgoorlu. « Le prix du riz est en hausse de 15%, l’huile connaît une hausse de 20%, le pain 10%, les fruits et légumes 40%, les produits laitiers 30%. De mars à décembre 2024, une hausse de 23% sur le prix du m3 a été notée, ainsi que 18% sur le prix du KWH de l’électricité. Alors lâchez-moi les basques et occupez-vous des problèmes des Sénégalais », a-t-il conclu.
Actusen.sn