Malick Ba dit Ousmane est dans de sales draps. Ce maître coranique est accusé de détournement de mineures, pédophilie et viol sur ses trois élèves. Il s’agit de M. D. Sylla, K. Ndiaye et F. Sall. Hier, devant la chambre criminelle, ces jeunes filles ont à tour à tour dessiné le film de leur mésaventure.
M. D. Sylla, qui ouvre les hostilités déclare : «je connais l’accusé. C’est mon maître coranique. Il me violait quand j’étais élève dans son école. Il a abusé de moi à plusieurs reprises. Et à chaque fois, il s’assurait que son épouse soit absente. Quand il m’appelait dans sa chambre soit pour lui préparer le petit déjeuner ou pour nettoyer la pièce, il se déshabillait. Parfois étant tout nu, il me demandait d’aller lui mettre les accents sur les versets du coran qu’il écrivait. Il profitait de ces moments pour me violer. Il me jette sur le lit et brandi un couteau. Il enlevait son pantalon et m’ordonnait de lui caresser son sexe avant qu’il ne me pénètre. Parfois, il m’entraîne en brousse pour me violer là bas. Il n’hésitait pas à me menacer de me tuer ».
F. Sall : «Quand il m’appelait dans sa chambre soit pour lui préparer le petit déjeuner ou pour nettoyer la pièce, il se déshabillait. Parfois étant tout nu, il me demandait d’aller lui mettre les accents sur les versets du coran qu’il écrivait.»
Alors que le public était assommé par ces déclarations, F. Sall avance lentement vers le micro. Ses propos ont suscité la stupéfaction de l’assistance. « Il me demandait d’aller lui faire sa chambre. Une fois dedans, il m’a jeté sur le lit avant de me doigter après avoir enlevé mon pantalon. Il posait juste son sexe sur le mien. Il me remettait une pièce de 100 frs mais je la jetais à chaque fois. A chaque fois, il s’assurait que sa femme soit partie au marché », a soutenu F. Sall. Âgée de 11 ans .
K. Ndiaye a subi le même sort que F. Sall et M. D. Sylla. « J’étais son élève. Il avait l’habitude de me conduire dans sa chambre pour me violer. Ce, en l’absence de son épouse. Pour m’attirer vers lui, il me demandait de venir lui mettre les accents et points sur les versets qu’il écrivait », dit-elle.
D Sylla : « Pour m’attirer vers lui, il me demandait de venir lui mettre les accents et points sur les versets qu’il écrivait »
Des accusations que le comparant conteste avec véhémence. Malick Ba, la cinquantaine révolue, dit être victime de cabale. Selon lui, c’est un complot ourdi par la mère de M. D. Sylla. « La mère de celle-ci a seulement voulu prendre les enfants et les inscrire à l’école française, alors que leur père voulait qu’ils étudient dans mon daara. C’est la dame qui est derrière tout ça et c’est elle qui a influencé les autres parents », lance-t-il dès l’entame de ses propos.
Si à l’enquête il avait reconnu qu’il sollicitait les filles pour qu’elles nettoient sa chambre, il a réfuté cette allégation hier, à la barre. Selon lui, il habite dans cette maison avec ses enfants et ses deux épouses.
Mais, ses propos sont battus en brèche par le père de M. D. Sylla. Entendu à titre de renseignement, il déclare : « ma femme est venue un soir me voir pour m’aviser des actes du maître coranique. Ça m’a tellement surpris puisqu’on à toujours eu de bons rapports. Je n’ai jamais été au courant de cette décision de ma femme de récupérer les enfants et de les inscrire à l’école française ».
Malick Ba, l’accusé, dégage en touche et parle de complot ourdi par la mère de l’une de ses anciennes disciples, avant d’être sèchement démenti par le l’époux de cette dernière
Quant à la sœur de F. Sall, elle renseigne qu’elle a été informée des agissements de l’accusé par M. D. Diatta. À l’en croire, cette dernière était venue voir sa petite sœur en la suppliant de rien dire sinon Oustaz va la tuer. « Elle tremblait en ce moment-là. Toutes les deux m’ont avoué que le maître coranique abusait d’elle. J’en ai parlé à ma mère », a témoigné la grande sœur de F. Sall. Ce que la gamine M. D. Diatta a corroboré à la barre.
Les parents des filles n’ayant rien réclamé en guise de dédommagement, le maître des poursuites a pris la parole pour ses réquisitions. Il a d’emblée requis l’acquittement de l’accusé en ce qui concerne le détournement de mineure.
Le procureur a requis 10 ans de réclusion criminelle ; l’avocat de l’accusé exige l’acquittement de son client au motif que « les certificats médicaux des filles parlent d’hymen intacts »
« Pour le viol, il y a 3 mineures qui accusent leur maître coranique. Le certificat médical révèle des actes d’attouchement et de frottement sur les petites lèvres. Cela établi le chef de pédophilie. Ce qui pose problème ici c’est l’imputabilité. Les déclarations des mineures corroborent sur le fait que c’est leur maître coranique, Malick Ba qui est l’auteur d’actes de pédophilie commis sur elle. Il faut l’en déclarer coupable. Il est leur maître coranique, une personne ayant autorité sur elles », a affirmé le représentant du ministère public qui a requis 10 ans de réclusion criminelle contre le maître coranique. Selon lui, ce dernier ne mérite pas la clémence du tribunal.
Me Abdoulaye Tall sollicite l’acquittement de son client d’autant plus que dit-il, les certificats médicaux des filles parlent d’hymens intactes.
L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 7 janvier 2025.
Actusen.sn