Entre le maire déchu de la ville Dakar et le Comité d’organisation des jeux olympiques, le courant ne passe plus. Alors que le Conseil municipal était en retraite du 19 au 22 (hier), le comité d’organisation des JOJ a voulu débouter Dias-fils, à la séance du samedi, quand Barth a débarqué sur les lieux. L’épisode a d’ailleurs été marqué par des tiraillements de part et d’autre dans une salle de l’hôtel Palm Beach où les travaux se sont tenus. Mais, c’était sans compter sur la position de Barthélémy Dias qui, comme on le connaît, est resté droit dans ses bottes. Ce sont les membres du Comité d’organisation des JOJ qui ont finalement boudé la séance, laissant le maire déchu dérouler.
Barthélémy Dias et le Comité d’organisation des jeux olympiques de la jeunesse (COJOJ) à couteaux tirés
Disons que Barthélémy Dias n’a pas apprécié l’incident. « Je tiens à vous dire que je ne commenterai pas le comportement du COJOJ (Comité d’organisation des Jeux Olympiques de la jeunesse de Dakar 2026), parce que je considère que ce n’est pas une organisation politique, et pour ceux qui ne le savent pas, je suis le président du COJOJ », dira-t-il d’emblée. Afin que nul n’en ignore, il revient sur les débuts des préparatifs de ces jeux, depuis le magistère de Khalifa Sall à la tête de la mairie de Dakar : « Voici des gens qui ont obtenu 112 millions d’euros sur la base de la signature de la mairie de Dakar. Et le maire de Dakar qui a signé l’acte, était à l’époque en prison, Khalifa Sall pour le nommer. Si la mairie de Dakar n’avait pas signé, n’avait pas candidaté, il n’y aurait pas de Jeux olympiques pour la jeunesse. » Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Barthélémy Dias poursuit : « 112 millions d’euros ! Vous pouvez faire le calcul. Vous êtes quasiment à 80 milliards de F Cfa. Ces gens veulent gérer l’argent tout seul. La ville de Dakar n’a aucune visibilité et n’a pas un euro là-dessus. Et ça, c’est à dénoncer. Il est temps que les Sénégalais le sachent ! »
Le maire déchu sort les cafards du COJOJ qui a boudé le conseil municipal : «Sur trois projets dans le cadre de l’héritage de la ville de Dakar, une brochette de personnes dans le Comité vous dit qu’il n’en peut financer aucun. Alors qu’ils ont 80 milliards ?»
Tenant dans la foulée à rappeler les raisons qui poussent une ville à présenter sa candidature pour le JOJ, Barthélémy Dias parle de l’héritage de ces jeux. « Cela veut dire qu’aujourd’hui, ces gens ne sont pas en mesure de vous dire ce qu’ils sont disposés à faire pour la ville de Dakar, en termes d’infrastructures. Tous les projets qu’on leur a donnés, ils les ont rejetés. Ils travaillent tout seul », dénonce-t-il, soutenant qu’il communiquera dès ce lundi pour revenir sur ce qu’il a appelé « le scandale qui se passe au COJOJ. » En attendant, il lève un coin du voile en ces termes : « Une petite brochette de personnes ne peuvent pas garder par-devers eux quasiment 80 milliards, au nom d’une ville qui a candidaté et ne sont même pas en mesure de vous dire, voici les terrains synthétiques qu’on peut aménager dans vos quartiers, voici les bandes de terres qu’on peut aménager et transformer en parcours sportifs. On leur a donné trois projets : La corniche des HLM (un projet étudié, ficelé et chiffré), le boulevard de la Gueule-Tapée qui quitte la Place de l’Obélisque et qui va jusqu’à Abass Ndao et le VDN3 (l’extension, après le cimetière de Yoff). Sur trois projets, ils vous disent qu’ils n’en peuvent financer aucun. Où se trouve l’héritage de la ville de Dakar ? »
A l’attention du COJOJ, il précise : «Prendre le stade Iba Mar, le réfectionner, ce n’est pas de l’héritage ! Iba Mar Diop, c’est de l’existentiel. Partir à la piscine olympique et faire des investissements, ce n’est pas non plus un héritage, c’est de l’existentiel»
Donnant l’exemple de la ville de Paris, il ajoutera : « l’héritage de la ville de Paris aujourd’hui, ce sont des lignes de métro supplémentaires, des lignes de tramway supplémentaires, tout le village olympique à Paris a été transformé aujourd’hui en logements sociaux. Il n’y a aucune ville au monde qui a eu à organiser des jeux olympiques et qui n’a pas d’héritage. » Et au Comité d’organisation des JOJ, il attire l’attention : « Prendre le stade Iba Mar, le réfectionner, ce n’est pas de l’héritage ! Iba Mar Diop, c’est de l’existentiel. Partir à la piscine olympique et faire des investissements, ce n’est pas non plus un héritage, c’est de l’existentiel. Nous avons le droit d’obtenir et d’exiger un héritage pour la ville de Dakar et ça même les gens de l’Agence Française de Développement que nous sommes allés voir, comprennent ce que nous expliquons. »
«Si vous les laissez faire, depuis que le monde existe, le Sénégal sera le premier pays à organiser des jeux olympiques et à rafler zéro médaille. (…) Même si je ne suis pas là, vous (le Conseil municipal) devez vous battre pour que Dakar puisse être considérée et respectée parce que la capitale qui a candidaté, ce n’est pas le CNOSS.»
Aux yeux de Barth, au contraire, le Comité d’organisation n’a aucune vision pour s’atteler aux tâches qui lui sont dévolues. « Est-ce que vous pensez que c’est trop demander pour aménager la corniche des Hlm ? Je crois que le coût tournait autour de 3 à 4 milliards ? Est-ce que vous pensez aujourd’hui que c’est trop demander pour aménager le boulevard de la Gueule-Tapée en un parcours sportif pour à peu près un coût d’un peu moins de 2 milliards ? Est-ce que vous pensez que c’est trop demander pour aménager un parcours sportif sur la corniche pour un coût de 3 milliards ? Mais qu’est-ce qu’on demande de trop ici ? Voici le problème qu’on a avec ces gens. Les gens qui sont au Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) n’ont pas été élus par la population de Dakar. Ils ont 80 milliards mais ils n’ont rien à investir », insiste Dias-fils. Il conclura en ces termes : « Si vous les laissez faire, depuis que le monde existe, le Sénégal sera le premier pays à organiser des jeux olympiques et à rafler zéro médaille. Vous savez pourquoi ? Il n’y a aucune fédération impliquée, il n’y a aucune ligue impliquée. Et il est temps que le CIO soit informé. Alors au lieu de venir aujourd’hui parler de choses qui les concernent, ils décident qu’ils ne rentrent pas dans la salle au prétexte qu’il y a une situation politique qui ne les regarde pas. Même si je ne suis pas là, vous (le Conseil municipal) devez vous battre pour que Dakar puisse être considérée et respectée parce que la capitale qui a candidaté, ce n’est pas le CNOSS. »
Amadou DIA (Acttusen.sn)