C’est un Didier Deschamps fidèle à lui-même, tout en décontraction et en sérénité, qui s’est présenté devant la presse au Stade de France, à la veille de la finale de l’Euro contre le Portugal. Le sélectionneur national est focalisé sur la possibilité d’accrocher un titre, «surmotivé» par la chance de pouvoir vivre un tel événement devant le public français. Et il l’assure, les joueurs sont dans le même état d’esprit.
Didier, depuis votre changement de système, Antoine Griezmann s’est rendu indispensable, estimez-vous qu’aujourd’hui, vous ne pouvez plus changer de système si vous souhaitez le placer dans les meilleures conditions ?
Antoine est dans une position qu’il connaît puisqu’il y joue régulièrement en club, même s’il évolue aussi parfois sur le côté à l’Atlético. Aujourd’hui, grâce à ses performances, on essaie de le mettre dans les meilleures conditions et ça demande des aménagements au sein de l’équipe. Mais il est capable de jouer dans un autre rôle et d’être tout autant décisif.
Pensez-vous que les performances de Laurent Koscielny, qui apparaît comme l’un des tout meilleurs défenseurs du tournoi, sont suffisamment mises en avant ?
Laurent est un habitué du groupe France. Il était déjà à la Coupe du monde même s’il n’avait pas joué tous les matches. Il a plus d’expérience, il est aussi dans la continuité de sa saison avec Arsenal, au cours de laquelle il a su se montrer régulier.
Comment doit-on aborder une finale selon vous: en faire un jour exceptionnel ou un match comme les autres pour éviter la pression ?
C’est un peu des deux… C’est un moment exceptionnel, privilégié, unique, avec un titre au bout. Et il faut y penser, sans trop y penser… Il ne faut bousculer toutes ses habitudes, et l’idéal est d’arriver le plus décontracté possible sur le match, en étant le plus concentré. Pour moi qui ai joué quelques finales en tant que joueur, c’est évidemment différent. Je ne peux plus courir, mais j’ai encore l’adrénaline. Je le vis bien, je n’ai pas de stress, pas de pression. De l’excitation, oui, mais pas d’ondes négatives, que ce soit avant ou pendant.
Remporter un trophée est toujours difficile. C’est encore plus dur en équipe nationale
Didier Deschamps
Dimanche, si la jeune génération Pogba, Griezmann, Martial devait remporter l’Euro, ne serait-ce pas une très bonne chose pour la suite de leur carrière et le futur des Bleus ?
Le match de dimanche aura évidemment des conséquences pour la suite. Nous avons cette opportunité de remporter un titre, et que les joueurs aient 18, 20, 25, 30 ou plus, remporter un trophée est toujours difficile. C’est encore plus dur en équipe nationale, car il n’y a que deux compétitions et on doit affronter les meilleurs. Nous devons saisir cette opportunité sans penser à la suite. Les joueurs ont pleinement conscience du privilège de jouer cette finale du championnat d’Europe, chez nous à Paris.
Quel est le style du Portugal, comment les battre ?
C’est une équipe qui a des qualités, elle n’est pas arrivée en finale par hasard, même si elle a été critiquée. Elle est expérimentée, bien organisée et capable de modifier son système pendant les rencontres. Il y a aussi un triangle défensif solide articulé par Pepe, Fonte et William, et d’autres bons joueurs, notamment sur les côtés avec Cédric et Raphaël Guerreiro, qui montent beaucoup pour centrer. Mais ils comptent évidemment beaucoup sur les deux de devant, Nani et Cristiano Ronaldo. Après, ce n’est pas une équipe qui va chercher son adversaire très haut, en revanche, ils se projettent à toute vitesse devant avec leurs deux flèches. Ils passent très vite de la phase défensive à la phase offensive. Et je ne veux pas dire par-là qu’ils ne font que défendre, ils utilisent aussi très bien le ballon.
Et comment stopper Cristiano Ronaldo ?
S’il existait un plan anti-Ronaldo, personne ne l’a encore trouvé… Il est au sommet de son art depuis plusieurs années, marque but sur but en club comme en équipe nationale. C’est un très grand joueur, et il a des qualités énormes sur le plan athlétique, notamment dans le domaine aérien. Il va vite, il va très haut, et il parvient à y rester assez longtemps. Ses tablettes de chocolat doivent y être pour quelque chose… Or il y a deux choses contre lesquelles on ne peut pas trop lutter dans le football, c’est la vitesse et la détente. Le neutraliser, ce serait parfait, mais limiter son rendement, être très attentif à son sujet, ce serait déjà pas mal.
Actusen.com avec football.fr