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Au départ, les femmes les sollicitent pour espacer les naissances : à l’arrivée, les tradipraticiens leur « transmettent » l’infertilité

Entre les deux parties, c’est une histoire qui dure ! Certaines femmes, dans l’optique d’espacer les naissances, finissent très souvent par recourir à la Médecine traditionnelle et à ses tradipraticiens. Au détriment de la Médecine moderne.

A cet effet, elles font des poudres, des plantes, des liquides, entre autres potions de tradipraticiens, leur principale tasse de thé.

Mais attention, il y a danger ! Au motif qu’en voulant se taper ce moyen de contraception d’un autre âge, beaucoup d’entre elles tombent dans les abîmes de ces potions galéniques. Et deviennent, sans le désirer, incapables de donner la vie.

Bref, d’une situation de trop-plein d’enfants, certaines femmes tombent sous le coup de l’infertilité. Ainsi, dans ce mini-dossier réalisé par Actusen.com, les accusations et les contre-accusations fusent de partout, entre tradipraticiens, acteurs de la Médecine et animateurs d’émissions. 

La planification familiale naturelle ou la régulation naturelle des naissances est une des méthodes de contrôle des naissances qui permettent de favoriser une grossesse, ou au contraire de l’éviter. Cette méthode constitue, à ce titre, un moyen de contraception. Il existe des méthodes fondées sur l’observation du cycle menstruel féminin, sur l’allaitement maternel ou sur le retrait masculin.

Ces méthodes sont également regroupées sous l’appellation de méthodes naturelles de contraception. L’appellation de planification familiale naturelle, au sens strict, s’applique aux méthodes d’auto-observation, c’est-à-dire celles qui consistent à observer l’évolution de la fertilité au cours du cycle menstruel et à y adapter sa sexualité.

Au Sénégal, comme un peu partout en Afrique, on rechigne, très rarement, à recourir aux plantes médicinales pour se soigner, souvent, en même temps que les Services de la Médecine moderne. Une sorte d’ouverture et d’enracinement dans le domaine de la santé. Les plantes médicinales sont utilisées, entièrement, ou en partie (feuille, tige, racine, écorce, fruit,…) dans des préparations galéniques diverses.

Un guérisseur : «j’utilise des poudres et du liquide qui favorisent la fertilité. J’ai soigné pas mal de femmes qui ont pu avoir des enfants après une dizaine d’années de mariage »

De nos jours, même si beaucoup de femmes optent la planification familiale moderne, c’est-à-dire les stratégies dégagées par les autorités sanitaires du pays, il n’en demeure pas moins que certaines d’entre elles font recours à la planification familiale avec des produits de la médecine traditionnelle. Cette forme très prisée dans la santé de la reproduction présente des dangers chez la femme pouvant entraîner des infections jusqu’à l’infertilité.

Ainsi, il ne se passe pas un jour, sans qu’on n’entende à la radio ou qu’on ne voie dans les télévisions, entre autres médias de masse au fort taux d’audience, des tradipraticiens qui font passer leurs publicités. Des « guérisseurs » qui prétendent pouvoir tout soigner. Les femmes dans les liens du mariage, qui, pour la plupart, n’ont pas pu contracter de grossesse, après des années de mariage, n’ont pas, souvent, d’autres choix que de faire confiance à ces soi-disant médecins.

Mais erreur ! Car cette affluence n’est pas sans danger. Si certaines y trouvent leur compte, d’autres sont très exposées à développer des maladies évitables. Un guérisseur, qui s’est expliqué sous le couvert de l’anonymat, soutient que la médecine traditionnelle peut bien contribuer à la santé de la reproduction.

« J’utilise des poudres et du liquide qui favorisent la fertilité. J’ai soigné pas mal de femmes qui ont pu avoir des enfants après une dizaine d’années de mariage », martèle notre interlocuteur. Ne voulant pas trop s’épancher sur le sujet, il soutient, mordicus, que la médecine traditionnelle est beaucoup plus efficace que celle moderne.

Ce tradipraticien est d’avis que certains leur font un procès d’intention, sans avoir les preuves de ce qu’ils avancent. Loin de se décourager, le guérisseur en question ratisse large, en faisant des publicités dans les médias de masse et même sur Internet en créant une page  facebook qu’il alimente avec des vidéos de démonstration.

« La médecine traditionnelle ne peut pas être efficace dans la santé de la reproduction », parole de tradipraticien

Selon Abdoulaye Ndiaye qui évolue dans la médecine traditionnelle, la santé de la reproduction devait être réservée exclusivement à la Médecine moderne. Ce tradipraticien , lui, s’active sur des problèmes de dermatologie.

« Ceux qui disent qu’ils peuvent aider une femme à avoir des enfants, racontent des contrevérités. Car les gris-gris qu’ils donnent ne sont pas fiables. Surtout que si la femme voit ses règles, ils perdent leur efficacité. De même que si celles-ci les déposent sur un lit ou qu’ils font l’objet de souillure. C’est autant d’obstacles qui font que je ne peux pas croire à leur efficacité », dit-il.

De son avis, les produits qu’ils font boire à la femme présentent des dangers. « Ils peuvent être de goût amer ou de dosage pas respecté, ce qui peut provoquer des dysfonctionnements dans le cycle menstruel de la femme »; avertit-il.

« Certains animateurs d’émissions font l’objet de corruption de la part de tradipraticiens »

Il dénonce aussi les publicités mensongères et accuse les médias qui acceptent de prendre ce genre de pub. « Ces tradipraticiens payent très cher ces publicités. Cela peut leur coûter jusqu’à plus de 700 mille F Cfa. C’est pourquoi, quand ils parlent dans les médias, ils proposent des soins, qu’ils sont incapables de faire », regrette ce guérisseur.

Il fait savoir que même certains animateurs, qui drivent ces genres d’émissions, font l’objet de corruption de la part de ces derniers qui n’hésitent pas à leur donner de l’argent pour que leurs messages soient plus visibles. « Ils s’enrichissent sur le dos de pauvres Sénégalais qui sont dans une ignorance totale », se désole notre interlocuteur.

« Ces cinq dernières années, la prévalence de la planification familiale a connu une hausse de 12%  à 21% et nous tendons vers une utilisation de 47% d’ici 2020 », rassure la patronne de l’Association des Sages-femmes du Sénégal

L’ex-Présidente de l’Association des Sages-femmes du Sénégal, Maréme Fall, estime que la médecine a existé depuis la nuit des temps.  « Les femmes cherchent à espacer les naissances ou font recours à la médecine traditionnelle, pour avoir des progénitures »; dit Maréme Fall, qui indique que des herbes et des amulettes ont toujours servi aux femmes dans leur santé de la reproduction.

Cependant, fait-elle savoir, « la réalité est tout autre, actuellement. Les médicaments donnés par les tradipraticiens n’ont pas de base scientifique, ce sont des plantes médicinales qui ne sont pas fiables, certaines usagères tombent enceintes contre leur volonté ».

Pour ce spécialiste de la santé de la reproduction, beaucoup de femmes l’ont compris et optent pour la médecine moderne qu’elles jugent plus efficace. « Ces cinq dernières années, la prévalence de la planification familiale a connu une hausse de 12%  à 21% et nous tendons vers une utilisation de 47% d’ici 2020 », rassure Mme Fall.

A l’en croire, les femmes, qui font recourir aux moyens de la médecine traditionnelle, utilisent des produits nuisibles à leur santé et peuvent avoir des infections, car le dosage n’est pas respecté.

A ces manquements, elle ajoute des conséquences comme la diarrhée ou les vomissements, si l’organisme de la femme ne reconnait pas le produit. » Il faut que les femmes aient raison garder et utilisent les méthodes modernes, qui ne sont pas un danger et qui sont efficaces à 90% », préconise la sage-femme.

Ngoya Ndiaye (Actusen.com)

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