ACTUSEN
Contribution

LE PRESIDENT SONKO REND HOMMAGE AUX VICTIMES DU JOOLA

JOOLA

Ils s’appelaient Idriss et Ilyas, ils étaient Nigériens.

Je les ai connus en 2001 à l’Ecole Nationale d’Administration, ils étaient au Sénégal pour les besoins d’une formation de magistrat au Centre de Formation Judiciaire. Nous avions tout de suite sympathisé, des personnes courtoises, polies, pieuses avec lesquelles nous aimions nous retrouver dans la petite mosquée improvisée de l’ENA pour les cinq prières quotidiennes.

Idriss et Ilyas choisirent la région de Ziguinchor pour leur stage régional en 2002, ils étaient euphoriques à l’idée de découvrir une région dont on leur avait vanté la beauté naturelle. Ils la découvrirent, l’aimèrent mais ne revinrent jamais, ni à Dakar ni à Niamey : le 26 septembre 2002 le naufrage du Joola fera des profondeurs de l’océan Atlantique leur dernière demeure.

Cette histoire n’est qu’un échantillon de la dimension encore mal cernée de cette tragédie. Des milliers de personnes de tous âges, races, ethnies, nationalités, genres, religions prises au piège de la ferraille et de l’eau, impuissantes, emportées, à jamais.

Le monde a perdu, l’Afrique a perdu, le Sénégal a perdu. Mais la Casamance a payé le plus lourd tribut en enregistrant parmi ses fils et filles l’écrasante majorité des victimes. Celles-là que les parents continuent encore de pleurer en tout temps et singulièrement en ce jour anniversaire du traumatisme collectif.

La blessure est toujours vive car nous avons tous perdu ce jour-là des parents, proches amis, connaissances.

Je renouvelle mes prières pour le salut de l’âme des disparus, que leur repos soit aussi doux que le murmure des vagues de l’Atlantique qui les a engloutis !

Mais qu’avons-nous fait financièrement et surtout psychologiquement pour soulager les proches des victimes, particulièrement les dizaines d’orphelins causés par cette catastrophe ?

Qu’avons-nous fait pour situer les responsabilités et tirer des leçons conservatoires pour l’avenir ?

On se souvient de l’apparition du Président WADE au lendemain du naufrage, visiblement affecté et appelant les Sénégalais à « l’introspection ». Seize ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Toujours autant d’indiscipline et d’imprudence sur nos routes, nos plages, nos océans et fleuves, nos rassemblements sociaux, sportifs et religieux, nos forêts…

Les drames de Bettenty, du daaka de Médina Gounass et du Stade Demba Diop, de Boffa, les incendies fréquents dans nos marchés et quartiers, les incalculables accidents de la circulation avec leur macabre bilan humain, les naufrages fréquents en méditerranée et les morts de soif et de faim dans le désert du #Sahara sont malheureusement là pour nous rappeler une dure vérité qu’il nous faudra tôt ou tard affronter : nous n’avons pas tiré les bonnes leçons du JOOLA.

Si nous aspirons à la grandeur, il nous faut accorder plus de prix à la vie humaine, à nos vies. Ça passe par un État modèle, fort, juste qui applique et fait appliquer la réglementation et en sanctionne fermement les violations…

Ousmane SONKO

Président PASTEF LES PATRIOTES

Dakar, le 26/09/2018

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