A Wuhan, l’épicentre de l’épidémie de coronavirus dans l’Est chinois, l’heure est à la reprise de l’activité économique. Depuis plusieurs jours, les usines sont relancées progressivement après plus de six semaines d’arrêt complet. Pour l’industrie automobile, une des principales industries dans la zone, la reprise sera graduelle. Dans le bassin de Wuhan, les industriels de l’automobile commencent tout juste à annoncer le redémarrage.
Dans le bassin de Wuhan, qu’on surnomme le « Detroit chinois », en référence au cœur historique de l’automobile aux États-Unis, les usines, à l’arrêt depuis la fin janvier vont être relancées progressivement. Leur mise à l’arrêt a fortement impacté toute l’activité automobile chinoise. « ll y a cinq bassins automobiles en Chine. Wuhan est un des très grands avec Dongfeng. Beaucoup d’entreprises, dont des Françaises sont implantées localement. Donc, c’est un vrai problème», explique Jean-François Le Bos, un responsable de l’équipementier Financière SNOP Dunois, qui a une implantation à Wuhan.
Un redémarrage progressif
Mais le redémarrage ne se fera pas au même rythme pour tout le monde. Le constructeur japonais Nissan a annoncé une reprise partielle de la production dans son usine sur place. L’un des sites de Honda va redémarrer à Wuhan à la fin de la semaine. Les constructeurs français comme Renault et PSA se donnent plus de temps. Ils évoquent un redémarrage dans le courant de la semaine prochaine. « Mais ça ne se fera pas d’un claquement de doigts », comme le dit le porte-parole de PSA. Relancer les machines, la logistique, rapatrier les travailleurs dans la zone, prendra du temps. D’autant que toute reprise est sujette au feu vert des autorités. L’urgence n’est pas la même pour les Français. Les tricolores n’ont pas fait la percée qu’ils espéraient sur le marché chinois. La demande s’est de toute façon effondrée avec la crise du coronavirus.
Des usines partout
Dans le sillage des constructeurs, il y a les équipementiers automobiles. Beaucoup d’entre eux sont Français comme Valeo, Faurecia ou Plastic Omnium. Ce sont eux qui fournissent aux constructeurs les freins, sièges, systèmes d’éclairage, tableaux de bord des véhicules. Avec l’arrêt des usines, tout le défi a consisté pour eux à éviter la rupture d’approvisionnement. Beaucoup ont fait tourner autant que possible les autres usines qu’ils possèdent en Chine ou dans la région, mettant à profit ce qu’on appelle le double sourcing. Mais ce n’est pas sans risque non plus. « Cela se traduit par des difficultés logistiques, par des surcoûts de transport qui sont difficilement repércutables dans le contexte actuel », juge Marc Mortureux, le directeur général de la Plateforme automobile, une organisation qui défend les intérêts de la filière en France.
Les ventes continuent de reculer en Europe
Désormais, l’inquiétude s’est emparée du marché européen de l’automobile. À part, pour certaines pièces électroniques, ce marché dépend moins des pièces chinoises. Ce qui lui a permis de se maintenir ces dernières semaines. Mais avec l’ampleur qu’a prise la crise en Italie, la source d’approvisionnement régionale est menacée. Le groupe FIAT a décidé cette semaine de fermer plusieurs de ses sites pour les désinfecter. Une fermeture temporaire, mais si l’épidémie devait se prolonger, elle aurait les mêmes effets qu’en Chine, sur l’offre comme sur la demande. En ce début d’année, les ventes ont reculé sur les principaux marchés , y compris en Allemagne. Un effet du coronavirus, mais aussi de facteurs déjà à l’oeuvre, comme le changement de réglementation sur les véhicules polluants et des incertitudes liées au Brexit.