La chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar s’est penchée ce mardi sur le dossier de Ameth Thioune. Ce dernier, âgé de 38 ans est accusé de viol sur une fille de 19 ans. La présumée victime, M.D. est la nièce de son épouse. L’accusée risque 10 ans de réclusion criminelle.
L’ultime défense de Ameth Thioune est de faire croire que sa victime présumée a, par tous les moyens, voulu le séduire. Écroué depuis 2022, ce père de famille est attrait devant la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar ce mardi pour répondre au chef de viol. De l’enquête à la barre, cet assesseur a toujours contesté. Il indiqua : «Elle ne cessait de me harceler avec des sms. Une semaine après l’avoir repoussé, elle m’a accusé de l’avoir violé», a-t-il précisé.
Revenant sur la nuit des supposés faits, il raconte : «la nuit des faits, mon épouse (sa tante) a fait appel à elle pour qu’elle vienne chez nous repasser des habits. Ma femme est partie la chercher chez elle et son père lui a dit de passer la nuit après avoir fini de repasser par ce qu’il faisait tard (vers 22h). Après avoir fini, la petite m’a trouvé au salon pour encore me parler de ses sentiments. Elle s’est assise à mes côtés et on a commencé à flirter. Elle s’est mise sur mes genoux elle portait un jallaba et elle n’avait rien porté en dessous. Je portais un caleçon elle est montée sur moi et a fait sortir mon sexe pour l’introduire dans le sien. Je l’ai arrêté à cet instant parce que ma femme était dans sa chambre juste à côté. Je ne l’ai pas pénétré même si j’avoue avoir flirté avec elle».
Tout au long de son audition, l’accusé a varié dans ses déclarations. En effet, il a finalement reconnu avoir une relation idyllique avec la nièce de son épouse. Il a avoué que leur amourette a duré 2 mois. Il reconnaît aussi qu’au lendemain des faits, il a échangé toute la journée avec la jeune fille au téléphone. D’ailleurs, il affirme qu’ils se sont retrouvés en ville parce qu’il devait lui remettre de l’argent pour son épouse. C’est vers 23h, dit-il, que la fille est venue chez lui, accompagnée de ses parents pour l’accuser de viol. Pour se dédouaner, il déclare que lors de la confrontation, la nièce de son épouse a refusé de parler et a demandé à son père d’abandonner la procédure.
D’ailleurs, il ressort de la procédure que Ahmeth Thioune n’a pas été mis en garde à vue lors de son premier face à face avec les enquêteurs. C’est lors de leur deuxième rencontre qu’il a été arrêté. Entendue à son tour, M. Dial la partie civile regrette les «mensonges» de l’accusé. Elle déclare formellement que c’est l’époux de sa tante qui l’a violé. «Un jour sa femme était malade. Je suis allée chez eux pour l’assister. Depuis lors, il ne cessait de me faire des avances. Il est allé jusqu’à me dire que c’est moi qu’il devait épouser. La nuit des faits, ma tante m’a demandé de mettre les braises dans l’encensoir qui se trouvait au salon. Ahmeth m’a retrouvé là-bas, courbée, en train de faire ce que ma tante m’a demandé de faire. Il a soulevé le jallaba que je portais et m’a plaqué au mur puis au sol. Il m’a ensuite pénétré sexuellement. J’ai saigné et je lui ai montré le sang. C’est là qu’il m’a dit que c’est normal puisque j’étais vierge. Il m’a aidé à me relever avant de me conduire dans la chambre de ses enfants», a narré la plaignante.
Poursuivant ses déclarations, elle déclare que Ahmeth l’a contacté le lendemain pour lui dire qu’il allait lui remettre la pilule du lendemain. «J’ai menacé de le dénoncer à mon père et il a promis de m’offrir un Iphone». Elle révèle également que l’accusé ne cessait de la tripoter. Elle s’en est même ouverte à sa mère qui lui a dit de ne pas prêter attention à ces choses. En sus de cela, son copain Fallou Ndao a été lui aussi mis au courant des agissements de l’époux de sa tante. En outre, elle précise que sa tante a piqué une crise quand ses parents lui ont fait part du viol que son époux lui a fait subir. «Elle a prétendu que j’ai été déviergée par mon copain».
Si la plaignante a contesté les déclarations de l’accusé qui a tout nié, l’épouse de ce dernier a témoigné à décharge. Selon elle, le salon fait face à sa chambre. En plus dit-elle, la nuit des faits elle s’est couchée à 23h. «Je ne dormais pas. Je regardais la télé. Mon époux était dans le salon. Et quand il est venu dans la chambre, je ne dormais pas. À chaque fois qu’elle venait chez moi, elle demandait après mon mari», a témoigné Mame Rokhaya Dial, épouse de l’accusé. Au terme de sa déposition, le juge lui rappelle les propos qu’elle avait tenus devant le juge d’instruction. En effet, elle avait déclaré que son époux lui avait avoué avoir violé la fille. Ce qu’elle a contesté à la barre.
Quant à Fallou Ndao qui était le petit ami de la partie civile à l’époque, il dit que celle-ci lui a fait part des avances que lui faisait l’époux de sa tante. A l’en croire, elle n’a jamais mentionné le viol devant lui. Il précise qu’ils ont rompu après cette affaire de viol alors qu’il était sur le point de l’épouser. La partie civile a réclamé la somme de 8 millions de francs CFA en guise de dédommagement. Après le parquet qui a requis l’application de la loi, les avocats de la défense ont sollicité la relaxe de leur client au bénéfice du doute. Ils ont introduit une demande de mise en liberté provisoire qui a été rejetée par la chambre. L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 16 juillet.
Aissatou TALL (Actusen.sn)