Le représentant du Ministère public a requis, hier, une peine ferme de 2 ans contre Mamour Niang et une peine de 4 ans de prison ferme contre les deux chinois, Hai Dong Zhang et Wong Dong Wang, et le pharmacien Aliou Dia. Poursuivis pour association de malfaiteurs, vente illicite de médicaments, blanchiment de capitaux, mise en danger de la vie de personnes, faux et usage de faux dans des documents administratifs, exercice illégal d’une fonction légalement réglementée, ils comparaissaient à la barre de la 3ème chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. À l’issue des débats, le juge a ordonné leur mise en liberté provisoire avant de mettre l’affaire en délibéré au 09 décembre.
Les deux ressortissants chinois, Hai Dong Zhang et Wong Dong Wang, impliqués dans une affaire de trafic de faux médicaments, risquent de ne pas rentrer de sitôt au bercail. La cause : le représentant du ministère public a requis, hier, une peine de 4 ans de prison ferme à leur encontre. Poursuivis pour association de malfaiteurs, vente illicite de médicaments, blanchiment de capitaux, mise en danger de la vie de personnes, faux et usage de faux dans des documents administratifs, exercice illégal d’une fonction légalement réglementée; ils comparaissaient à la barre de la 3ème chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar avec leur deux co prévenus sénégalais Aliou Dia et Mamour Niang.
Selon l’accusation, le 14 avril dernier, la sûreté urbaine démantelait ce réseau. En effet, une importante quantité de médicaments estimée à des tonnes a été saisie à la Patte d’oie. Les médicaments étaient contenus dans des caisses et placés dans les locaux d’un immeuble de 2 étages. D’après les enquêteurs, les mis en cause avaient deux entrepôts sis aux Parcelles assainies et à la Patte d’Oie. Ils avaient créé une société informelle de distribution et parvenaient à écouler leurs marchandises sur le marché. Nous avons pu constater que les structures formelles se ravitaillent sur ces produits. Ce qui est un danger pour la santé des populations.
Aliou Dia, prévenu : «Je suis docteur d’état en pharmacie. Donc, jamais je ne salirai mon serment en portant atteinte à la santé des populations»
Des accusations balayées d’un revers de la main par les mis en cause devant le juge. Premier à prendre la parole, Aliou Dia a indiqué avoir exercé légalement son métier dans le cadre d’une société, qui est légalement enregistrée. Toujours pour se défendre, le prévenu informe qu’il paie ses impôts et fait ses exportations par le Port de Dakar en payant les taxes douanières. Non sans préciser qu’il n’a pas été trouvé en leur possession de faux médicaments mais plutôt des dispositifs médicaux à savoir des seringues, des lits, des béquilles entre autres.
«Ces produits ont été enregistrés depuis 2015. J’acquiers ces produits au laboratoire qui fournit le ministère. Je suis docteur d’état en pharmacie. Donc, jamais je ne salirai mon serment en portant atteinte à la santé des populations», se dédouane-t-il. Pour terminer, il accuse ses concurrents de vouloir le liquider. Quant au pharmacien Mamour Dieng, il reconnaît s’approvisionner en médicaments chez les Chinois. Mais, affirme-t-il, il s’est inscrit à l’ordre des pharmaciens du Sénégal. Sa seule erreur, c’est de ne pas respecter les cotisations.
Hai Dong Zhang, prévenu : « Je n’appartiens à aucune organisation criminelle secrète »
Prévenu principal dans cette affaire, Hai Dong Zhang réfute son appartenance à une quelconque mafia. » J’ai aussi été au Mali et au Niger. Mais, arrivé au Sénégal, j’ai voulu respecter la législation. À l’appel à candidature, il y avait plus de 10 docteurs en pharmacie. Du coup, on a voulu choisir le meilleur pharmacien. » À l’en croire, son compatriote Wong Dong Wang n’est en rien lié à cette affaire. «Il n’a rien fait. C’ est juste mon cuisinier qui me préparait des plats chinois. » Des allégations que ce dernier a confortées en prenant la parole.
Pour le représentant du parquet, les faits sont très graves car c’est une question de santé publique. «Cela peut conduire à des pathologies graves. Il s’agit de 46,5 tonnes de soluté et 46 tonnes de dispositifs médicaux. Dans leur importation, ils n’avaient pas précisé de soluté mais avaient juste mentionné le dispositif médical. Donc cela a été introduit frauduleusement. Ils n’avaient pas respecté les règles de stockage. Pire, ils avaient entreposé des cartons dans les toilettes», déplore le parquet qui estime qu’ils sont tous coupables de ventes illicites de médicaments. S’agissant de l’infraction d’exercice illégal d’une fonction légalement réglementée reprochée au Chinois, le maître des poursuites soutient que leur structure ne bénéficie pas d’agrément car le directeur de la Pharmacie nationale d’approvisionnement ne l’a pas confirmé.
Parquet : «leur structure ne bénéficie pas d’agrément car le directeur de la Pharmacie nationale d’approvisionnement ne l’a pas confirmé»
Pour ce qui est des infractions de blanchiment de capitaux et de faux et usage de faux, il a requis la relaxe de Mamour Niang et demandé au tribunal de déclarer coupable le reste. « Ils ont acquis une parcelle de 400.000.000 de francs à Pikine. Des sommes ont été déposées dans des banques. Ils ont pratiqué cette activité durant 2 ans. Hai Dong Zhang se chargeait de l’importation et Wong Dong Wang et Aliou Dia se chargeaient de la commercialisation. Aussi, l’association de malfaiteurs est constante et la mise en danger ne souffre d’aucun doute », indique le parquet. Pour la répression, il a requis une peine ferme de 2 ans contre Mamour Niang et 4 ans de prison ferme contre le reste du gang. En sus , le maître des poursuites a demandé la confiscation des sommes saisies, les sommes déposées dans les banques et le terrain acquis à Pikine Dagoudane.
À la demande du pôle d’avocat constitué pour la défense des prévenus, le tribunal a ordonné la mise en liberté provisoire des prévenus et a mis l‘affaire en délibéré au 9 décembre prochain.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)