Une femme jalouse est capable de tout. Fatou Faye en est la parfaite illustration. Par excès de jalousie, elle a entaillé la joue à Adja Aïcha Mbow qui blaguait avec son petit ami, Maguette Seck, en déclarant à celui-ci qu’elle sera sa seconde épouse. Conséquence : elle comparaissait, hier, à la barre des flagrants délits de Dakar où elle a écopé d’une peine d’un mois assorti du sursis. En sus, elle est condamnée à payer la somme de 300.000 francs à la plaignante en guise de dommage et intérêt.
«Gardez-vous de la jalousie, surtout des excès qu’elle entraîne ». Fatou Faye, 23 ans, n’avait sûrement jamais lu ce proverbe français et l’a appris à ses dépens. Elle a fait face, hier, au juge du Tribunal des flagrants délits de Dakar pour répondre des faits de coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail de 16 jours, détention illégale d’arme, menace et violence et voie de fait. Elle est poursuivie par Adja Aïcha Mbow sur la personne de qui elle a porté des coups juste parce que celle-ci se réclamait seconde épouse de son copain, Maguette Seck, dont l’épouse se trouvait au village.
Il ressort des débats tenus à la barre que la partie civile est la cliente de Maguette Seck qui est cordonnier à la médina. Ainsi, le 13 juillet dernier, vers les coups de 22 heures, elle s’est rendue à son atelier pour commander des paires de chaussures. A son arrivée, elle s’est mise à taquiner Maguette. C’est en ce moment qu’un vendeur de lunettes est arrivé et Maguette Seck a voulu s’acheter une paire de chaussures. A cet effet, il a essayé une paire et a demandé à sa copine, la mise en cause, de voir si cela lui allait. Mais cette dernière, frustrée, lui a demandé de s’adresser à Adja Aïcha prétendant être sa seconde femme. A cet effet, Aïcha a dit au cordonnier que les lunettes étaient jolies.
C’est à cet instant que la prévenue s’est levée et s’est jetée sur Adja Aïcha et l’a rouée de violents coups. Naturellement, les Sieurs Bara Mbow et Maguette Sow sont intervenus et l’ont fait sortir de l’atelier. Non satisfaite, Fatou est revenue dans l’atelier et s’est emparée d’un couteau posé sur la table. C’est sur ces entrefaites qu’elle lui a entaillé la joue et un doigt. Ayant perdu beaucoup de sang, elle a été conduite à l’hôpital Abass Ndao. C’est à la suite de sa consultation que le médecin traitant lui a remis un certificat d’incapacité de travail de 16 jours assorti de médicaments et un autre rendez-vous.
- Aïcha Mbow, partie civile : «Elle m’a fait savoir qu’étant donné que j’étais plus belle qu’elle, elle allait me détruire en m’infligeant des cicatrices avant de me tuer et par la suite tuer ma sœur et toute ma famille»
C’est avec le doigt et la joue bandés qu’Adja Aïcha s’est présentée, hier, à la barre des flagrants délits de Dakar pour relater les faits. « On était juste en train de blaguer. Elle m’a prise au dépourvu et m’a attaquée avec un couteau. On habite le même quartier mais on ne se salue même pas. Après m’avoir administré ces blessures, elle m’a fait savoir qu’étant donné que j’étais plus belle qu’elle, elle allait me détruire en m’infligeant des cicatrices avant de me tuer et par la suite tuer ma sœur et toute ma famille. »
La prévenue nie partiellement les faits qu’on lui impute et déclare avoir été provoquée par la plaignante
Interpellée sur son acte, Fatou Faye a, à moitié, reconnu les faits. À l’en croire, elle l’a attaquée et s’est battue avec elle; mais elle ne détenait pas d’arme blanche et ne l’avait pas menacée de mort. « Elle m’a trouvée assise dans l’atelier de Maguette qui est mon fiancé. Quand elle est venue, elle ne m’a pas saluée et a commencé à me provoquer en disant que c’est elle qui sera la seconde épouse de Maguette. C’est moi qui l’ai attaquée et blessée sur la joue avec mes ongles mais je ne l’ai jamais menacée de mort. Quand on nous a séparées, je suis rentrée directement chez moi. Je ne suis pas revenue avec un couteau », s’est-elle plainte. Pourtant, à l’enquête préliminaire, Fatou avait reconnu avoir détenu un couteau et agi de la sorte juste par jalousie.
Entendu à titre de témoin, Maguette Seck, la cause de la bagarre, prend le parti de sa copine et tente de la disculper
Entendu à titre de simple renseignement, Maguette Seck s’est présentée à la barre. Mais comme l’on dit, l’amour est aveugle. Car, Maguette n’a rien qui le rend spécial ou le distingue des autres garçons. Peut-être sa galanterie. Au parloir, il a tenté de disculper sa bien-aimée. Selon lui, Fatou n’a jamais été détentrice d’une arme blanche. «J’étais à mon lieu de travail avec Fatou. Adja nous a trouvés là-bas mais a salué tout le monde sauf elle. J’ignore ce qui les oppose parce que ce sont des histoires de filles mais je reconnais que c’est Fatou qui l’a attaquée. Moi-même je me suis blessé en tentant de les séparer. Fatou n’avait pas de couteau ». Durant tout son discours, la plaignante les regardait d’un œil méprisant.
Pour l’avocat qui défendait les intérêts de la partie civile, Me Ousseynou Gaye, Fatou est juste jalouse de la beauté de sa cliente. « Adja Aïcha a le seul tort d’avoir été gâtée par la nature. C’est une belle liane. Fatou Faye est jalouse », a plaidé la robe noire qui a demandé au tribunal de reconnaître la prévenue coupable et de la condamner à allouer à sa cliente un million pour toutes causes de préjudice confondues. À la suite du représentant du ministère public qui a requis une peine d’emprisonnement d’un (1) mois ferme, les avocats de la défense ont plaidé la relaxe de leur cliente des chefs de menace de mort et de détention d’arme blanche. De leur avis, si la plaignante avait été blessée par un couteau, elle ne sortirait pas de sitôt de son lit d’hôpital. S’agissant des autres délits, ils ont sollicité la clémence du tribunal. Ce dernier, après en avoir délibéré, a relaxé la prévenue du délit de menace de mort avant de la condamner à 1 mois de sursis et à payer la somme de 300.000 francs.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)