Tous des disciples d’une même confrérie, El Hadji Abdoulaye Sylla, Pape Moussa Dieng, Sidy Sow Mbaye et Daouda Sow ont été attraits à la barre de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar, hier. Ils répondaient des faits d’association de malfaiteurs, d’accès frauduleux à un système informatique, de faux et d’usage de faux en écriture privée de banque, entre autres chefs d’infraction. Ils seront élucidés sur leur sort le 8 juillet prochain.
Pour des faits d’association de malfaiteurs, d’accès frauduleux à un système informatique, de faux et d’usage de faux en écriture privée de banque, El Hadji Abdoulaye Sylla, Pape Moussa Dieng, Sidy Sow Mbaye et Daouda Sow ont comparu hier devant la chambre correctionnelle de Dakar. Ils sont traduits en justice par le sieur Amadou Baba Sy. S’agissant du différend qui les oppose, il est ressorti des débats tenus à la barre que la partie civile les accuse de lui avoir grugé la somme de 3.800.000 francs.
Le 7 juillet 2020, le sieur Amadou Baba Sy a eu la surprise de recevoir un message téléphonique qui l’informe qu’une somme de 3 800 000 a été retirée de son compte ouvert à la Bicis. Naturellement, il a aussitôt contacté sa gestionnaire de compte, Aïssatou Kassé, qui lui a fait savoir qu’elle avait reçu un message de son e-mail qui lui avait ordonné d’effectuer ce virement. Pour avoir la certitude que ce message venait de sont client, la dame avait déclaré qu’elle avait primo appelé le plaignant qui avait confirmé sa requête de virement. Des investigations effectuées ont permis de découvrir que la somme ôtée du compte de la partie civile a été déposée sur un compte dont le propriétaire était un certain Doudou Mbaye.
Ce dernier, interrogé, a impliqué son fils Sidy Sow Mbaye. Ce dernier, interpellé par les enquêteurs, a désigné Abdoulaye Sylla comme l’auteur de ce virement. Mais, celui-ci, à son tour, a enfoncé Daouda Sow en soutenant que l’argent lui était destiné. Placé sous mandat de dépôt en juillet 2020, Doudou Mbaye bénéficie d’un non-lieu. Quant à Abdoulaye Sylla, il a bénéficié d’une liberté provisoire après avoir payé une caution de 5 000 000 de francs CFA.
Abdoulaye Sylla, prévenu : «Les deux billets noirs saisis par les enquêteurs lors de leur perquisition provenaient de Pape Moussa Dieng. Il me les a donnés pour que je fasse des investigations sur comment les utiliser»
À la barre de la chambre correctionnelle hier, les prévenus ont tous réfuté les accusations portées à leur encontre. Entendu en premier, Abdoulaye Sylla a tout mis sur le dos de son condisciple Daouda Sow. D’après lui, son ami Daouda devait recevoir de l’argent que lui avait envoyé l’un de ses talibés établi en France. N’ayant pas de compte bancaire, Pape Moussa Dieng l’a mis en rapport avec Sidy Sow Mbaye. Au départ, renseigne-t-il, Daouda avait dit que le montant du virement était de 11.000.000 de francs. Mais finalement seule la somme de 3.800.000 francs était déposée sur le compte du père de Sidy Sow Mbaye.
«Après avoir reçu cet argent, Daouda Sow m’a remis 800 000 francs CFA à titre de commission. J’ai ainsi donné à Pape Moussa Dieng et à Sidy Sow Mbaye 50 000 francs CFA chacun », a-t-il expliqué. Poursuivi également pour détention et tentative de mise en circulation de faux billets de banque, Abdoulaye Sylla a vivement contesté ce chef. « Les deux billets noirs saisis par les enquêteurs lors de leur perquisition provenaient de Pape Moussa Dieng. Il me les a donnés pour que je fasse des investigations sur comment les utiliser. Mais quand on m’a dit que ce n’est pas une activité licite, j’ai dissuadé Pape Moussa et je lui ai conseillé d’oublier ces faux billets.»
Daouda Sow, prévenu : «quand le virement a été effectué, Abdoulaye Sylla m’a remis 800 000 francs Cfa de la part de mon talibé»
Interrogé, à son tour, Daouda Sow déclare ne s’être jamais introduit frauduleusement dans un système, ni essayé de blanchir de l’argent. « Mon talibé qui réside en France m’a appelé pour m’offrir de l’argent. Comme je n’avais pas de compte en banque, j’ai sollicité Abdoulaye Sylla. Mais quand le virement a été effectué, celui-ci m’a remis 800 000 francs CFA de la part de mon talibé. Ensuite Sylla m’a offert 100 000 francs CFA », s’est-il dédouané.
Le conseil de la Bcis, qui s’est également constitué partie civile, a sollicité le paiement des 3 800 000 de francs Cfa frauduleusement soustraits du compte de leur client Amadou Baba Sy. Selon la robe noire, la banque a déjà désintéressé celui-ci.
Prenant la parole pour ses réquisitoires, la représentante du parquet a demandé que Sidy Sow Mbaye soit renvoyé des fins de la poursuite. Poursuivant, la parquetière a également demandé la relaxe de Pape Moussa Dieng des chefs d’accès frauduleux dans un système informatique et de le condamner à six mois d’emprisonnement ferme. Quant à Daouda Sow et Abdoulaye Sylla, le ministère public a requis à leur encontre une peine de deux ans d’emprisonnement dont un an ferme. À la suite de la parquetière, les avocats de la défense ont sollicité la relaxe de leurs clients et introduit une demande de mise en liberté provisoire.
Le tribunal, après avoir mis l’affaire en délibéré au 8 juillet, a satisfait la requête des conseils de la défense.
Adja K. Thiam, (Stagiaire-Actusen.sn)