Pour des crimes d’association de malfaiteurs et de trafic intérieur de drogue, le boulanger Mouhamed Mbaye et le berger Birane Sow ont été appelés à la barre de la chambre criminelle de Dakar. Une grande quantité de chanvre indien a été trouvée sur eux par les policiers qui leur ont joué un tour. Le parquet a requis 10 ans de réclusion criminelle contre eux. Ils seront fixés sur leur sort le 26 avril prochain.
Si le juge de la chambre criminelle, en rendant son délibéré, suit le réquisitoire du parquet, Mouhamed Mbaye et Birane Sow ne sortiront de prison qu’en 2030. Poursuivis pour association de malfaiteurs et trafic intérieur de drogue, les susnommés ont été attraits hier à la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Les faits pour lesquels ils ont comparu remontent au mois de décembre 2019. Au courant de ce mois-là, l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) reçut une information faisant état d’un vaste réseau de trafic de drogue basé à Yoff-Apecsy et animé par les nommés Mouhamed Mbaye et Birane Sow.
Après les avoir identifiés, les flics ont piégé les présumés trafiquants jusqu’à les prendre la main dans le sac. En effet, suite à cette dénonciation, un agent infiltré de la brigade a appelé le prévenu Mouhamed Mbaye afin de passer une commande d’un montant de 80.000 francs. Loin de se douter qu’il avait affaire à des enquêteurs, Mouhamed a aussitôt fixé un rendez-vous à son interlocuteur pour lui livrer sa commande de 2 blocs, soit un poids total de 2 kilogrammes. C’est ainsi qu’il a été pris et arrêté. Interrogé sur la provenance de cette drogue, Mouhamed Mbaye révèle devant les enquêteurs se la procurer chez son fournisseur Birane, établi à Kaolack.
Pour alpaguer le présumé fournisseur, Mouhamed a accepté de coopérer avec les enquêteurs qui ont, sur le champ, effectué un transport à Kaolack. Arrivé sur place, le même modus operandi a été fait par les flics. Ayant mordu l’hameçon, le berger Birane s’est présenté au lieu du rendez-vous à 4 heures du matin à bord d’une moto avec 22 blocs. Il était convenu qu’il amène 24 kilos mais finalement Birane n’a pu en collecter que 22 qu’il voulait échanger contre la somme de 800.000 francs. Interrogé, le fournisseur déclare avoir acquis ladite drogue chez un certain Ibrahima, sans autre précision. Sûrement une stratégie pour lui de s’échapper.
Les déclarations invraisemblables des accusés devant la barre pour éviter une lourde peine
Bien qu’il eût déclaré ignorer la quantité de la drogue saisie par devers lui devant le juge d’instruction en déclarant qu’il devait la vendre à Badou Thiaw, l’accusé Mouhamed Mbaye a réfuté en bloc ses premiers aveux. Hier, devant la barre, il a révélé qu’il s’agissait d’un kilogramme qu’il avait acheté auprès de Birane à 60.000 francs. Mieux, il soutient que cette drogue n’était pas destinée à l’offre ou à la vente mais à sa consommation personnelle. « J’ai connu Birane par l’entremise de mon premier fournisseur, Badou Thiaw. Ce dernier m’avait mis en rapport avec lui parce qu’il partait en voyage. Je ne suis pas un trafiquant mais un simple consommateur. »
Birane a battu en brèche ces déclarations tenues par son coaccusé qui cherche à l’enfoncer. A la barre, il a affirmé ne connaître Mouhamed Mbaye ni d’Adam ni d’Ève. Pourtant, à l’enquête préliminaire, il avait déclaré que Mouhamed Mbaye se ravitaille auprès de lui.
Le Parquet : «Si Birane a osé aller livrer à Mouhamed Mbaye la drogue à 4 heures du matin, c’est parce qu’il y a une relation de confiance entre eux»
Leurs contestations n’ont pas convaincu le maître des poursuites. Pour lui, si Mouhamed Mbaye vend en bloc c’est parce qu’il est grossiste. De même, le procureur pense qu’il y a eu une relation de confiance entre les deux accusés. C’est pour cela, croit le ministère public, que Birane a eu le toupet de lui livrer la drogue tard dans la nuit, à 4 heures du matin. Ainsi, il a requis la peine de 10 ans de réclusion criminelle contre tous les deux. Il a également demandé au tribunal de les condamner à payer, chacun, la somme de 2 millions de francs et d’ordonner la destruction de la drogue saisie.
Me Abdy Nar Ndiaye et ses confrères qui assuraient la défense des prévenus ont plaidé l’acquittement pur et simple de leurs clients. Car, selon Me Ndiaye, qui sollicite la disqualification des crimes initialement retenus et leur requalification en offre et cession, car il n’y a pas de trafic. Le tribunal rendra son délibéré le 26 avril prochain.
Adja Khoudia Thiam, (Stagiaire Actusen.sn)