Kalidou Diallo va désormais réfléchir avant de se mêler de ce qui ne le regarde pas. Le neveu du ministre Abdoulaye D. Diallo a eu l’outrecuidance d’appeler Gabrielle Kane pour l’injurieuse et la menacer de publier ses vidéos intimes. Pour ces faits, il a eu la chance d’écoper du sursis. Ce, après avoir passé la Tabaski en taule.
Personne n’est au-dessus de la loi. Kalidou Diallo en est désormais conscient. Traduit en justice par la féministe Gabrielle Kane, il a écopé, hier, d’une peine assortie du sursis d’un mois. Neveu du ministre Abdoulaye Diallo, le jeune homme qui menaçait d’exercer violences sur Gabrielle Kane tout en l’injuriant a tenu une autre posture hier, lors de son jugement au tribunal d’instance de Dakar.
Le Kalidou fougueux et téméraire dans ses textos, qui a fêté la tabaski au cachot dans une cellule de 150 personnes, selon ses dires, était doux comme un agneau à la barre, implorant le pardon de la plaignante. Celle-ci voulait laver son honneur car le comparant en sus des injures menaçait de diffuser ses images obscènes. Elle a été soulagée d’entendre le prévenu âgé de 24 ans reconnaître ne pas détenir d’images obscènes de la partie civile. «Je ne détiens aucune vidéo compromettante de madame Gabrielle Kane. Je voulais juste lui faire peur», a-t-il avoué.
A l’origine de cette affaire qui a bouleversé Gabrielle Kane, Kalidou Diallo renseigne qu’il était irrité par les sorties de Gabrielle qui accuse sa sœur Alima Diallo d’être la cause de licenciement. Pour en découdre avec elle, le jeune se procure son numéro par le biais d’une tierce personne et commence à intimider la jeune dame. «Je lui ai d’abord envoyé un message lui demandant de laisser ma sœur tranquille. Mais elle n’a pas répondu. C’est par la suite qu’elle a contacté une de mes sœurs pour lui dire qu’elle m’a donné 1.000.000 de francs CFA. Ce qui est faux. Son allégation a provoqué ma colère c’est ainsi que j’ai commencé à l’injurier. Je l’ai fait pour défendre ma sœur», a-t-il poursuivi.
La déléguée du procureur de la République, outrée par l’attitude du prévenu, a rappelé à celui-ci que ce n’est pas à lui de faire justice pour sa sœur. D’autant plus que, selon l’avocate du parquet, nous sommes dans une République. «Être le fils ou le neveu d’une autorité ne t’exempte pas de poursuites judiciaires», lui a rappelé la déléguée du procureur. Étant du même avis que la représentante du ministère public, le juge de marteler : «ce pays n’appartient au père de quiconque. Si c’était entre deux femmes je ne serais pas gêné».
Pour sa part, suite au mea-culpa du prévenu, Gabrielle Kane s’est désistée de son action. Néanmoins, elle a précisé que Kalidou a réussi à lui faire peur. «Je vis seule avec ma fille. Il a menacé de transmettre mon numéro à des étudiants de l’Ucad. Ce, après m’avoir traité de pute de la République et une anthropophage», a narré la plaignante. À l’en croire, elle n’est pas épargnée par les sœurs du prévenu qui ont même tenu une réunion à son lieu de travail, avec son employeur, pour trouver des moyens afin de la nuire.
«Lors de leur rencontre, il a été même question de me verser de l’acide», s’est-elle plainte. Par ailleurs, elle dit compter sur la justice pour sa sécurité et celle de sa famille soit préservée. Malgré son désistement, la déléguée du procureur de la République qui est convaincue de la culpabilité du prévenu, a requis 1 mois d’emprisonnement dont 15 jours ferme.
Réquisitoire sévère selon les avocats de la défense qui sollicitent une peine assortie du sursis. «On comprend la dame Gabrielle, elle a souffert. Ce n’est pas normal pour une femme de supporter ce genres d’agissements. Mais mon client aussi a souffert en prison. Il est jeune. Il n’a que 24 ans. C’est une erreur de jeunesse. Son arrestation a été pédagogique», a plaidé Me Aboubacry Barro.
Semblant répondre à la représentante du ministère public Me Mouhamadou Moustapha Dieng tonne : «Il n’a pas agi de la sorte parce qu’il est fils de (…). C’est juste une erreur. Ce qui s’est passé avec Gabrielle c’est un mal venu. Depuis son arrestation, il ne fait que regretter son acte. Il est victime de son élan filiale. Il voulait protéger sa sœur. Il ne faut pas suivre le parquet dans ses réquisitions. Le condamné à 15 jours ferme c’est plomber son avenir».
Suivant les parties dans leur désir d’apaisement, le juge qui voulait mettre l’affaire en délibéré, a finalement prononcé la sentence après les plaidoiries. Après avoir reconnu le prévenu coupable des chefs qui lui sont reprochés, il lui a infligé une peine de 1 mois assortie du sursis. Mais il ne s’est pas abstenu de lui asséner : «Mieux vaut être poli que d’être fougueux».
Adja Khoudia THIAM (Actusen.sn)