Il faut oser le dire. La boîte héritée par Cheikh Bamba Dièye a besoin de toutes les prières du Ciel pour sortir la tête de l’eau ! Le nouveau Directeur général de l’AIBD SA devrait même faire recours à la magie pour redresser la société au bord du gouffre. C’est en effet, ce qui saute aux yeux à en croire les révélations de Djibril Sacko, au sujet des difficultés de l’AIBD SA. Invité de l’émission ‘‘Sen Dose matinale’’, sur SourceA TV, le Secrétaire général du syndicat des personnels des Aéroports du Sénégal (SPAS) est revenu sur les scandales présumés qui plombent l’AIBD SA au sol.
A l’en croire, si la dernière réunion entre le personnel et la direction devait s’articuler sur la restitution des travaux liés à la fusion de l’AIBD et l’Agence des Aéroports du Sénégal (ADS), à l’arrivée de Cheikh Bamba Dièye vers midi, alors que les syndicalistes avaient déjà boycotté la rencontre, ce sont les difficultés auxquelles fait la société qui sont devenues l’ordre du jour, eu égard à l’importante et à la sensibilité de la question. Même si les missions d’audit commanditées par la Direction ne vont pas tarder à livrer leurs secrets, Djibril Sakho donne l’avant-goût de ce qu’il conviendra d’appeler une bamboula à une vitesse de croisière.
«Avec la volonté de faire de l’AIBD un hub aérien, près de 12 projets, d’un coût de 700 milliards, ont été ficelés, notamment dans le cadre des redevances extra-aéronautiques. Ainsi, il était prévu de mettre en place un système de maintenance pour réparer les avions en panne au niveau même de l’AIBD, sans que nous soyons obligés d’aller ailleurs. Mais également, une Aéroville autour de l’AIBD à travers la construction d’hôtels, des immeubles, même un stade de foot, entre autres, pour justement capter davantage de recettes. Nous avons plus tard noté une certaine bamboula autour des financements obtenus. Les gens recrutés à tour de bras et aucun des projets n’a été réalisé», a révélé le Secrétaire général du syndicat des personnels des Aéroports du Sénégal (SPAS), qui épargne toutefois le Directeur général.
«Pour vous donner un exemple, l’Agence nationale de l’Aviation civile et de la météorologie (ANACIM) devait avoir son siège dans l’assiette foncière de l’AIBD pour un coût global de 7 milliards F Cfa. 1 milliard avait d’ailleurs été débloqué pour permettre à l’entreprise qui a gagné le marché de commencer les travaux. 2 ans plus tard, aucune brique n’a poussé sur le site. C’est récemment, avec l’arrivée du nouveau régime que l’entreprise en question est revenue pour démarrer le chantier. Sauf que le nouveau Directeur général, Cheikh Bamba Dièye s’y est opposé en disant pourquoi elle a attendu maintenant pour commencer les travaux alors qu’elle avait encaissé 1 milliard pour le faire il y a 2 ans de cela. Pour vous dire qu’avec l’audit qui a été commandité, tous les délinquants sont en train de faire des pieds et des mains pour plaire aux nouveaux dirigeants», a souligné notre interlocuteur.
Ce n’est pas tout. La mauvaise gestion présumée des deux derniers Directeurs généraux de l’AIBD, à savoir Doudou Ka et Abdoulaye Dièye, ont causé d’énormes préjudices à la boîte, selon Djibril Sacko. «Aujourd’hui, nous devons rembourser jusqu’à hauteur de 296 milliards par rapport aux financements que l’AIBD a captés pour réaliser ses chantiers. Or, les travaux sont à l’ordre de 34 % de taux d’exécution», dira-t-il, avant d’embrayer en ces termes : «nous avons même découvert qu’il y a des projets qui sortent du cadre des compétences de l’AIBD.»
S’agissant des retards des salaires devenus la règle à l’AIBD, Djibril Sacko renseigne que ce couac, indépendant de la volonté du nouveau Directeur, est simplement dû aux blocages des comptes de la Société. « Il y a certains partenaires qui ont traîné en justice l’AIBD. Certains ont gagné et devront bénéficier de dommages et intérêts. A force d’attendre, ils ont saisi leurs cabinets respectifs pour obtenir le blocage des comptes de l’AIBD. Même si nous discutons avec certains d’entre eux pour qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments, il faut dire que c’est cela qui explique en partie le retard des salaires», a expliqué le syndicaliste. Pour le énième crime présumé de l’ancien régime, Djibril Sacko préfère être prudent : «nous avons l’information selon laquelle, les autorités n’avaient pas acheté les avions dernièrement acquis, mais ils les ont loués. Nous attendons des nouvelles autorités d’éclaircir cette question parce qu’elle fait jaser à l’AIBD.»
Amadou DIA (Actusen.sn)