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Bilan sur l’explosion au Liban (Par Maimouna Seck, ingénieur urbaniste et environnementaliste)

Bonjour

Une semaine déjà…

Qu’est ce qui s’est passé au Liban ?

Le Mardi 4 août 2020, le Port de Beyrouth est secoué par deux violentes explosions. Un bilan très lourd est enregistré, presque 200 morts et plus de 5000 blessés.

Beyrouth est en ruine, la déflagration de plus de 80 km a dévasté la moitié de son territoire. Des milliers de libanais se retrouvent à la rue et voient leurs activités économiques réduites à néant.

Quelle est la cause de cette catastrophe dans un pays qui vit déjà sa plus grande crise économique ?

Selon les autorités libanaises, l’accident a été provoqué par 2750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées «sans mesures de précautions», dans le port de Beyrouth, depuis 6 ans.

En effet, le nitrate d’ammonium est une substance chimique composé d’oxygène, d’hydrogène et d’azote, et utilisé comme engrais dans l’agriculture mais aussi pour fabriquer des explosifs.

Il a été la cause de plusieurs grands accidents industriels dans le monde notamment celui de 2001 dans la ville de Toulouse faisant plus 30 morts.

Bien que n’étant pas combustible, sa composition en oxygène en fait un excellent comburant. De ce fait, en présence de nitrate d’ammonium, de combustibles (papier, carton etc.) et d’une énergie d’activation (ici le départ de feu noté auparavant), les conditions du triangle de feu sont vite réunies.

Ainsi, techniquement, on peut supposer que cette explosion est due à une combustion dans un espace confiné. Les normes qui régissent la condition de stockage du nitrate d’ammonium n’ont pas été suivies bien que sachant sa dangerosité.

Le risque est inhérent à l’homme, la moindre petite faille ou négligence est irréversible. La probabilité d’un accident de cette envergure est dépendante de la gestion interne des risques dans la structure concernée. Pour le port de Beyrouth, la douane, les autorités portuaires et l’Etat en général se rejettent la faute. En plus, traversant une crise économique importante, le pays se retrouve dans une vulnérabilité considérable face à ce genre d’accident. Ceci est la goutte d’eau de plus dans la gestion nébuleuse et très contestée des dirigeants Libanais.

En effet, il faut comprendre que l’impact d’un accident est dépendant de la vulnérabilité des enjeux. C’est-à-dire leurs capacités de résistance (l’intervention des secours, l’état de leur système de santé etc.) et leur perception du risque. Ce dernier est quasi nul étant donné que le peuple libanais n’a à aucun moment été mis au courant du risque que représentaient les 2750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans le port de leur ville. Ainsi, on compte sur l’efficacité des secours et des structures de santé qui vont être renforcées sûrement par l’aide internationale. Espérons que le peuple libanais sera résilient à cette catastrophe et que les mesures nécessaires seront prises.

J’en viens à mon inquiétude : sommes-nous épargnés par ce genre d’accident ?

Rappelons-nous que le Sénégal a enregistré avec le Joola, un des accidents les plus meurtriers de l’histoire des catastrophes maritimes du monde. Nous sommes, tout le temps, exposés à des risques. Sommes-nous conscients de la quantité de produits chimiques aussi dangereux que le nitrate d’ammonium qui sont stockés dans le port Dakar ou dans les industries ? Quelles sont les conditions de stockage ? Les risques qu’ils représentent sont-ils évalués par les autorités compétentes ? Ces dernières sont-elles transparentes dans leur vérification ?

Voilà tout un lot de questions qu’on doit se poser pour prévenir ce genre de catastrophe. Sans vouloir me répéter, le risque est inhérent à l’homme, aucun pays n’est actuellement à l’abri de ce genre d’accident industriel. D’autant plus que le sous-développement considérable de nos pays nous rend très vulnérable. Puisqu’on est conscients de notre incapacité de résilience, il est temps qu’on agisse sur la prévention. Que ce drame du Liban soit notre sonnette d’alarme afin que nous agissions sur une prévention efficace des risques industriels auxquels la moitié de la population sénégalaise est exposée.

Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, une déflagration de plus de 80 km mettrait en ruine toute la capitale sénégalaise et environs. Alors, l’heure de la prise de conscience a sonné.

Prévenons, anticipons !

Maimouna Seck, ingénieur urbaniste et environnementaliste

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