Les dirigeants européens multiplient les contacts diplomatiques pour accélérer la procédure de divorce entre l’UE et le Royaume-Uni après le choc du Brexit. La chancelière allemande Angela Merkel reçoit lundi après-midi le président français François Hollande et le Premier ministre italien Matteo Renzi, à la veille d’un sommet européen capital à Bruxelles.
Selon plusieurs sources, une initiative du couple franco-allemand – longtemps le « moteur » de l’Union – serait à l’étude pour relancer le projet européen.
« Il est de la responsabilité de la France et de l’Allemagne de prendre l’initiative », a plaidé dimanche le président François Hollande.
Selon l’entourage du chef de l’État français, François Hollande et Angela Merkel ont « constaté » leur « accord complet sur la manière de traiter la situation » créée par le référendum britannique, lors d’une conversation téléphonique dimanche soir. Ils, « souhaitent la plus grande clarté afin de ne laisser aucune incertitude » après le Brexit, a ajouté la même source.
Angela Merkel doit aussi s’entretenir séparément lundi avec le président du Conseil européen (qui représente les 28 Etats membres), Donald Tusk, qui n’a pas caché sa crainte d’une contagion du Brexit. Ce dernier se sera également entretenu en tête à tête avec François Hollande lundi matin à Paris.
Enclencher la procédure de divorce
Donald Tusk va présider pendant deux jours, mardi et mercredi, l’un des sommets les plus tendus de l’histoire de l’Union. Le dîner du mardi sera dédié au Brexit en présence du Premier ministre britannique David Cameron.
Le lendemain, le président du Conseil compte organiser une réunion « informelle » avec les 27 autres chefs d’États et de gouvernement, sans le Royaume-Uni, afin de discuter des conséquences de la rupture britannique.
« Nous ne nous attendons pas, à ce stade, à ce que Cameron déclenche (lors du sommet) l’article 50 » du traité de Lisbonne, qui doit engager officiellement la sortie du Royaume-Uni de l’UE, a affirmé dimanche un officiel européen, sous couvert d’anonymat.
Une procédure de divorce que les dirigeants européens veulent pourtant acter « au plus vite ». « Nous disons ici, ensemble, que ce processus doit commencer aussi vite que possible pour qu’on ne se retrouve pas embourbés », a plaidé samedi à Berlin le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, entouré de ses homologues des pays fondateurs de l’UE (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas).
« Le bon moment »
Du côté de la Commission européenne, l’heure n’est pas non plus aux atermoiements. « Ce n’est pas un divorce à l’amiable », a tranché le président de la Commission Jean-Claude Juncker. « Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement britannique a besoin d’attendre jusqu’au mois d’octobre pour décider si oui ou non il envoie la lettre de divorce à Bruxelles. J’aimerais l’avoir immédiatement ».
Même son de cloche au Parlement européen, qui se réunira mardi en session extraordinaire, et où l’on presse aussi David Cameron de « tenir ses promesses dès maintenant » et de notifier la « clause de retrait » (l’article 50). Pour le président du Parlement, Martin Schulz, le sommet de mardi à Bruxelles serait « le bon moment ».
D’outre-Atlantique, le secrétaire d’État américain John Kerry s’est invité dans la « polycrise » européenne, selon l’expression de Jean-Claude Juncker. Bouleversant son agenda, il doit se rendre lundi à Bruxelles pour des entretiens avec la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, avant de s’envoler pour Londres.
En visite dimanche à Rome, il a reconnu que Washington aurait préféré que les Britanniques prennent une « autre direction ». L’administration américaine redoute particulièrement l’impact du Brexit sur la croissance mondiale et des secousses sur les marchés financiers.
Le président Barack Obama avait éloquemment plaidé en faveur du maintien de Londres dans l’UE. Mais il a promis que rien n’avait changé dans « la relation spéciale entre les États-Unis et le Royaume-Uni ».
Actusen.com avec France24.com