La Journée internationale de la femme est célébrée, le 8 mars de chaque année. Au Sénégal, des manifestations sont organisées par divers Associations et Mouvements pour marquer ce jour. Nombreuses sont ces femmes, qui vivent à la sueur de leur front et qui se sentent exclues de cette journée, car elles ignorent, totalement, son utilité. La rédaction de Source A est allée à leur rencontre.
Il est 18 heures passées, dans les rues de la Cité Bastos. Le vent souffle. L’odeur de la poussière se mêle à celle des ordures. A perte de vue, on aperçoit une octogénaire, qui se nomme Mberry Niang. Elle est assise à côté de son étal, niché aux alentours du terrain de foot. Le quotidien de la vielle dame se résume à la vente de cacahuètes, une activité qu’elle exerce, depuis des années.
Drapée dans une camisole en wax surplombée d’un pull pour se protéger du froid, Mberry Niang est mère de plusieurs enfants. Le peu qu’elle gagne, lui sert à entretenir sa famille. Interpellée sur la Journée internationale de la femme, la vielle dame semble ne pas connaitre l’essence de cette Journée. ‘’A vrai dire, je ne connais pas l’importance de cette Journée, tout ce qui m’importe, c’est mon commerce, afin de subvenir aux besoins de ma famille», nous fait-elle savoir.
Mberry Niang : ‘’A vrai dire, je ne connais pas l’importance de cette Journée, tout ce qui m’importe, c’est mon commerce, afin de subvenir aux besoins de ma famille’’
Pour Mberry Niang, la crise économique, que traverse le Sénégal, ne lui donne pas le temps de fêter cette Journée. «Je me soucis plus de la nourriture de mes fils et petits-fils et je voudrais juste que les autorités étatiques pensent un peu à cette couche, qui rencontre beaucoup de difficultés, même pour se nourrir».
Plus loin, dans une ambiance plus cordiale, on note des va-et-vient et un groupe de femmes assises devant une maison. L’une d’elles est chef de famille. Et interpellée sur la question, elle soutient : ‘’il n’y a pas de différence avec les autres Journées, aucune Journée n’est spéciale, pour moi. Je m’occupe de la maison, du lundi au dimanche. Et cette Journée du 8 mars n’en fera pas exception».
Et visiblement indignée par l’existence du deux poids, deux mesures, elle ajoute : ‘’si toutes les femmes étaient sur un même pied ou si les hommes apportaient une pierre à l’édifice, toutes les femmes se sentiraient concernées et tout le monde allait participer à la fête. Mais seules les femmes, qui s’activent dans des Mouvements, sont invitées». A quelques encablures de ces dames, se trouve Thioro Fall. La trentaine sonnée, elle est assise à côté d’un fourneau.
Thioro Fall : ‘’ce qui importe, pour moi, c’est de trouver de quoi entretenir mes enfants qui sont au village, de payer mon loyer et d’envoyer de l’argent à mes parents restés au village. Et c’est, d’ailleurs, pour cette raison que je vends du café Touba, le soir. J’ai beaucoup de charges ; donc, je n’ai pas le temps de faire la fête’’
Interrogée sur la célébration de la Journée de la femme, elle nous dit, sans hésiter, «je ne suis pas au courant de l’existence de cette Journée. Je suis lavandière, je me réveille, tous les jours, à 6h, pour aller travailler, car les temps sont durs». Et de fustiger les difficultés qu’elle rencontre dans le cadre de son travail : «avec mon métier, je ne gagne pas beaucoup et on est confrontées à toute sorte de difficultés, surtout sanitaires. Et la situation est plus critique lorsqu’on commence à prendre de l’âge.
A 50 ans, on aura d’énormes difficultés pour marcher, correctement’’. Du coup, conclut-elle, «ce qui importe, pour moi, c’est de trouver de quoi entretenir mes enfants qui sont au village, de payer mon loyer et d’envoyer de l’argent à mes parents restés au village. Et c’est, d’ailleurs, pour cette raison, que je vends du café Touba, le soir. J’ai beaucoup de charges ; donc, je n’ai pas le temps de faire la fête. Et les autorités devraient plus penser à nous aider au lieu de gaspiller tout cet argent avec des fêtes qui n’ont aucun intérêt».
Maïmouna Fekhel Gning, Stagiaire (Actusen.sn)