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Chambre criminelle de Dakar : le récit glaçant de Maguette Diouf jugée pour infanticide

La chambre criminelle de Dakar s’est penchée ce mardi sur le dossier de Maguette Diouf. En détention depuis 2001, la jeune fille âgée de 18 ans au moment des faits, était élève en classe de première. Accusée d’infanticide, elle encourt 5 ans de réclusion criminelle. 

Alors qu’elle a réussi à dissimuler sa grossesse jusqu’en phase terminale, le 26 décembre 2021, vers 11 heures, Maguette Diouf est rattrapée par d’affreuses contractions. 17 heures, elle perd les eaux. Prise de panique, elle se dirigea discrètement vers les toilettes afin d’accoucher en catimini. Ayant aperçu la tête du nouveau né, la jeune femme enrôle son foulard autour de la tête de celui-ci avant de le tirer. Le bébé perd la vie. Sur ces entrefaites, elle s’en est ouvert  sa tante qui la conduit à l’hôpital avant d’informer le père du bébé nommé Mame Absa Gueye. Après autopsie, le médecin légiste conclut que le nouveau-né a perdu la vie par asphyxie et hémorragie interne. Les blouses blanches ont ainsi saisi la justice. La jeune fille est écrouée en décembre 2021.

Cependant, l’affaire évoquée hier devant la barre de la Chambre de Dakar, Maguette Diouf qui répond du chef d’homicide involontaire raconte : «vers 10h, j’ai senti les contractions. Comme je ne voulais pas que ma famille soupçonne que je suis sur le point d’accoucher, je me suis rendue dans les toilettes quand j’ai perdu les eaux à 17h. J’ai remarqué que la tête du bébé sortait. J’ai pris mon foulard que j’ai enroulé sur sa tête. J’ai tiré. Il est sorti. Je l’ai laissé tomber». Selon elle, elle a été une fois  consultée par une sage femme qui lui avait demandé de revenir dans un délai de 15 jours pour récupérer son carnet sanitaire.

Entendu en tant que témoin, son petit ami Mame Absa Gueye soutient qu’il était au courant de la grossesse de l’accusée. D’ailleurs il lui avait dit qu’il allait assumer la paternité de l’enfant. Selon lui, le 26 décembre, Maguette Diouf lui a fait part de ses douleurs au ventre. C’est ainsi, dit-il, qu’il lui a conseillé de se rendre à la clinique. Chose qu’elle n’a pas faite. Ce n’est que dans la soirée que la maman de celle-ci l’a appelé pour lui annoncer son accouchement. Une fois à la clinique, il apprend l’atrocité commise par sa dulcinée.

Le substitut du procureur de la République a requis 5 ans de réclusion criminelle contre l’accusée Maguette Diouf. Selon le maître des poursuites, après avoir extirpé l’enfant, elle l’a laissé tomber sur les carreaux. Il reste convaincu que la volonté de Maguette Diouf de donner la mort résulte des actes qu’elle a posés.

Prenant la parole pour leurs plaidoiries, les avocats de la défense Me Baba Diop et Me Iba Mar Diop ont sollicité l’acquittement au bénéfice du doute. D’après eux, c’est dans des conditions terribles que leur cliente a accouché. Ils précisent qu’elle n’avait que 18 ans. «En tirant la tête, elle a agi spontanément sans l’intention de donner la mort. Par ailleurs, rien ne prouve que l’enfant était en vie», ont-ils souligné. L’affaire mise en délibéré, la Chambre rendra sa décision le 21 janvier prochain.

Aïssatou TALL (Actusen.sn)

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