Le Président de la République a présidé, ce dimanche 1er décembre 2024, la commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye. L’occasion était pour le Chef de l’Etat de revenir sur l’importance de sauvegarder le souvenir du sacrifice des tirailleurs, de l’injustice et de l’humiliation subie. A cet effet, Bassirou Diomaye Faye a décidé d’initier des mesures de réappropriation d’une partie de cette histoire commune avec 16 pays africains frères.
« Un mémorial en l’honneur des Tirailleurs sera érigé à Thiaroye pour servir de lieu de recueillement et de mémoire, ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires, ainsi qu’au public. Un Centre de Documentation et de Recherche dédié aux Tirailleurs sera érigé pour conserver la mémoire. Ce centre recueillera des archives, témoignages et récits, tout en soutenant la recherche et l’éducation autour de cette histoire partagée. Des Rues et des Places porteront le nom de cet évènement tragique, de ces soldats pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien et notre histoire collective. L’histoire de Thiaroye et des Tirailleurs sera enseignée dans les Curricula éducatifs. Ainsi, les générations futures grandiront avec une compréhension approfondie de cette épisode de notre passé », indique le Président.
Aussi, annonce-t-il « la journée du Tirailleur est désormais fixée le 1er décembre de chaque année, jour de la commémoration du massacre de Thiaroye ».
« L’histoire de la guerre et des répressions armées n’est jamais ordinaire. Elle est rarement racontée de façon intégrale. Ce fut le cas de la seconde guerre mondiale et surtout ses conséquences dans les colonies qui connurent des répressions innommables : Thiaroye 1944, Sétif et Guelma, en Algérie 1945, Hanoi et Haiphong au Vietnam 1946, Madagascar 1947, Douala, au Cameroun ou Dimbokro, en Côte d’Ivoire 1948-1949 et bien d’autres lieux. Chacune de ces histoires tragiques vit en nous par l’exercice mémoriel. Ce qui nous rend fiers et reconnaissants envers nos anciens combattants », a-t-il rappelé.
« Les tirailleurs sénégalais n’étaient pas des mercenaires, mais bien les défenseurs d’une dignité humaine universelle. Le massacre de Thiaroye est une blessure, mais il est aussi une leçon »
Le Président d’ajouter que « rendre hommage à ces tirailleurs, ce n’est pas seulement pleurer nos martyrs. C’est porter leur combat et en faire un levier pour réinventer nos rapports avec nous-mêmes, avec notre histoire, et avec les héritiers de ceux-là qui ont été les auteurs de la tragédie. C’est dire au monde que les tirailleurs sénégalais n’étaient pas des mercenaires, mais bien les défenseurs d’une dignité humaine universelle. C’est proclamer haut et fort que cette dignité, si longtemps bafouée, ne sera plus jamais sacrifiée sur l’autel du silence et de l’oubli ».
« Le massacre de Thiaroye est une blessure, mais il est aussi une leçon. Une leçon qui nous enseigne que la fraternité, l’unité et le refus de l’oubli sont les armes les plus puissantes dont disposent les peuples libres pour écrire leur avenir ».
« Que cette commémoration, 80 ans après, ne soit pas qu’un moment de recueillement. Qu’elle soit un serment renouvelé. Un serment de justice, un serment de mémoire, un serment de vérité. Pour que, jamais plus, Thiaroye et les évènements similaires ne se répètent, sous aucune forme, nulle part dans le monde. Nous honorons aujourd’hui des héros. Et en les honorant, nous nous rappelons que nous avons nous-mêmes un devoir : celui de leur être fidèles. Fidèles à leurs valeurs, à leur combat et à leur vision d’un monde plus juste. Ensemble, œuvrons pour la vérité historique restaurée du massacre de Thiaroye, pour la justice, la liberté et la dignité pleine et complète », a-t-il conclu.
Actusen.sn