Des riverains de Mermoz, Sacré Cœur et la Cité Keur Gorgui en ont vu de toutes les couleurs après avoir croisé le chemin de Alioune Ba et Ismaëla Diallo. Usant de la magie les deux acolytes dépouillaient d’honnêtes citoyens. Plus âgé, Alioune Ba choisi méticuleusement ses victimes qui particulièrement sont des femmes. Il leur demande une adresse que celles-ci ne sont jamais en mesure de lui donner. Surgi de nulle part, Ismaëla Diallo entre en jeu en donnant la supposée adresse à Ba. Celui-ci en retour se prévoyant d’un supposé don mystique lui retrace son passé avant de lui prévenir son avenir. Appâtées, certaines femmes tombent dans le piège et sollicitent une séance de voyance. Grâce à un tour de magie, elles perdent la raison avant de remettre leurs biens aux charlatans qui après satisfaction s’évaporent dans la nature. S’ils ont réussi leur coup avec plusieurs dames, ils n’ont pas pu échapper à Maïmouna.
Même si cette dernière a été dépouillée de sa fortune, grâce à elle, les agissements de ces deux individus malintentionnés sont stoppés pour un bon bout de temps. En effet, cette victime, lors d’une promenade, a reconnu Ismaël Diallo. Celui-ci qui ne se doutait de rien a été interpellé par l’oncle de la victime. Maitrisé avec l’aide des agents de la circulation, il a facilité l’arrestation de son maître grâce à un plan ourdi par les policiers. A l’enquête, Maïmouna est revenue sur sa mésaventure avec Alioune et Ismaëla Diallo. A l’en croire, alors qu’elle attendait tranquillement un bus à Sacré Cœur, elle a été approchée par Alioune Ba.
Celui-ci lui demandait l’adresse d’une voyante qui habiterait dans la zone. N’ayant aucune idée sur la question, Ismaëla Diallo qui était juste à côté dit connaître la dame en question mais qu’elle a déménagé. Faisant semblant d’être pressé de partir, Ismaëla est retenu par Alioune qui lui dit selon la dame : «ta sœur a accouché de jumeaux mais l’un des bébés est gravement malade». Ce que celui-ci a confirmé. Échange qui n’a pas laissé la dame indifférente selon ses déclarations devant les enquêteurs. C’est ce qui lui a poussé à demander à Alioune de regarder pour elle. «Je lui ai tendu les mains et il a commencé à prier pour moi. Tout à coup j’ai vu du liquide blanc sortir de ses mains. Par la suite il m’a dit qu’une de mes tantes m’a jeté un sort. Et il a promis d’enlever ce mauvais en me demandant si je détenais de l’argent. N’ayant que mes téléphones et deux mille francs je leur ai demandé de me suivre à la maison. Là bas, j’ai dépouillé le porte monnaie de ma mère et la tirelire de mon grand frère. En tout, j’ai remis au charlatan la somme de 350 mille francs CFA. Après on s’est rendu dans un terrain vague pour la séance de prière. Alioune m’a sommée de rien dire à personne avant qu’ils ne disparaissent tous les deux», a raconté Maïmouna aux enquêteurs.
Alioune Ba et Ismaëla Diallo qui avaient pourtant reconnu les faits devant les enquêteurs ont tout nié devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Tous les deux ont juré ne pas connaître la dame. Poursuivis pour escroquerie et charlatanisme ils a ainsi contesté les faits. «J’attendais Alioune Ba à l’arrêt bus qui est en face de la Sonatel de la cité Keur Gorgui. Subitement, une dame et un homme ont surgi devant moi. La dame m’indexait en lui disant que c’est lui. Moi je n’avais rien compris. C’est par la suite que les policiers sont arrivés après avoir entendu la dame qui m’accusait de l’avoir escroqué ils se sont mis à me gifler. Ce sont les policiers qui m’ont dit d’appeler Alioune pour lui dire que je suis avec une cliente. C’est quand il est arrivé qu’ils nous ont conduit au commissariat. Je n’ai jamais vu la dame je ne la connais pas», s’est défendu Ismaëla Diallo. Alioune corrobore les dire de son coprevenu et dit être un antiquaire. « Je ne suis pas un charlatan. Quand Ismaëla m’a appelé ce jour là, il était en pleurs. C’est la raison pour laquelle je me suis dépêché pour aller le voir. On n’a rien fait à la dame. On ne l’a jamais rencontré», affirme-t-il sans convaincre la représentante du ministère public.
Celle-ci lui a clairement signifié que ce n’est pas la première fois qu’il a comparu devant une juridiction pénale pour des faits similaires. D’après le parquet, les prévenus opèrent avec le même modus operandi. Convaincue que les faits sont constants, la représentante du ministère public a requis l’application de la loi. L’avocat de la défense a lui sollicité la relaxe au bénéfice du doute. Mais, sa requête n’a pas été suivie par le tribunal qui a déclaré les prévenus coupables. Ils ont écopé chacun d’une peine d’emprisonnement de 6 mois ferme.
Aïssatou TALL (Actusen.sn)