Les autorités sont passées à l’acte. Après la vérification de la conformité de certains organes de presse avec la législation en vigueur, les autorités ont adressé des correspondances aux entreprises de presse qui n’ont pas été retenues par la commission de contrôle de mettre fin à leur production. Une situation qui n’est pas du goût du Conseil des Éditeurs et Diffuseurs de Presse du Sénégal (CDEPS). Dans un communiqué rendu public, le Cdeps dénonce «des menaces inédites contre la presse». Selon les éditeurs et diffuseurs de presse, les autorités ont pris un certain nombre de décisions sans aucune concertation avec les concernés : «Le Cdeps tire la sonnette d’alarme face à une offensive sans précédent contre la liberté de la presse. En moins de 48 heures, plusieurs décisions ont été prises unilatéralement par les autorités, menaçant l’existence même des entreprises de presse».
«Dans une action brutale et inouïe», cite la note parcourue, « la Télédiffusion sénégalaise (TDS-SA) a coupé ou fortement altéré le signal de quatorze chaînes de télévisions locales sous prétexte de retards de paiement, sans préavis, ni possibilité de recours. Dans le même temps, plusieurs médias ont reçu des injonctions fermes de cesser immédiatement leur diffusion, prétextant une non-conformité administrative, au risque de s’exposer à des poursuites pénales». Une situation qui pousse le Cdeps à dire que «l’activité de presse est désormais criminalisée au Sénégal en cas de non-reconnaissance par l’autorité administrative et politique».
«Le CDEPS dénonce une stratégie visant à mettre au pas un secteur déjà fragilisé. Il fustige le non-respect flagrant des principes de séparation des pouvoirs et des règles de régulation des médias, pourtant inscrits dans la Constitution et le Code de la presse. Depuis l’entrée en fonction du nouveau gouvernement en avril 2024, la presse fait face à une vague de mesures irrégulières et coercitives qui compromettent son indépendance et sa survie économique», signe Mamadou Ibra Kane. Il rappelle, dans la foulée, que «malgré un recours déposé en septembre 2024 contre l’arrêté instituant la commission d’examen et de validation des entreprises de presse, aucune suite n’a été donnée. Pire encore, des violations supplémentaires de la loi ont été constatées et feront l’objet de nouveaux recours devant la Cour suprême».
Et loin de vouloir rester les bras croisés face à cette situation « critique », le CDEPS annonce «une série d’actions concrètes pour défendre la liberté de la presse». D’ailleurs, informe la note, «une mobilisation nationale et internationale est en cours d’organisation». Une manifestation « symbolique», est, aussi prévue le 3 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. «Le CDEPS en appelle aux citoyens sénégalais, à la société civile, aux organisations de défense des droits de l’homme et à la communauté internationale, pour exiger la fin de ces mesures arbitraires et garantir un environnement médiatique libre et indépendant au Sénégal», conclut la note.
Actusen.sn