Le ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement soudanais a clarifié mercredi 12 février la position du gouvernement de Khartoum sur la comparution d’Omar el-Béchir devant la Cour pénale Internationale.
Mardi, un haut-représentant soudanais avait annoncé que l’ancien président soudanais Omar el-Béchir pourra, à l’avenir, être transféré à la Cour pénale internationale. Une décision qui a créé la surprise, car le Conseil souverain s’y était jusqu’à présent opposé.
« Cette décision a le soutien total du Haut Conseil pour la paix qui comprend tous les membres du Conseil souverain, a précisé le ministre soudanais de l’Information Faisal Mohammed Saleh. Cela inclut donc les militaires de ce Conseil souverain. Deux d’entre eux participent déjà à ces négociations de paix à Juba. Nous sommes tombés d’accord sur le principe d’une comparution devant la CPI de ceux qui sont visés par un mandat d’arrêt. Ils sont quatre. L’un d’entre eux est Omar el-Béchir. Il y a Ahmed Haroun, Abdelrahim Mohammad Hussein et Ali Kosheib. Nous discuterons des détails plus tard. Nous en discuterons avec les représentants de la CPI et avec les mouvements du Darfour lors des négociations en cours à Juba. »
Car si la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêts et réclame le transfèrement de l’ancien président à La Haye, c’est pour les faits commis au Darfour. Omar el-Béchir est accusé de crimes de guerre et crime contre l’humanité, génocide notamment. Des faits qui remontent au début des années 2000 lorsque cette province a connu des affrontements entre rebelles et forces du régime d’Omar el-Béchir. L’ONU a recensé pas moins de 300 000 morts et quelque 2,5 millions déplacés.
Mais ce n’est pas la seule personnalité que la Cour pénale internationale aimerait juger. Trois autres cadres du régime font également l’objet de mandats d’arrêts internationaux, cités par le ministre soudanais de l’Information. Il y a Ahmed Haroun, qui a un temps occupé le ministère des Affaires humanitaires et qui est soupçonné d’avoir recruté et armé les redoutables milices Janjawid ; Ali Kosheib, un ancien commandant des Janjawid ; et Abdelrahim Moahamad Hussein, à l’époque ministre des Affaires intérieures et représentant spécial du régime pour le Darfour.
Du côté de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) l’avocat Patrick Baudouin estime que la CPI est légitime pour juger l’ancien président soudanais. Et quand des voix réclament de longue date que ce dernier soit jugé sur le continent, le président d’honneur de la FIDH rejette l’idée d’un tribunal spécial à Khartoum.
Les conditions sécuritaires, matérielles, judiciaires, politiques ne sont pas réunies. En réalité, ceux qui poussent des cris d’orfraie parce qu’il peut y avoir ce déferrement d’el-Béchir et d’autres responsables à la CPI, ce sont le plus souvent des dirigeants ou responsables d’autres pays qui eux-mêmes créent une sorte de chaîne de solidarité entre responsables de violations graves de droits de l’homme.
Patrick Baudouin
Rfi.fr