Le ministre des Finances et du Budget et le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) se sont retrouvés, vendredi dernier autour d’une table pour désamorcer la crise qui secoue le secteur de la presse. Cette audience accordée aux patrons de presse s’inscrivait dans l’appel au «dialogue rénové» exprimé par le président de la République en Conseil des ministres du 14 août 2024. D’après les informations reçues, la situation de la dette fiscale des entreprises de presse a été le principal sujet de la rencontre entre les deux parties. Le président du Cdeps, Mamadou Ibra Kane qui a assisté à cette concertation a dit toute la disponibilité du patronat de la presse sénégalaise à entretenir des relations de collaboration avec le nouveau régime. Pour la situation de la dette fiscale des entreprises de presse jusqu’au 31 décembre 2023, le Cdeps s’en réfère à l’effacement fiscal accordé par le président Macky Sall par un courrier en date du 20 mars 2024.
Et en l’absence de reconnaissance de cet effacement fiscal par les nouvelles autorités, le Cdeps, lors de cette audience, a soumis au ministre plusieurs requêtes pour la détente des relations avec la presse. Parmi lesquelles figurent «la main levée sur les comptes bancaires bloqués et annulation des procédures de saisie ; annulation de la taxation d’office, des pénalités et des redressements fiscaux ; gel des procédures de recouvrement des Impôts jusqu’en juin 2025 ; contrats publicitaires et créances dues par l’État ; paiement des contrats publicitaires échus ; rétablissement des contrats publicitaires résiliés unilatéralement ; déblocage du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP) ; fiscalité spécifique pour le secteur de la presse». Pour le Cdeps, à l’instar de tous les pays démocratiques, le Sénégal devrait instituer une fiscalité spécifique pour la presse, car, dit-il, plusieurs secteurs dits stratégiques en bénéficient (logement social, agriculture-élevage, investissements étrangers, etc.).
Prenant la parole face à toutes ces doléances soulevées par le Cdeps, le ministre des Finances et du Budget a dit la disponibilité de son département à faire des propositions à son gouvernement. Après le plaidoyer de Me Doudou Ndoye sur l’urgence d’une main levée sur les comptes bancaires, le ministre a promis, dès le début de la semaine prochaine, des mesures pour examiner favorablement toutes les mesures fiscales préconisées pour desserrer l’étau sur les entreprises de presse. Aussi, l’argentier de l’Etat a fait savoir également que tous les contrats échus peuvent être soumis à ses services pour paiement. Le ministre et ses collaborateurs ont manifesté un grand intérêt pour la fiscalité spécifique au secteur de la presse. C’est ainsi que le Directeur général des impôts et domaines (Dgid) a préconisé d’ailleurs d’associer la presse à la révision prochaine du Code général des Impôts.
Mais il y a un point de discorde car la seule question sur laquelle il n’y pas eu de réponse du ministre concerne le déblocage du Fonds d’appui et de développement de la Presse (Fadp). Pour autant, toutes les questions abordées, au cours d’une rencontre feront l’objet d’un compte-rendu à l’autorité dans l’esprit de décrisper les relations entre le nouveau régime et la presse. Sur toutes les questions évoquées, le ministre a promis une réponse en milieu de semaine prochaine. Toutefois, il y a des actions urgentes à mener par les entreprises. Il s’agit du dépôt du dossier fiscal de chaque entreprise qui le désire au cabinet de Me Doudou Ndoye pour réexaminer à la baisse les montants de la dette fiscale annoncée par les Impôts. Les données agrégées de la dette fiscale de toutes les entreprises de presse permettront d’en faire aussi une analyse dans le cadre de la réforme de la fiscalité pour les entreprises de presse.
Actusen.sn