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Dans l’univers du ramadan des femmes sénégalaises : Jeûner ne veut pas forcément dire porter des habits décents

Dans le cadre de sa rubrique intitulée « Dans l’univers du ramadan… », Actusen est allé à la rencontre de jeunes femmes musulmanes. Très soucieuses de leur apparence, la plupart essaient de rester coquettes. Ainsi, beaucoup d’entre elles portent des habits qui montrent leurs parties intimes. Ce qui ne les empêche pas de jeûner.  Néanmoins, parmi ces femmes, il y en a qui peuvent se targuer de respecter à la lettre les consignes de leur religion en termes d’habillements.

Il est  15 heures passées. Fatima Ba est assise sur un banc aménagé sur l’esplanade de l’Université Dakar Bourguiba. Juste en face d’elle, se tient un cordonnier. Une barrière en fer délimite cet espace destiné aux pensionnaires de l’établissement.

Fatima Ba, étudiante à l’Université Dakar Bourguiba : «il m’arrive de vouloir prier ici à l’école. D’autant plus que je suis ici le plus clair de mon temps. Par contre, l’état des toilettes de l’établissement laisse à désirer»

La jeune femme étudie le droit des affaires depuis trois années. A cause de son emploi du temps, elle est obligée de rester parfois durant des heures à attendre son prochain cours. Ce qui interfère beaucoup sur ses habitudes quotidiennes notamment en ce mois béni de ramadan où prier devient davantage une obligation.

«Il m’arrive de vouloir prier ici à l’école. D’autant plus que je suis ici le plus clair de mon temps. Par contre, l’état des toilettes de l’établissement laisse à désirer. Or, c’est le seul endroit où je peux faire mes ablutions», se désole-t-elle.  Seulement, à l’impossible nul n’est tenu, nous dit-elle.

Ceci étant, il est clair que la demoiselle Ba est obligée, lorsqu’elle rentre chez elle, de compenser  les heures de prières perdues. En réalité, la jeune dame, teint clair, est très à cheval sur  les préceptes de l’islam. Fatima s’est couvert la tête avec un voile. En plus, ses habits très amples, un pullover beige en forme de tricots  et un pantalon marron, imposent le respect. Porter des habits décents tout au long de l’année, elle en a fait une obligation.

«Cela fait plus ou moins cinq ans que j’ai décidé de changer mon port vestimentaire. Je vous avoue qu’au début, ce n’était pas pour me conformer aux recommandations du prophète. C’était juste une question de mode. Par la suite, j’ai commencé à y prendre gout. Puis, j’ai constaté que les hommes me respectent un peu plus. Pour ce qui est des filles qui exhibent leurs parties intimes, je pense qu’elles n’ont pas autre chose à mettre. Vous voyez, il y a des femmes qui n’ont que des habits dénudés», explique-t-elle.

Ndèye Ami Ndiaye: «je pense qu’il est important de faire de son possible pour se conformer aux préceptes de l’islam durant le mois de ramadan. Un mois, ce n’est pas long. En ce qui concerne la perruque, je pense que ce n’est pas grave. Je me focalise surtout sur mon habillement»

En ce moment de la journée, l’activité bat son plein sur l’avenue Bourguiba. De loin, on entend les appels des vendeurs de téléphones high-tech d’une boutique qui représente une grande marque de la place.  Les transports en communs font leur ronde habituelle. Par ci par là, des tables ou étales se distinguent.

A quelques mètres de là où nous avons trouvé Fatima Ba, sur le côté opposé du bord de la route, Ndèye Ami Ndiaye se tient debout. Elle essaie tant bien que mal de héler un taxi dans la rue. La dame qui a, à peu près, une un peu plus de trente-cinq ans porte une jolie robe vert-menthe. Cependant, certaines parties intimes de son corps sont visibles. En plus, Ndèye Ami ne s’est pas couvert la tête. Elle porte une perruque bien coiffée.

«Je n’ai pas beaucoup d’habits qui me permettent de me couvrir le corps. D’habitude, je ne porte que des jeans et des body. Mais, je pense qu’il est important de faire de son possible pour se conformer aux préceptes de l’islam durant le mois de ramadan. Un mois, ce n’est pas long. En ce qui concerne la perruque, je pense que ce n’est pas grave. Je me focalise surtout sur mon habillement », nous dit-elle. En fait, la dame qui  n’a pas jusque-là trouvé chaussure à son pied affirme qu’elle ne sent pas à l’aise lorsqu’elle porte des habits traditionnels.

Fatou Gueye Sow : «d’habitude, je porte des habits très sexy. C’est la raison pour laquelle les jeunes hommes n’arrêtent pas de m’importuner dans la rue. Par contre, depuis le début du jeûne, je constate que ce genre de choses m’arrive plus»

Tout comme Ndèye Ami, Fatou Gueye Sow est une femme sénégalaise moderne. L’adolescente a été trouvée près de la station Castors avec un sachet sur le bras. Sa taille fait près d’un mètre soixante-dix. Fatou Gueye porte une robe noire très collante. Pour dire que, son port vestimentaire est de nature à faire ressortir les pulsions que certains hommes tentent d’enfouir au plus profond d’eux en ce mois béni de ramadan. Pourtant, Fatou Gueye a fait beaucoup de sacrifice.

Cette robe n’est rien, dit-elle, comparée à ce qu’elle a l’habitude de porter. «Je fais beaucoup d’efforts concernant mon habillement durant le mois de ramadan. D’habitude, je porte des habits très sexy. C’est la raison pour laquelle les jeunes hommes n’arrêtent pas de m’importuner dans la rue. Par contre, depuis le début du jeûne, je constate que ce genre de choses m’arrive plus».

Le mois de ramadan est chez les femmes tout comme chez les hommes une occasion inespérée pour corriger certaines mauvaises habitudes. Par contre, il y  a certaines manies qui ont la peau dure. Ainsi, nombreuses sont les femmes qui, même si elles font beaucoup d’efforts pour respecter les prières de la journée et  évitent de médire, n’en font pas autant concernant leur port  vestimentaire.

Omar Ndiaye (Actusen.com) 

 

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