«Il faut étudier la société par les hommes, et les hommes par la société : ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale n’entendront jamais rien à aucune des deux» Jean Jacques Rousseau
Ils ne s’embrassent plus de scrupules, ils vocifèrent contre Macky Sall dans le seul but de se vendre au régime. Le citoyen en est arrivé à désespérer du langage politique. Un homme est libre de retourner sa veste, de renier ses principes, de se trahir soi-même, mais ce qui est inacceptable c’est de faire de la nation une monnaie d’échange. Les transhumants sont des antipatriotes, des renégats, de la nation : ils parlent au nom du peuple, ils prétendent défendre la nation contre les dérives d’un homme, mais c’est pour se faire corrompre ou plutôt se faire acheter.
Le peuple sénégalais croupit dans la misère, il est exploité et trahi par une classe politique majoritairement opportuniste. Et des gens qui n’ont jamais réussi quelque chose dans la vie utilisent la misère du peuple pour se faire remarquer par le régime. Quand on quitte une coalition politique après l’avoir fréquentée par simple calcul politique, on ne trahit pas seulement des individus, on trahit tout un peuple. Car les partis politiques comme les syndicats sont des réceptacles de la volonté populaire dans une démocratie représentative. Les partis politiques et les coalitions sont consacrés par la Constitution et institutionnalisés par la tradition démocratique. Nul ne devrait les utiliser à des fins personnelles.
Comment peut-on, avec cette désinvolture totale, accuser Macky Sall d’être mauvais pour le pays, le combattre au nom de la démocratie, de l’État de droit et du peuple et, quelques temps après aller lui vendre son âme ? Comment peut-on s’amuser autant avec le destin d’un peuple ? Le peuple ne vous a rien demandé, il ne vous a jamais mandaté pour parler en son nom, mais vous vous êtes arrogés ce droit pour en faire votre gagne-pain illicite !
Il nous faut dans notre pays deux musées : un dédié à la honte et un autre à l’héroïsme. Il nous faut un musée de la honte où tous les actes d’indélicatesse, de reniement, et de trahison seront répertoriés et fichés comme contre-exemples pour la jeunesse. Il nous faut un musée de l’héroïsme pour exalter la bravoure, l’exemplarité, l’honneur et l’amour de la patrie. Notre nation ne compte pas que de roublards, il y a des héros qui sont dans un anonymat injuste et c’est à la nation de les sortir de cet anonymat pour en faire des modèles.
C’est pourquoi le Mouvement citoyen LABEL-Sénégal qui prône l’ancrage de notre démocratie et de notre vision politique et économique dans notre culture propose l’abolition du CESE et du HCCT pour l’institution d’une chambre des sages. Les membres de cette institution (grande innovation que le Sénégal pourra offrir en exemple au monde) seront nantis de prérogatives définies par la Constitution. Elle aura entre autres missions celle d’épier les grandes œuvres morales, les actes qui honorent la patrie ainsi que ceux qui la déshonorent.
Elle sera en même temps une institution chargée de proposer tout ce qui contribue à consolider l’unité nationale et le dialogue entre les politiques et entre ces derniers et les acteurs syndicaux, les acteurs économiques, etc. Seront éligibles comme membres de cette chambre les grands communicateurs traditionnels affranchis des contingences politiques, les représentants des plus grandes confréries religieuses du Sénégal, le représentant de l’Église, les anciens héros de guerre (généraux à la retraite) les enseignants émérites à la retraite, etc. Leur mandat sera de sept ans non renouvelables (de sorte qu’ils puissent transcender la durée du mandat du Président de la république et des députés). Cette institution sera un recours en cas de crise politique aigüe car elle sera une institution à cheval entre le politique et le civil.
Notre pays doit pouvoir tirer le maximum de profit des figures emblématiques qui constellent notre tradition et notre patrimoine culturel. Nous n’avons nullement le droit de laisser des professionnels de la politique « de rente » dévaloriser à outrance notre histoire et souiller la mémoire de ceux qui ont versé leur sang dans les chemins de l’honneur. Il nous faut arrêter ce massacre ! Il faut purger la société des auteurs de blasphèmes contre la nation : face à ceux qui n’ont ni honneur ni principe, doivent se dresser ceux qui sont suffisamment nantis de ces valeurs. Car si des hommes sans principe ni honneur peuvent avoir la détermination suffisante pour pervertir nos mœurs, ceux qui ont pour boussole l’honneur et pour énergie les valeurs doivent se savoir plus forts qu’eux pour leur barrer la route.
La transhumance, du moins telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, est devenue un fléau pour l’avenir de notre jeunesse. Quand on montre à sa jeunesse qu’il y a une prime à la trahison et à la transhumance, quand on oblige la nation d’entretenir des professionnels de l’inconstance en créant des institutions loufoques rien que pour les caser, on ne peut pas espérer avoir une jeunesse qui a foi en la valeur rédemptrice du travail.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
SG du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal