Dans les ruelles nocturnes de Dakar, une femme courageuse partage son récit marqué par des choix difficiles et les conséquences d’une vie dans l’ombre. Entre dévouement filial et les réalités brutales de la prostitution, elle appelle à un soutien gouvernemental pour aider celles qui se retrouvent dans des situations similaires. De l’année où elle s’est engagée dans la vie de prostituée au jour où elle a contracté le VIH/SIDA, Mariama nous fait un récit poignant.
C’est à l’âge tendre de quinze ans que la vie de Mariama a basculé dans la prostitution. La femme de 45 ans nous explique : « Je suis une femme de 45 ans vivant à Dakar, au Sénégal. Depuis mon plus jeune âge, vers l’âge de 15 ans, lorsque j’étais en classe de quatrième, j’ai commencé à exercer le travail de nuit, c’est-à-dire la prostitution. La raison qui m’a poussée à faire cela était les difficultés financières que traversait ma mère à l’époque. Je ne pouvais pas la laisser seule dans une telle situation, donc j’ai pris cette décision ».
«Comment une amie m’a fait basculer dans la prostitution, alors que j’avais 15 ans et j’étais en classe de quatrième»
Mariama raconte qu’à l’époque, elle avait un ami qui l’aimait beaucoup, mais elle ne pouvait pas rester avec lui. « Un jour, alors que je cherchais du travail sans succès, j’ai partagé mes préoccupations avec une amie qui m’a fait une proposition. Elle m’a dit : « La vie n’est pas facile, mais je peux te donner un travail qui est à la fois facile et rémunérateur. Si tu es prête, nous pouvons le faire. Je lui ai demandé de quel travail il s’agissait, et elle a répondu que c’était la prostitution. Au début, j’ai été choquée, mais après quelques minutes de réflexion sur la situation difficile de ma mère, j’ai décidé que je devais prendre cette opportunité pour changer sa vie. »
Mariama, unique soutien de sa mère dans un contexte familial difficile, partage ses souvenirs avec une franchise poignante : «Je suis l’unique fille de ma mère, notre père nous a abandonnées, et nos conditions de vie étaient difficiles. Je me suis donc engagée dans ce travail avec mon amie. Elle m’a expliqué que nous travaillons ensemble dans une chambre, accueillant des clients masculins. Elle m’a convaincue en disant que cela nous permettrait de gagner plus d’argent. Quand j’ai demandé comment cela affecterait notre scolarité, elle a insisté sur le fait que nous devions abandonner l’école car, selon elle, continuer nos études ne nous mènerait nulle part, et nos parents continuent de souffrir.»
«Au début, j’ai été choquée, mais après quelques minutes de réflexion sur la situation difficile de ma mère, j’ai décidé que je devais prendre cette opportunité pour changer sa vie»
Les premières expériences apportèrent un soulagement financier immédiat à la famille de Mariama. «J’ai donné 10 000 francs à ma mère dès ma première expérience, et elle était très fière de moi. Pendant cinq ans, ma mère a vécu dans des conditions meilleures grâce à cet argent. Cependant, au fil du temps, j’ai contracté le VIH/SIDA. La réalité est que les personnes qui pratiquent ce travail ne sont pas nécessairement mauvaises, mais souvent, c’est la situation qui les contraint. Si le temps pouvait être inversé, je ne reprendrais jamais cette voie», déclare-t-elle.
Son témoignage est un appel à l’empathie et à la compréhension des complexités derrière les décisions difficiles que certaines personnes sont contraintes de prendre pour survivre. En racontant son histoire, Mariama espère inspirer un changement social et attirer l’attention sur la nécessité d’un soutien gouvernemental pour les femmes vulnérables du Sénégal.
«Au fil du temps, j’ai contracté le VIH/SIDA. (…) Si le temps pouvait être inversé, je ne reprendrais jamais cette voie»
«Je tiens à conseiller aux filles qui exercent ce métier de le quitter le plus tôt possible, car il y a des conséquences importantes pour leur avenir. Pour moi, il est essentiel que l’État nous fournisse un soutien afin d’éviter que de telles situations se reproduisent dans notre pays », déclare Mariama.
Fallou SECK, stagiaire (Actusen.sn)