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Détournement de mineure : la victime dément son père, partie civile, à la barre et refuse de rentrer avec lui

Le ressentiment que la mineure S. Diabaye a pour son père a intrigué plus d’un ce jeudi, à la salle 3 du palais de justice de Dakar qui abrite le tribunal d’Instance. Victime de corruption de mineure l’attitude de la jeune fille envers son géniteur a fait sursauter toute l’assistance présente dans la salle. En effet, quand l’affaire fut évoquée, le père de la mineure, en l’occurrence Khadim Diabaye, était seul à la barre avec les prévenus Moussa Niang, David Mendy, Abdoulaye Ndiaye et Amadou Ndiaye dit Demba. Quand le magistrat a demandé après la fille, Khadim Diabaye a soutenu qu’elle n’était pas venue. Avant même qu’il ne termine son propos, celle-ci bondit de son siège et lance : «je suis là». Gêné, le père de famille baisse la tête et écoute la lecture des chefs d’infraction retenus contre les comparants. Ces derniers sont poursuivis pour détournement et corruption de mineure.

Selon l’économie des faits, dans la nuit du 13 au 14 mai, Khadim Diabaye qui avait constaté l’absence de sa fille est parti à sa recherche. Il finit par la retrouver aux Parcelles Assainies. Interrogée, celle-ci lui a dit qu’elle a passé la nuit dans la chambre de Demba Ndiaye. Elle a raconté à son père que moyennant un sandwich, elle a entretenu des rapports sexuels avec ce dernier et ses co-prevenus. Outré, le père de famille saisit la police qui procède à l’arrestation de ces derniers. Entendu, Demba Ndiaye reconnaît avoir reçu la mineure dans sa chambre. Il avoue également que ses acolytes étaient dans la pièce. À en croire Demba, la mineure a uniquement entretenu des rapports sexuels avec le nommé Moussa Niang. Ce que celui-ci conteste farouchement en mouillant toute la bande. D’après lui, ils ont tous couché avec la fille. Face au juge, les prévenus qui ont contesté tout contact avec la mineure reconnaissent qu’elle a dormi dans la même pièce qu’eux.

Interrogée à son tour, S. Diabaye raconte que c’est son amie qui la met en rapport avec des hommes. Cette nuit-là, dit-elle, sa copine l’a amenée chez les prévenus avant de l’abandonner là-bas. Cette dernière, entendue en tant que témoin, relate que le soir des faits, elle a croisé S. Diabaye dans la rue. «En pleurs, elle m’a dit que son père l’a tabassée. Et je l’ai hébergé chez moi», a témoigné la jeune fille, élève en classe de 3ème. Toutes ses déclarations bottées en touche par sa fille, Khadim Diabaye s’est abstenu uniquement à réclamer justice.

Le maître des poursuites prenant la parole pour ses réquisitions a fustigé le comportement de certains jeunes. «S. Diabaye quel que soit sa personnalité, elle doit être protégée. Voilà une fille qui vient au tribunal prendre le contre-pied des déclarations de son père, sans la moindre gêne. Alors que son papa a saisi les enquêteurs sur la base de ses déclarations. C’est une fugueuse, une dévergondée. Cet enfant a connu des choses qu’elle ne devait pas connaître à cet âge», a tonné le délégué du procureur de la République. S’agissant des prévenus, il a requis 2 ans d’emprisonnement dont 3 mois ferme. «Elle a eu des rapports sexuels au moins avec Moussa. Ils sont nés entre 2000 et 2002. Ils doivent assumer leurs actes. C’est des faits extrêmement graves. Au sortir de cette épreuve, ils comprendront qu’ils n’ont plus le droit de s’adonner à certains actes dégradants», a souligné le parquetier.

Selon Me Omar Gaye de la défense, aucun document ne renseigne sur la minorité de la fille. «Il n’y a pas d’extrait de naissance dans le dossier. Le seul tort d’Abdoulaye Ndiaye est d’avoir passé la nuit dans la chambre. L’erreur serait de mettre tout le monde dans le même sac. Il n’a jamais reconnu avoir couché avec la fille», a plaidé la robe noire qui sollicite la relaxe de son client. Ses confrères Me Ndiack Bâ et Me Ibrahima Thiaw estiment que le délit de détournement de mineure n’est pas établi d’autant plus que, selon eux, c’est la fille qui est partie rejoindre les garçons en compagnie de son amie. Constitué pour David Mendy, Me Serigne Amadou Mbengue demande le renvoi des fins de la poursuite de son client qui depuis le début nie farouchement les faits. «Il s’est rendu à la police des Parcelles Assainies pour voir son ami Demba. Il passait la nuit chez lui parce que leurs maisons sont exiguës».

L’affaire est mise en délibéré. La décision sera rendue le 14 juillet.  Et dès leur sortie de la salle, la fille a refusé de rentrer avec son père qui a été attaqué par les proches des mis en cause. Ce sont les gendarmes qui l’ont extirpé de la foule.

Adja Khoudia THIAM (Actusen.sn)

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