Bloqué par l’Australie, qui lui refuse l’entrée sur son territoire pour disputer le premier tournoi du Grand Chelem de l’année, le N°1 du tennis mondial Novak Djokovic a l’indéfectible soutien des autorités serbes dans cet interminable bras de fer. Malgré ses positions controversées sur les vaccins anti-Covid-19.
Depuis bientôt 48 heures, l’affaire fait le tour du monde. Novak Djokovic a été placé en centre de rétention après avoir été bloqué à l’aéroport de Melbourne par les douanes, parce qu’il est arrivé « sans les documents nécessaires » à son entrée en Australie. Les autorités de Canberra ont même décidé d’annuler le visa qui lui avait été accordé, pour montrer qu’aucun passe-droit ne saurait être accordé en pleine vague Omicron, pas même à une célébrité mondiale. Depuis, le N°1 mondial a reçu l’autorisation de rejoindre un hôtel, le temps que soit examiné son recours pour pouvoir participer au premier tournoi du Grand Chelem de l’année, qui se tiendra du 17 au 30 janvier prochain. Le Serbe sera fixé sur son sort lundi.
Le président serbe accuse l’Australie de « mauvais traitement »
En Serbie, les autorités multiplient les gestes de soutien à l’égard de la plus grande vedette nationale. Dès mercredi, le président Aleksandar Vucic est monté au créneau sur Instagram pour critiquer vivement l’Australie, accusée de « mauvais traitement » envers Novak Djokovic. L’homme fort de Belgrade a assuré aussi que « toute la Serbie [était] avec lui » et que « les autorités [prenaient] toutes les mesures nécessaires pour que le mauvais traitement du meilleur joueur de tennis du monde cesse aussitôt que possible ».
Ce jeudi, Aleksandar Vucic a enfoncé le clou, s’en prenant fort peu diplomatiquement au chef du gouvernement australien, qui mènerait une véritable « chasse politique » contre le « joker ». Cela « n’est pas fair-play », a-t-il poursuivi devant la presse, avant d’assurer que d’autres joueurs présentant le même profil sanitaire que celui de Novak Djokovic avaient pu entrer sur le sol australien, sans toutefois citer de noms.
« Je crains que cette sorte d’acharnement politique sur Novak va se poursuivre, car quand vous ne pouvez pas vaincre quelqu’un alors vous vous tournez vers ce genre de choses », a insisté Aleksandar Vucic. Une référence explicite au 21e titre du Grand Chelem que convoite le N°1 mondial, ce qui lui permettrait de dépasser ses grands rivaux, Roger Federer et Rafael Nadal. Avec neuf victoires à Melbourne, Novak Djokovic est déjà le recordman au palmarès de l’Open d’Australie.
« Notre État exige que le numéro un mondial soit libéré immédiatement, ce qu’a également demandé l’ambassadeur de Serbie, qui a contacté le joueur et pris toutes les mesures possibles », a martelé de son côté Nikola Selakovic, le ministre serbe des Affaires étrangères, interrogé dans Informer, un tabloïd proche du pouvoir. La Première ministre Ana Brnabic, doit quant à elle s’entretenir avec une des chefs du ministère australien de l’Immigration et des Frontières.
L’autre visage de « Nole »
S’il se montre toujours sous son meilleur jour dans les médias internationaux, donnant l’image d’un joueur aussi lisse que sympathique, Novak Djokovic est bien moins policé dans les Balkans. Depuis le début de la pandémie, il a ainsi multiplié les positionnements douteux, n’hésitant pas à s’afficher avec des personnages très controversés.
À l’été 2020, il a notamment rendu visite à un prédicateur bosnien complotiste, Semir Osmanagic, pour vanter les mérites thérapeutiques des « pyramides de Visoko » découvertes dans les années 2000 par ce dernier. Depuis, Semir Osmanagic s’est affiché au côté des antivax de Croatie, emmenés par des figures de l’extrême droite locale, qui ont multiplié les démonstrations de force ces derniers mois.
Rfi.fr