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Contribution

El Hadji Hamidou Diallo : le visage du courage s’est éclipsé

Le visage de la lutte pour le respect et la prise en charge décente des hémodialysés s’est éclipsé, mais son héritage transcende le cercle des seuls malades du rein. El Hadji Hamidou Diallo nous a appris que le courage n’est pas une affaire de biceps, encore moins d’insolence. Que l’on peut porter un combat sans verser dans le prosaïsme d’un langage virulent et irrespectueux. Que l’on peut, sans compromission, dire la vérité tout en défendant son droit. Que les menaces ne font reculer que ceux qui n’ont pas un idéal pour lequel ils se battent. Que l’on peut, malgré le fait de marcher sur la corde raide de la mort imminente, garder toute sa foi en l’humain et tout son amour pour son pays. Il est des hommes que même la mort ne peut faire plier : ils se savent incarner des valeurs qui ne meurent jamais.

Sartre a dit que la mort est en un certain sens constitutive de notre liberté, et ce pour trois raisons. D’abord parce que si la mort n’existait pas les choix qui sont l’expression de notre liberté pourraient être épuisés et la vie n’aurait plus de sens pour celui qui aurait tout fait. Ensuite, parce que l’ignorance du temps de la mort ne nous empêche pas de faire des projets à moyen et long termes : nous sommes indifférents par rapport à la mort. Enfin, la certitude de mourir un jour (dont nous ignorons la survenue) nous presse à faire des choix, car si la mort n’existait pas, je pourrai faire le bac 100 fois : par conséquent je pourrai ne pas sélectionner mes priorités. J’ajouterais volontiers une quatrième raison : même se sachant mourir demain, les hommes se battent pour leurs idées, pour rendre le monde meilleur, pour réduire l’injustice et le mal. El Hadji Hamidou Diallo est incontestablement de ceux-là.

Malgré la maladie, malgré les pressions, Monsieur El Hadji Hamidou Diallo n’a jamais fléchi : il pouvait bien chercher à se tirer d’affaire, à sauver sa propre vie. Mais il a choisi de se battre pour la justice, pour le droit. La situation des hémodialysés est insupportablement injuste : la communauté ne communique pas assez sur leur sort. El Hadji Hamidou Diallo s’est battu pour que la lumière de la vérité chasse les ombres de la dissimulation. Les hémodialysés ont perdu non un des leurs, mais un père, une voix, un confident. Ma collègue Madame Coumba Thiam qui se bat bénévolement, et dans la discrétion totale, a perdu un partenaire, une colonne dans le dispositif de son entreprise philanthropique.

Mais heureusement que les idées ne meurent pas, que la seule chose qui meurt vraiment en nous est la partie la plus exigeante, mais pas la plus importante. L’âme n’a besoin que d’elle-même pour se nourrir. Les idées se nourrissent d’idées, et c’est pourquoi même quand le corps les trahit, elles subsistent encore. C’est par leurs idées que les morts communiquent la vie aux vivants. Car la vie humaine sans les idées est au même niveau que le minéral. El Hadji Hamidou Diallo nous a montré que le seul véritable ennemi de l’homme est le désespoir qui inhibe. Que son âme réside au Paradis et que son combat soit une énergie salvatrice.

Alassane K. KITANE

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